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l'enfance est-elle pour l'homme ce qui doit être surmonté ?

Publié le 21/07/2005

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L'épreuve sera douloureuse, et l'homme se trouvera souvent devant des apories. Donc, si l'enfance est pour l'homme ce qui doit être surmonté, il y aura épreuves. Et ceci seulement pour l'homme, qui diffère des animaux en cela que l'enfance n'est pas seulement un état biologique, où les adultes subviennent aux besoins nutritifs.Mais qu'est-ce que l'enfance ? Doit-elle être surmontée et selon quel critère?La plupart des philosophies ont condamné l'enfance comme étant le lieu des erreurs et des connaissances fausses. Descartes, en parlant de l'enfance comme lieu de malédictions, disait que nos nourrices étaient responsables du fait que nous étions des insensés, parce qu'elles nous ont fait croire que tout nous était acquis et que nous pouvions subordonner l'ordre du monde à nos désirs.  Descartes pose ici le problème crucial de l'éducation. L'enfance, lieu privilégié des imaginations débordantes, d'ambitions puériles mais déjà insensées, réclame une éducation destinée à la guider. L'éducation, dans l'absolu, serait donc une aide pour éviter, d'une part, à l'homme de devoir entretenir une tension avec son enfance, d'autre part pour le rendre sage dès son plus jeune âge, lui évitant ainsi des erreurs de jugement sur sa vie.

 

 

 

Comment penser l’enfance dans l'existence humaine? Ce qui doit être surmonté ou au contraire ce qu’il faudrait sauver pour s'accomplir pleinement ? L'enfance est-elle l'âge de l'innocence qu'il s'agit de préserver ou, au contraire, le temps de la naïveté dont il s'agit de sortir ?

« parfait.

La seule tâche, user des représentations, ne pas se préoccuper du passé, ni de l'avenir, temps où l'hommen'a aucune maîtrise, vivre simplement aujourd'hui.

« A toute heure du jour, fais ce qui t'incombe avec le sérieux d'unhomme exact et simple...

Tu y arriveras si tu fais chacun de tes actes comme si c'était le dernier de ta vie...

» ditMarc Aurèle philosophe stoïcien (Pensées, II, 5).L'enfant, l'insensé ne peut être sage, donc libre et heureux.

Parce qu'il veut changer les causes antécédentes;parce qu'il fait un usage insensé des représentations, ou bien, devant la moindre difficulté, appelle à l'aide.

D'autrepart, il n'a pas de conscience du temps, pas de maîtrise sur lui.

Il n'a pas la conscience du choix à faire.

Pour lesstoïciens, l'enfance est une étape à surmonter parce qu'elle n'est pas le lieu de la liberté, mais simplement un refuged'où l'enfant ou l'insensé contemple l'infini des possibles sans faire de choix, en voulant lutter contre des chosesimmuables, alors qu'il oublie sa véritable tâche.Pour éclairer cette notion de l'importance du choix, condition nécessaire à la liberté, et hors de portée de l'enfance,nous pouvons prendre l'exemple de la pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre, Les Mouches.

Oreste, jeune hommemais enfant, revient à Argos, sa ville natale, pour y venger son père, assassiné par Égisthe, amant de sa mère, etdésormais sur le trône à la place d'Agamemnon.

Jupiter veut l'empêcher d'assassiner Égisthe et Clytemnestre samère.

Mais Oreste prend la décision de le faire, sachant ce que ce choix implique, mais sachant aussi que ce choix,comme il le dit, c'est sa liberté; et que ce choix est aussi sanctionné par cette petite phrase : « ce matin, j'ai vuma jeunesse pour la dernière fois ».L'enfance, ici, est une étape surmontée.

En échange, le désarroi sans doute, mais aussi la liberté.Il y a un autre cas où l'enfance doit être surmontée;c'est un cas que Freud expose dans un texte abordant le thème : la religion est une illusion.

La religion, destinpsychique de l'homme, son apparition, trouve sa source dans la détresse infantile qui demande au père une aide etun secours.

