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L'égalité des droits a-t-elle pour condition l'égalité économique ?

Publié le 27/02/2008

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Ce sujet nous invite à confronter deux domaines très différents. Si nous avons pu voir que l'égalité est bien une des conditions de l'égalité des droits, dans un régime démocratique (grâce notamment au caractère neutre et impartial, à sa façon, du moyen d'échange qu'est l'argent), nous avons vu également s'opérer certaines oppositions. Le monde du droit peut difficilement se satisfaire d'une anarchie dans le monde économique, où les forts n'auraient aucune limite pour exploiter et écraser les plus faibles. " semble que le monde économique soit foncièrement inégalitaire, et vouloir qu'il contribue à l'égalité des droits, c'est envisager sa suppression.

 

Toutefois, l'économie est aussi porteuse d'un autre idéal essentiel dans toute démocratie: la liberté. Or, celle-ci ne peut, paradoxalement, ni exister sans égalité et, à la fois, sans inégalité. La liberté, comme possibilité d'agir, doit être un droit égal pour tous, mais une égalité parfaite rendrait impossible les différences, c'est-à-dire les libertés de chacun. L'égalité des droits n'est donc pas entièrement fonction de l'égalité économique, même si l'inégalité doit être modérée. L'homme doit faire preuve de vigilance, pour surveiller le degré d'inégalité dans le cadre économique, mais aussi pour éviter que celui-ci ne recouvre tout le champ de nos activités.

 

« opposition à la seconde dès l'origine.

II.

Les droits (formels) créés pour pallier les inégalités de fait A.

Le caractère naturel des échanges économiques ne conduit-il pas à « la guerre de tous contre tous » ? Les différences entre le politique et l'économique sont en effet importantes.

Les droits politiques sont formels, là oùl'économie gère des biens matériels, et les droits possèdent un caractère conventionnel qui s'oppose aux faitséconomiques.

De cette différence peut découler une rupture dans les comportements.

Car une situation de faitrevient à une situation où chacun, par sa propre liberté, peut tenter de se servir de tous les moyens en sapossession pour arriver à se satisfaire.

De cette manière, nous débouchons sur ce que Hobbes appelle « la guerre detous contre tous" : chacun veut satisfaire ses propres besoins et ses propres désirs, et voit dans autrui et sesdésirs équivalents un risque pour lui-même et sa propre sécurité.

Ainsi, l'autre représente une menace potentiellequ'il faut toujours devancer avant qu'elle ne puisse surgir la première.

Nous assistons à une guerre préventive etsans limite, qui n'est pas uniquement d'ordre économique.Pour pallier cette situation d'insécurité permanente, il faut que les hommes se promettent, dans un contrat, derenoncer à une partie de leur liberté pour obéir à celui qui va les représenter, qui est l'État.

Celui-ci promulgue leslois, qui ont pour but de protéger et de satisfaire l'ensemble des citoyens.

Les droits sont donc créésartificiellement, et viennent lutter contre des situations de faits où règne la « loi du plus fort », Les droits politiquessont là pour remédier à ces inégalités de fait.

B.

l'égalité des droits suppose la suppression de la thésaurisation Cette opposition entre le monde de l'économie et le monde politique se retrouve dans une tendance inévitable, si onen croit Marx, au système capitaliste, et qui est la thésaurisation.

En effet, nous passons avec la scienceéconomique, que des auteurs comme Adam Smith ont contribué à forger, de la valeur d'usage à la valeur d'échange.La production n'a plus vraiment pour but de satisfaire des besoins réels, mais de faire du profit.

Or, cette course à laproductivité va entraîner une divergence d'intérêt, et une inégalité, entre les propriétaires des biens de productionet les travailleurs.

Les premiers vont avoir pour objectif de faire travailler le plus possible, en versant le salaire leplus bas possible.

Les ouvriers vont être mis en compétition les uns avec les autres, ainsi qu'avec les machines.

Ilsvont devoir s'aligner sur le temps de production moyen nécessaire pour l'obtention d'une marchandise (le capitalistechoisissant une moyenne la plus élevée possible), et l'ouvrier va devoir suivre le rythme des mécanismes du travail àla chaîne.

Là où l'entrepreneur va s'enrichir de plus en plus, l'ouvrier va voir sa valeur diminuer de façonexponentielle.Un État de droit, purement formel, qui ne vient pas intervenir sur ces conditions matérielles, ne peut empêcher, etrisque même de cautionner un tel état de fait, à savoir l'accroissement des inégalités.

Ici, l'égalité économique nepeut permettre une égalité des droits, tout simplement parce que l'économie n'est que la source des inégalités.

Ils'agirait donc, purement et simplement, de supprimer le monde de l'économie, pour parvenir à une égalité des droits,c'est-à-dire pour Marx d'instaurer le communisme.

C.

l'idée du communisme n'est-elle pas une menace pour les libertés?L'idée du communisme, c'est en effet d'abolir la propriété privée, source d'inégalités, afin de parvenir à une sociétéoù il en irait « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Il s'agirait d'une égalité où chaquesubjectivité serait prise en compte, égalité qui serait de fait et pas seulement de droit.Mais cet idéal pose un certain nombre de difficultés lorsqu'il s'agit, justement, de le traduire dans les faits.

Car une égalité parfaitedes droits (qui comme tels seraient abolis dans leur caractère formel et abstrait) ne fait-elle pas peser des menaces sur leslibertés? Les réalisations des régimes qui se sont proclamés du communisme, dans l'histoire, n'ont-ils pas donné lieu à denouvelles formes de dictatures? C'est qu'un État, ou un gouvernement, qui se prétend communiste, c'est-à-dire qui parle au nom dupeuple, peut-il accepter les critiques? S'il est la vérité du peuple, rien ne peut venir le contester.

L'égalité annoncée devientimposée, et devient la seule norme de comportement et de pensée possible.

Autrement dit, ce sont les libertés qui disparaissent,au sens où justement elles rendent difficile de concevoir une égalité parfaite entre les hommes (selon quel critèrecommun 7).

Certes, Marx n'aurait pas souscrit à ces régimes qui mettent en avant un État tout puissant, l'Étatétant l'une des choses à abolir en priorité pour l'auteur du Capital.

Mais alors il faudrait pouvoir imaginer une sociétésans État, forme de gestion qui reste encore à inventer en Occident.L'égalité des droits semble donc peu compatible avec ce qui se fait dans le monde de l'économie.

Ce qui peut êtreremis en cause, ce n'est pas tant que l'égalité économique y contribuerait, mais c'est plutôt que la gestion del'économie soit facteur d'une égalité possible.

L'égalité politique se distingue de l'inégalité des échangeséconomiques, et les droits se présentent souvent pour corriger cette dernière.

Pour parvenir à une égalité enéconomie, il faudrait supprimer celle-ci, si nous suivons ce que dit Marx, et sans doute aussi faudrait-il supprimer lanotion de droits pour trouver une égalité politique possible.

Mais s'agit-il d'atteindre à une égalité parfaite, dans uncas comme dans l'autre ? Ne faut-il pas accepter un minimum d'inégalité, pour que l'économie conditionne uneégalité politique ? III.

La justice sociale présuppose une inégalité modérée A.

L'intérêt du caractère général et abstrait du droit Le caractère général, abstrait et formel du droit est fortement critiqué par Marx, qui y voit l'impossibilité de remédieraux inégalités de fait.

Au contraire, un théoricien du libéralisme comme Friedrich A.

Hayek y voit l'assurance de nos. »

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