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L'éducation donnée à l'enfant et à l'adolescent permet-elle ou empêche-t-elle la liberté de penser ?

Publié le 01/02/2004

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Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? 1784. « L'État qui enlève aux hommes la possibilité de communiquer publiquement leurs pensées leur ôte en même temps la liberté de penser. » Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée?, 1786.Pour Kant en effet, nous pensons d'autant plus librement que nous avons accès à la pensée des autres et que nous pouvons publiquement leur faire part de nos propres pensées. Où il n'y a pas de liberté d'expression, il n'y a pas de liberté de penser. « Non seulement cette liberté [de juger] peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'État, mais même on ne pourrait la supprimer sans détruire la paix de l'État et la piété. » Spinoza, Traité théologico-politique, 1670. « S'il était aussi facile de commander aux esprits qu'aux langues, aucun gouvernement ne se trouverait jamais en péril et aucune autorité n'aurait besoin de s'exercer par des moyens violents.

 

Analyse du sujet : l  Le sujet propose une alternative : 1.      Soit l’éducation permet la liberté de penser (ou même est précisément ce qui permet la liberté de penser, il faudra se le demander plus tard). 2.      Soit elle l’empêche. l  On note donc que, en aucun cas il n’est considéré que l’éducation peut n’avoir aucune influence sur la liberté de penser. l  Ou, plus précisément, comme nous l’avons vu, la première solution peut se comprendre différemment selon le sens donné à « permettre « : 1.      Ou bien on considère « permettre « dans un sens faible, et on le prend comme voulant dire « n’empêche pas « ; 2.      ou bien on le prend au sens fort, comme « étant la condition « nécessaire à la liberté de penser. Cette deuxième condition pourrait encore se diviser en deux : 1.      l’éducation est une condition nécessaire, mais non suffisante à la liberté de penser (c’est-à-dire qu’il faut recevoir une éducation pour pouvoir penser par soi-même, mais qu’il faut aussi autre chose, que cela ne suffit pas) ; 2.      l’éducation est la condition nécessaire et suffisante à la liberté de penser (il faut recevoir une éducation et c’est l’unique condition requise). l  Par ailleurs, il faut se demander ce que l’on entend par « éducation «. Éduquer et instruire, est-ce la même chose ? L’un est-il plus vaste que l’autre ? Les deux ne se recoupent-ils que partiellement ? l  Reste enfin le dernier élément du sujet : « à l’enfant et à l’adolescent «. Le sujet exclut donc ce que l’on peut apprendre à l’âge adulte, âge auquel, précisément, on est considéré comme suffisamment mûr pour penser par soi-même. Le terme « éducation « n’étant généralement pas appliqué aux adultes, la précision ne semble pas être d’une grande importance. Problématisation : L’éducation est toujours une contrainte : il s’agit d’apprendre à l’enfant à ne pas se comporter uniquement selon ses désirs. Cette éducation n’entrave-t-elle pas, de ce fait, la liberté de l’enfant ? En particulier, on apprend à l’enfant, en plus des comportements qu’il doit approuver ou désapprouver, les raisonnements qu’ils doit considérer comme rationnels. Cela ne limite-t-il pas, voire n’empêche-t-il pas sa liberté de penser, non seulement sur le moment, mais également quand il aura atteint l’âge adulte ?

 

« l Reste enfin le dernier élément du sujet : « à l'enfant et à l'adolescent ».

Le sujet exclut donc ce que l'on peut apprendre à l'âge adulte, âge auquel, précisément, on est considéré comme suffisamment mûr pourpenser par soi-même.

Le terme « éducation » n'étant généralement pas appliqué aux adultes, la précision nesemble pas être d'une grande importance. Problématisation : L'éducation est toujours une contrainte : il s'agit d'apprendre à l'enfant à ne pas se comporter uniquement selon sesdésirs.

Cette éducation n'entrave-t-elle pas, de ce fait, la liberté de l'enfant ? En particulier, on apprend à l'enfant,en plus des comportements qu'il doit approuver ou désapprouver, les raisonnements qu'ils doit considérer commerationnels.

Cela ne limite-t-il pas, voire n'empêche-t-il pas sa liberté de penser, non seulement sur le moment, maiségalement quand il aura atteint l'âge adulte ? Proposition de plan : 1.

L'éducation nous conditionne à penser certaines choses. a) On nous interdit certains comportement et certaines opinions. L'éducation nous apprend ce qui est bien et ce qui est mal.

Mais le fait même qu'il soit nécessaire denous l'apprendre montre que c'est pour nous une contrainte.

Plus grand, nous considérerons comme bienou mal ce qu'on nous a appris à considérer de cette façon.

Ce jugement sera-t-il cependantvéritablement le nôtre, ou n'aurons-nous pas perdu notre liberté de penser, notre faculté à juger parnous-mêmes.

À DÉVELOPPER . b) On nous apprend des choses qui peuvent influencer notre pensée. Texte : Descartes, Méditations métaphysiques, première méditation, traduction Florence Khodoss. « Il y a quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j'avais reçu quantité defausses opinions pour véritables, et que ce que j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, nepouvait être que fort douteux et incertain ; de façon qu'il me fallait entreprendre sérieusement une foisdans ma vie de me défaire de toutes les opinions que j'avais reçues jusques alors en ma créance, etcommencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et deconstant dans les sciences.

» Texte : Descartes, Discours de la méthode, première partie. « Et ainsi encore je pensais que, pour que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'ilnous a fallu longtemps être gouverné par nos appétits et nos précepteurs, qui étaient souvent contrairesles uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseillaient pas toujours le meilleur, il estpresque impossible que nos jugements soient si purs, ni si solides qu'ils auraient été, si nous avions eul'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n'eussions jamais été conduitsque par elle.

» Transition : Mais renoncer à l'éducation, sinon en général, ce qui mettrait en danger la vie des enfants (même les animauxéduquent leurs petits), du moins pour ce qui est de la pensée, n'est-ce pas renoncer à pouvoir vivre ensemble ?N'avons-nous pas besoin d'une homogénéité minimale de pensée au sein d'une société ? 2.

Elle est un phénomène social. a) Nous sommes influencés par la société. Texte : Durkheim, Règles de la méthode sociologique , chapitre I. « Ainsi, dans une assemblée, les grands mouvements d'enthousiasme, d'indignation, de pitié qui seproduisent, n'ont pour lieu aucune conscience particulière.

(...) Alors même que nous avonsspontanément collaboré, pour notre part, à l'émotion commune, l'impression que nous avons ressentie esttout autre que celle que nous eussions éprouvée si nous avions été seul.

» Texte : Durkheim, Règles de la méthode sociologique , chapitre V, §2. « Cette pression, qui est le signe distinctif des faits sociaux, c'est celle que tous exercent sur chacun.

» Texte : Durkheim, Règles de la méthode sociologique , chapitre I.. »

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