Selon Freud, l'homme devenu adulte, n'ayant apparemment pas dépassé le stade de l'enfance, assailli comme le commun des mortels, c'est-à-dire chacun de nous, par descraintes, des angoisses, des questions sans réponse, aurait cherché unesécurité et une réponse dans un père, mais cette fois beaucoup plus puissant: Dieu.

En ce sens là, la religion est bel et bien une illusion puisque créée detoutes pièces pour les besoins de l'homme, et une connaissance fausse, etelle trouve sa source dans une enfance mal dirigée.

Si l'homme veut s'ensortir, il devra réagir avec raison contre ces angoisses, pas avec crainte,donc détruire un besoin de protection vital, surmonter une dépendance bienancrée en lui.Si nous poursuivons notre raisonnement en démontrant que l'enfance est bienl'étape à surmonter, en tant qu'elle est lieu d'erreurs, de passions, d'ambitionsvaines, et cause du malheur, nous pouvons aussi dire que d'un point de vuepolitique, il est indispensable que l'homme sorte d'un état d'enfance, qu'onpeut qualifier de primaire, pour arriver à l'âge de la réflexion.Dans le « Deuxième discours sur l'origine de l'inégalité » de Rousseau, l'auteurmontre que l'homme à l'état naturel, qui se contente d'une vie biologique,n'est animé que par les sentiments d'amour de soi et de pitié, est un hommebon, c'est-à-dire, et c'est cela qu'il faut comprendre, un homme nul, bête etborné.

Lorsqu'il va accepter le contrat, ruse des riches, contrat qui val'aliéner et le duper, il l'acceptera par intérêt vital, par peur d'une guerre, pourprotéger sa quiétude.

Seuls les sages l'accepteront en toute connaissance decause : ils préféreront perdre un bras plutôt que la tête.De même l'enfant : il y a toujours au-dessus de lui une autorité qui le mettra dans le « droit chemin », lui permettantde commettre des erreurs, jamais irréparables.

Apparemment, il n'y a pas de risque d'aliénation visible, mais en fait,bien que l'autorité, qu'elle soit paternelle ou politique, paraisse naturelle, ces hommes sont aliénés parce qu'ils n'ontpas conscience de leur nature, de leur condition, de leur liberté, condition nécessaire selon Rousseau qui l'établiradans le Contrat Social pour que l'homme soit un individu à part entière et puisse vivre au sein de la société, au sensle plus noble possible de l'expression.L'enfance, en respectant les limites de la définition, ne représente donc absolument pas la jeunesse de l'esprit,jeune en tant que fertile, fécond, ardent.

L'enfance n'est pas un état où l'esprit est ouvert à la nouveauté, a soif deconnaissance, où il se sculpte naturellement de la plus belle manière.C'est plutôt un état de peur, d'incertitude, de caprices.Néanmoins, puisque d'autres auteurs, employant le mot « enfance », l'ont loué, et en ont même fait une étapesuprême, il nous appartient de l'examiner sous un autre aspect, de voir s'il s'agit ou non de la même enfance, etpeut-être apporter une restriction à l'affirmation : oui, l'enfance telle que nous l'avons conçue précédemment estune étape à dépasser par l'homme.

Prenons tout d'abord, la définition qu'apporte Nietzsche à son mot « enfance ».

C'est au cours du texte des « Troismétamorphoses » qu'il expose sa thèse.

L'esprit subit trois étapes avant de parvenir à la liberté.

Il est d'abordchameau, c'est-à-dire qu'il porte le fardeau des valeurs et des traditions avec courage, mais sans jamais songer às'en débarrasser.

Il s'avance vers le désert et devient lion.

Le désert représente le nihilisme.

Le lion doute, remettout en cause, se trouve sans points d'appui solides.

Mais il représente la volonté, il tue le dragon symbolisant lebien-fondé absolu, intangible des valeurs sociales.

Libre désormais, il ne reste plus à l'esprit qu'à devenir enfant pourpouvoir créer.

Le lion avait refusé, détruit, l'enfant accepte, ouvre les bras, s'offre.On le voit, l'enfance n'est pas là une étape à surmonter, mais plutôt une arrivée à un but.

Mais, si l'enfance est icibel et bien le lieu de la création, ce n'est pas de l'enfance spontanée et primaire dont parle Nietzsche, c'est une. »

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