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L'ENCYCLOPÉDIE AU XVIIIe siècle

Publié le 28/06/2011

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Un critique écrivait jadis que l'Encyclopédie avait été la grande affaire du temps, le but où tendait tout ce qui l'avait précédée, le vrai centre d'une histoire des idées au xviiie siècle. Du point de vue européen, cette affirmation est excessive, mais il est certain que née d'un modèle anglais, ayant reçu à Paris sa forme définitive, invitée à émigrer en Suisse, en Prusse, rayonnant sur les pays les plus divers, reproduite et imitée, l'Encyclopédie est une des forces représentatives de l'Europe. Science et vulgarisation, voilà ce qu'elle veut être à la fois, et voilà ce que nous n'admettons plus aujourd'hui. Elle représente donc d'abord le mouvement de diffusion qui est conforme à la volonté de l'époque des lumières. De même que celle-ci, en matière de pensée, ne craint pas d'associer la notion de philosophie à la notion de peuple — la Populärphilosophie —, de même en matière de connaissance, loin d'écarter les profanes, elle les appelle. Le réservé, le difficile, le secret, ne sont pas de son goût ; et cette route encore conduit de l'aristocratie des esprits à la bourgeoisie éclairée qui, plutôt que de vouloir pénétrer le secret des choses, s'empare du monde. « L'œuvre encyclopédique est la prise de possession par les philosophes du xviiie siècle d'un monde qui en lui- même restera inconnu, et qu'ils acceptent comme tel, renonçant à saisir sa réalité profonde. Ils se borneront sagement à amasser des faits, pour les ranger ensuite dans un ordre encyclopédique.

« façon la plus superficielle et souvent la plus sotte...

Si, au lieu de fréquenter les collèges il est mis entre les mainsd'un précepteur, mi-cuistre et mi-laquais, son ignorance n'en devient que plus profonde, sa moralité que plusdouteuse.

Ce précepteur l'habitue à l'envie et à la malice, sous le nom d'émulation et de vivacité ; l'élève dans lacroyance que l'argent est de toutes les choses du monde la plus précieuse; le persuade de la supériorité d'un friponqui a du bien sur un homme de mérite qui n'a rien.

Étrange façon de faire travailler un élève : « On dicte un longthème à un enfant, il emploie deux ou trois heures pour le mettre en latin, voilà du bon temps pour le maître.

Il ne seplaint point de la longueur de sa tâche, surtout si on a la prudence de ne le gronder point pour les fautes dont il Tarempli, car il compose tout à son aise deux lignes, se repose, en fait deux ou trois autres, puis badine ; il retourneencore à son thème, mange quelques fruits, va causer avec un domestique, revient, joue, se bat avec soncamarade et arrive enfin par ces intervalles jusques au dernier mot.

Lorsque par hasard il rencontre dans quelqueslignes, on va crier miracle au père, les endroits où il a extravagué font rire, le nombre des corrections sert de preuveà l'attention du Précepteur, et quand tout le thème est mis au point, le père le regarde comme l'unique effet de lamain qui l'a écrit; et en voyant ainsi passer son enfant par où il a passé lui-même, il se sent renaître et rajeuniravec plaisir dans cette chère image.»S'il ne va pas dans une Académie, puis dans le monde, l'adolescent entre à l'Université : nouvelles infortunes.

Car ilne fait qu'écrire sous la dictée, sans rien comprendre.

On lui enseigne la scolastique, qui n'exerce jamais le jugementet charge la mémoire.

On lui pose des questions à la manière gothique : Perroquet mignon, quotuplex causa?Perroquet mignon, quotuplex idea ? De cent réponses possibles, le professeur considère qu'une seule est la bonne,celle dont il impose non seulement le sens, mais la forme.

C'est déclarer ouvertement la guerre au bon sens.

On nepeut pas, sérieusement, en plein XVIIIe siècle, appeler maître ès arts un homme qui ne sait que la grammaire latineet les règles du syllogisme in baroco.

S'il est vrai que la somme des lumières a augmenté depuis deux cents ans, etque « nous nous sommes éclairés au delà des espoirs et des imaginations des époques précédentes », il est vraiaussi que nous devons bouleverser la routine des collèges, des Académies, des Universités.

Ce raisonnement prendtous les jours plus de force et aboutit à quelques exigences positives.

Il faut que la substance de l'enseignement soit changée.

Mettons-nous bien dans l'esprit que les matières à étudieront été choisies quand elles n'intéressaient que les futurs clercs ; elles se sont étendues, telles quelles, à ceux quidevaient entrer dans le professorat, lequel se confondait avec la cléricature : aujourd'hui ce public-là n'est plusqu'une minorité.

