LEIBNIZ: Descartes et le mouvement...
Publié le 22/02/2012
                            
                        
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                                                                    fin du texte) se présente tout naturellement comme un 	bilan : 	Leibniz	y souligne tout ce que l'on 	gagne à perdre, 	si l'on peut dire, certaines habitudes de pensée (à se	débarrasser de notions superflues, ou à renoncer à des facilités trop commodes).
3.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'il est un point tout à fait central dans ce texte, qui appelle donc quelques éclaircissements, c'estbien cette «  métaphysique  de la force » absente de  la philosophie cartésienne  — d'où, pour  Leibniz,l'indispensable  formulation d'une restriction.
                                                            
                                                                                
                                                                     Et pour  commencer, que  signifie ce transfert de  la force,cette réalité apparemment si physique, dans un ordre de la métaphysique? Quelles en sont les raisons, lesjustifications,  mais aussi  les conséquences  dans la philosophie  de Leibniz,  pour la cohérence  de sonsystème?
Redisons d'abord qu'il ne s'agit pas pour Leibniz de nier l'irremplaçable utilité de 	l'explication mécanique : 	il	n'y a pas d'autre moyen de connaître les causes des choses matérielles; ni d'ailleurs son universalité :tous les phénomènes particuliers de la nature pourraient être expliqués mécaniquement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il n'y a donc pasde physique (de science de la pesanteur, du choc, de l'élasticité, ou du magnétisme) sans lois généralesde la nature,  autrement  dit sans principes  mécaniques  : c'est la seule façon  d'échapper aux illusionscontenues dans les explications  purement 	formelles 	produites jusqu'ici, moyennant  diverses qualités	occultes 	(auxquelles, il faut le rappeler, Descartes s'était déjà attaqué), par les Anciens, les Scolastiques,	voire les Newtoniens (avec leur « attraction »).
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais la mécanique, si elle permet de formuler de façonadéquate  les rapports  de causalité  entre choses  matérielles,  ne rend  pas raison  pour autant  del'efficience 	de la cause : c'est tout le problème.	
Comment  expliquer qu'un corps  matériel 	agisse  ou réagisse 	(si la matière,  selon son acceptation	traditionnelle, est purement passive)? Plus radicalement : comment expliquer que, de la matière, puissenaître du mouvement; et encore : que du mouvement puissent naître toutes les différences qui font lesparticularités 	des phénomènes? Il s'agit précisément d'aller 	au fond 	des choses, et ce pourrait être la	définition de la métaphysique selon Leibniz : donner à voir le 	dehors des phénomènes à 	partir du 	dedans	des substances 	(ce qui exige qu'on conçoive celles-ci préalablement à toute physique).
                                                            
                                                                                
                                                                    Descartes l'a bien	tenté; son erreur réside toutefois dans la version qu'il a donnée de la matière (« dont la nature consisteen cela seul qu'elle est étendue »), ou aussi bien de l'étendue (qui « en longueur, largeur et profondeur,constitue la nature de la substance corporelle	 »).
                                                            
                                                                        
                                                                    	En identifiant ainsi l'objet de la physique à l'objet de la	géométrie, Descartes a sans doute contribué à faire de la physique une science de la quantité — maispeut-on comprendre l'action par les 	abstractions 	de la grandeur, de la figure et du mouvement? Il s'est	certainement donné  les moyens de 	déduire 	les effets des causes,  en physique,  avec la même sûreté	qu'en mathématique,  les conséquences  des principes  — mais  la nécessité  physique est-elle 	absolue	(comme la nécessité mathématique, entièrement déterminée par le seul principe de contradiction)?
Leibniz, en fait, a de bonnes raisons de s'opposer à Descartes : d'abord, au plan même où celui-ci s'estplacé, on peut  mathématiquement  démontrer que ce qui  se conserve,  ce n'est  pas la quantité  demouvement 	mv 	(comme le  voulait Descartes)  mais la quantité de force vive mv	2 (que Leibniz appelle	encore la quantité de puissance active), ce qui indique qu'il y a concrètement, dans la nature, une autreessence  du mouvement,  un autre  sens de l'inertie.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ensuite,  même si leurs  notions  n'expliquent  rien,Paracelse et  son archée, Marci  de Kronland et ses idées opératrices, les  Scolastiques et leurs formessubstantielles expriment une même  intuition  : celle  d'une  matière 	vivante, 	douée  d'énergie  et de	,spontanéité  (tels ces corpuscules  animés, les infusoires,  que le microscope  révèle au naturalisteLeeuwenhoek).
                                                            
                                                                                
                                                                    La raison et l'expérience portent donc à postuler inhérente à la matière la force même oula puissance d'agir, que Leibniz appelle encore « 	entéléchie première » 	(d'un terme emprunté à Aristote)	et qu'il définit (dans un opuscule un peu plus tardif : 	De la Nature en elle-même, 	1698) « la force motrice	primitive qui s'ajoute à l'étendue (ou à ce qui est purement géométrique) et à la masse (ou à ce qui estpurement matériel) et qui agit toujours ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, ce « quelque chose en plus » vient qualifier, pour Leibniz,la « matière première)) (passive) en « matière seconde » (active), et par son unité distinctive avec lamatière, individualiser les substances en 	monades.	
Imprimée en celles-ci par un « décret divin », cette force ne requiert plus (comme c'est le cas chez R.Fludd) l'intervention constamment extraordinaire de Dieu pour expliquer l'ordinaire de la nature.Intermédiaire entre la puissance nue et l'acte, elle est effort pour exister (en quelque sorte désir del'effet), d'où peuvent se tirer les lois du mouvement (c'est-à-dire une 	Dynamique) 	et les phénomènes des	corps.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est par là qu'elle permet le passage de la métaphysique à la nature (de la profondeur à lasurface, des essences aux existants) et, réciproquement, des choses matérielles (les corps, lesphénomènes) aux choses immatérielles (l'âme de chaque substance).
                                                            
                                                                                
                                                                    Bref, dans la métaphysique de laforce s'opère effectivement le renversement que Leibniz fait subir au cartésianisme : loin que l'étenduesoit substance, elle n'est qu'un être d'imagination qu'engendrent les perceptions (plus ou moins confuses)et les appétitions des substances mues par leur force, au contact les unes des autres.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est pourquoicette métaphysique exige (ce pourquoi aussi elle est métaphysique) qu'on se déprenne de l'imaginationpour se représenter la force : on ne peut que concevoir celle-ci quand on l'attribue à la substance —dépourvue d'étendue.
                                                            
                                                                                
                                                                    
4.
                                                            
                                                                                
                                                                    Au-delà, on voit comment il faut comprendre la métaphysique « en général » : comme une recherche.
                                                                                                                    »
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