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Le vrai et la preuve

Publié le 19/08/2013

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Pascal dit la même chose : « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais aussi par le cœur. C'est de cette dernière sorte que nous connaissons les principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essaie de les combattre. «

Nous « sentons « que le tout est plus grand que la partie, ou que les nombres sont infinis : « les principes se sentent, les propositions se concluent, et le tout avec certitude mais par différentes voies «. C'est pourquoi Pascal écrit que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point « : car le cœur, faculté des principes, est ce qui donne à la raison le fondement ou le point de départ de toutes ses démonstrations, auxquelles elle ne saurait accéder par elle seule.

Les premiers principes en ce sens sont des vérités qui se connaissent sans preuves.

C'est ce que Platon montre dans l'allégorie de la caverne. On y voit bien que le philosophe qui après avoir découvert le monde réel et lumineux qui est hors de la caverne, redescend pour le faire connaître aux autres, a du mal à se faire comprendre. Car les autres, toujours prisonniers de leur monde illusoire, le trouvent particulièrement inadapté aux exigences de la vie pratique à l'intérieur de l'obscure caverne.

« Mais par quels types de preuve peut-on rendre compte des vérités d'ordre métaphysique? Il est évident, nous venons de le montrer que cela ne peut pasêtre des preuves du même type que celles des sciences expérimentales, ni des mathématiques.

Y-a-t-il d'autres preuves que celles utilisées dans lessciences dites exactes qui permettraient de donner aux idées métaphysiques un contenu qui permet de les distinguer de simples opinions incertaines etchangeantes? On voit bien que s'il est vrai qu'il y a des vérités qu'on ne peut pas prouver comme les vérités métaphysiques cela ne veut pas dire qu'on n'a pas besoin deles prouver.

Car on voit bien que le philosophe souffre de ne pouvoir les prouver.

Et l'histoire de la philosophie montre que le philosophe peut souffrirjusqu'à en mourir puisque c'est précisément ce qui est arrivé à Socrate.

Socrate n'a pas pu prouver à ses concitoyens son innocence par le discours et ladémonstration théorique.

Certes il a essayé de le faire, il s'est défendu comme le montre Platon dans l'apologie de Socrate.

Mais il a quand même étécondamné à mort pour impiété et corruption de la jeunesse.

Cependant dans le Phédon , Platon montre que Socrate a accepté cette condamnation avec untel courage et une telle sérénité qu'on peut considérer qu'il a apporté par là un autre genre de preuve, la preuve par l'exemplarité de sa conduite.

On lit eneffet dans le Phédon que Socrate est mort entouré de ses amis, leur expliquant calmement que cela ne sert à rien de pleurer car la mort du corps n'est pascelle de l'âme et que surtout il vaut mieux subir l'injustice que de la commettre.

N'y a-t-il pas d'exemple plus parlant plus profond, plus convaincant del'existence de tout ce que les discours scientifiques ne peuvent prouver, c'est à dire de la justice, du bien de l'immortalité de l'âme et de la liberté?On ne peut s'empêcher de penser à ce propos à Kant qui reconnaît lui aussi l'intérêt de la réflexion métaphysique sur les causes premières de touteschoses, comme par exemple l'existence de Dieu ou de l'âme.

Mais il montre aussi à travers ses « antinomies de la Raison pure», que les questionsmétaphysiques aboutissent à des réponses contradictoires dont chacune semble également pouvoir être démontrée : parce qu'elles portent sur des absolus,et sur des termes qui ne sauraient avoir de preuves empiriques, les propositions métaphysiques demeurent « indécidables », c'est-à-dire qu'elles peuventêtre aussi bien vraies que fausses, que l'on ne peut « décider » ultimement de leur valeur de vérité.

Ce sont donc des vérités qui ne peuvent êtreprouvées.

Mais elles n'en sont pas moins des vérités parce qu'elles acquièrent un contenu en tant qu'elles donnent sens à la vie morale.

Donc bien que nepouvant être prouvées elles ne sont pas pour autant des concepts vides et sans intérêt.

En donnant sens à la vie morale les vérités de foi n'ont rien à voiravec de simples opinions subjectives et changeantes.

Elles sont beaucoup plus profondes car elles ont pour enjeu le sens et la dignité de la vie humaine. Nous pouvons donc conclure par l'affirmative à la question de savoir si toute vérité a besoin d'être prouvée.

Toute vérité a besoin d'être prouvée à défautde quoi elle peut être confondue avec une simple opinion illusoire et trompeuse.

L'exigence de la preuve est nécessaire pour discerner le vrai du faux.Cependant il faut distinguer plusieurs sortes de preuves et plusieurs manières de raisonner selon la matière sur laquelle on réfléchit.

La manière deraisonner dans les sciences expérimentales n'est pas la même qu'en morale et en métaphysique.

Faute de faire cette distinction on risque de penser qu'iln'y a de vérité que démontrables scientifiquement, ce qui revient à reléguer dans le domaine de l'illusion des vérités pourtant fondamentales sans lesquellesl'homme pourrait peut être vivre comme un animal mais non comme un homme.. »

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