Elles se sont conservées pour une bonne part à l'usage des futurs gentilshommes, riches et oisifs ;l'humanité ne comporte-t-elle pas d'autres classes ? Même les enfants de noblesse et de haute bourgeoisie,aujourd'hui, devraient apprendre un métier : cela les mettrait à l'abri de bien des vices, de l'orgueil, de la paresse,de la dissipation.

En tout cas, la grande majorité des hommes est obligée de gagner son pain ; que dès sa jeunesse,elle se tourne vers ce que Joseph Priestley appelle le business of active life.Dès lors, on réduira considérablement la part du latin : à quoi sert, dans l'existence, d'être un bon latiniste ? Peut-être ne faut-il pas supprimer entièrement cette discipline, bien qu'en fait le goût du latin se perde.

Si on la garde,qu'on trouve au moins des méthodes plus expéditives, qu'on ne perde plus sept années qui, pour la plupart desenfants, ne représentent que peines et que souffrances, à apprendre une langue morte! Le temps ainsi gagné, on leconsacrera beaucoup plus avantageusement à la langue du pays où l'on vit.

L'histoire aussi demande sa place, etmoins l'histoire ancienne que l'histoire politique de l'Europe, qu'ignorent, quand ils arrivent aux affaires, ceux quiauront à s'occuper du gouvernement.

L'étude de l'histoire entraînera celle de la géographie.

Bien entendu, on nesaurait négliger les sciences, et surtout les sciences naturelles à côté des mathématiques et de la physique.

Sur leslangues étrangères, on montre plus d'hésitation.

Certains conseillent d'introduire la morale naturelle, en commençantpar Grotius et par Pufendorf ; et le droit naturel.

Il en est qui poussent le souci d'une préparation pratique jusqu'àproposer l'apprentissage des arts mécaniques : il sera plus précieux à un jeune homme de savoir comment se fontles souliers qu'il porte, que de répéter Aristote.

Pourquoi n'y aurait-il pas dans l'enceinte du collège des outils dedifférentes sortes ? et autour du collège, des boutiques d'ouvriers ? Un exprès ferait mouvoir les machines à mesurequ'il les montrerait aux enfants, tisseranderie, imprimerie, horlogerie, et autres métiers.Il faut que l'esprit de l'enseignement soit changé.

Methodus erudiendae juventutis naturalis, écrit en 1752 Basedow,qui prélude à sa carrière de réformateur.

Etant entendu, une fois de plus, qu'il n'y a rien d'inné dans l'âme et quecelle-ci se développe par l'apport des sensations qui, peu à peu, se transforment en idées abstraites : l'éducationdoit se conformer à la loi de la vie psychologique; elle doit être progressive.

Au lieu de s'appliquer du dehors, etavec une rigueur plus ou moins déguisée, sur une âme en formation, elle suivra de l'intérieur les mouvements decette âme.

Les conséquences de ce principe sont incalculables.La créature sera digne d'intérêt dès son berceau.

Le père et la mère, au lieu de l'abandonner aux domestiques et dela négliger sous prétexte qu'elle n'a pas encore l'âge de raison, se pencheront sur elle pour diriger sondéveloppement.

Le père lui enseignera les bonnes mœurs par son exemple; avant que l'enfant sache même ce quec'est que la vertu, il lui confiera les germes de sagesse que l'avenir fera lever.

Le rôle de la mère ne sera pas moinsconsidérable ; il lui appartiendra de montrer combien cette même vertu est aimable et douce.

Tous deux réunisjoueront le rôle d'éducateurs avant que ne commence l'éducation.L'enfant aura un corps.

La façon dont on l'habille, dont on le couche, aura son importance; on surveilleraparticulièrement sa nourriture.

Car nous connaissons trop de ces petites filles qu'on laisse se bourrer de sucreries,de ces jeunes seigneurs qui assaisonnent de pickles tous leurs repas, qui prennent de bonne heure l'habitude del'ivrognerie; nous avons été souvent les témoins des indigestions qu'on guérit par des médecines qui sontquelquefois pires que le mal.

Ils boiront tant qu'ils voudront aux repas, mais entre les repas ils ne boiront jamais : ilsmangeront des viandes communes qui les feront robustes; ils éviteront les mets dont sortent des sucs qui imbibentles glandes du cerveau; ils se mettront à table avec leurs parents, sauf quand ceux-ci régaleront quelquecompagnie.

Ce corps, dont on suivra la croissance, gagnera souplesse et vigueur par des exercices physiques.

Il n'y. »

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