Les animaux travaillent-ils ?

« A.

Le «travail>> de l'animal domestique a) L'animal, moyen du travail humain: Le bœuf ou le cheval de trait fournissent de l'énergie, ils jouent le rôle de moteurs.

Ils peuvent sans dommage (c'est même plus rentable) être remplacés par une machine (par exemple un trac­ teur).

Quant au travail, c'est un homme qui l'accomplit.

Cela signi­ fie que le travail est une activité finalisée (cf.

texte 1 ).

effectuée en vue d'un projet.

L'animal est un moyen dont se sert le labou­ reur.

mais c'est ce dernier qui laboure, comme c'est le peintre qui peint la maison, non le pinceau.

b)Comparaison entre l'animal et l'esclave: Étant donné le statut de celui qui J'effectue, le travail de l'esclave peut être considéré comme la forme la moins humaine de travail.

Or l'homme, fût-il esclave, ne travaille que parce qu'il est capable de se représenter le but de ce qu'il fait.

L'esclave n'est pas par rapport au maître comme le marteau par rapport au menuisier, ou le bœuf par rapport au paysan.

Car Je martre, lui, ne travaille pas, et, dans une société esclavagiste, il a besoin d'un esclave pour manier le marteau ou pour conduire le bœuf ! Aristote qualifie l'esclave d'instrument animé: instrument, car il est un exécutant, mais animé, car il met en œuvre les ins­ truments inanimés que sont les outils.

Et Aristote précise juste­ ment que les maîtres n'auraient plus besoin d'esclaves s'il était possible à chaque instrument inanimé de mener à bien son œuvre propre, parce qu'il en aurait reçu l'ordre ou par pressentiment (volontairement).

Or pas plus que les marteaux, les animaux·ne « travaillent >> spontanément, il faut quelqu'un pour les mener.

Hegel va même jusqu'à trouver dans le travail de l'esclave, les traits spécifiques du travail humain.

Résultat d'une lutte, le travail est le fait de celui qui se soumet et sert l'autre.

En ce sens le travail est essentiellement servile.

Mais c'est justement parce qu'il est servile que le travail est une activité spécifique­ ment humaine: ayant à satisfaire les besoins d'un autre, l'esclave doit renoncer à la satisfaction immédiate de ses propres besoins, il doit transformer la nature pour y réaliser un projet.

Ce faisant, il accède à une humanité primitivement déniée par le maître.

On le voit: même dans l'esclavage, où l'homme est vendu comme un animal, la spécificité du travail humain demeure.

B.

Le «travail" de l'animal fabriquant un produit qu'il utilise a) Des analogies sont possibles avec le travail humain: la toile tissée par l'araignée ne ressemble-t-elle pas au travail du tisse­ rand? les cellules de cire de la ruche n'apparentent-elles pas. »