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L'égalité des droits suffit-elle à fonder une société juste ?

Publié le 27/03/2004

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L'idée d'une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est soumise à une tension interne, du fait de la présence de deux notions antagonistes : l'homme et le citoyen. En effet, l'égalité entre les hommes est indissociable de l'idée d'universalité ; à l'inverse, l'égalité entre citoyens renvoie à une égalité historiquement ou géographiquement déterminée, au fait, par exemple, d'être né dans tel ou tel État démocratique. Tel est le cas de la citoyenneté grecque, qui fait de l'égalité une qualité discriminante, propre aux cercles des citoyens. Rappelons que dans la Grèce antique ne sont pas citoyens les étrangers, les esclaves, les femmes, les travailleurs, etc. Cette scission se trouve résumée dans la théorie des deux égalités que Platon propose au livre VI des Lois.

L’égalité, sur le plan moral et politique, est un principe en vertu duquel des êtres possédant un même attribut doivent être traités identiquement pour tout ce qui regarde l’exercice de cet attribut. En ce sens, l’article VI de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen fixe les modalités d’application de ce principe sous la forme de l’égalité juridique – c’est l’égalité de tous les citoyens devant les prescriptions de la loi ; celle-ci « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse « – et de l’égalité politique, c’est le droit de tous à participer à la formation de la loi et à l’exercice des fonctions publiques.

De ce point de vue, l’égalité des droits semble pouvoir fonder une société juste, c’est-à-dire égalitaire sur le plan moral et politique. Toutefois, la justice n’est pas que morale ou politique, mais également sociale. En ce sens, quelle justice l’égalité de droit des citoyens permet-elle de fonder ? Dès lors l’égalité des droits pourrait bien permettre de fonder une société juste, mais, à elle seule, ne suffirait pas. Pour comprendre cela, nous devrons distinguer ce qui est nécessaire et suffisant, de ce qui est nécessaire, mais non suffisant.

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