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les confessions

Publié le 25/11/2015

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Séance 1 – Les Confessions, p. 44-47 – Le peigne cassé Introduction Début du Livre I : roman familial ; le père quitte Genève ; tutelle de l’oncle Bernard ; pension à Bossey avec son cousin pour que le pasteur Lambercier fasse leur éducation (1722-1724). Premier aveu important : le plaisir (interdit) de la fessée. Le peigne cassé suit et met en parallèle les dents du peigne brisées et la brisure qui marque la sortie de l’enfance. Problématique : Comment cette scène fondée sur le renversement articule-t-elle la faute et la correction ? I. Au tribunal II. Le tribunal en procès III. Rousseau juge de Jean-Jacques Beaucoup d’emprunts à Lejeune, « Le peigne cassé », Poétique, n° 25, 1976, p. 1-29. I. Au tribunal A. Confronter les points de vue - Lambercier : accusation (« opiniâtreté », « diabolique entêtement ») - L’enfant (qui longtemps n’a pas la parole) : dénégation (« constance ») - Le narrateur adulte : clame l’innocence de l’enfant (« je déclare »). - §1 (« À qui […] mes protestations ») : interrogatoire mais absence des réactions de l’enfant ; c’est donc la perspective des Lambercier (« récit indirect libre » : P1 mais sans les informations en possession de cette P1). - §2 : nouvel interrogatoire dans lequel la voix de l’enfant commence à percer (la première phrase dit tout et les quatre suivantes ne font que la répéter). Les deux points de vue sont donnés : expression outrancière des Inquisiteurs adultes que le narrateur récuse en même temps qu’il la cite et vocabulaire venant tout droit de l’univers des héros de Plutarque et que le narrateur a bien l’air de prendre à son compte. - §3 : du récit au discours (« je déclare ») : coïncidence parole du narrateur / parole de l’enfant - §5 : le narrateur domine la situation et explique pourquoi l’enfant ne pouvait pas la dominer, excusant sa réaction violente. Après avoir dépassé le point de vue des Lambercier pour dévoiler celui de l’enfant, il prend du recul sur ce point de vue pour en justifier les limites. B. La sentence - §1 (« mais pour le coup […] longtemps ») : Corriger le fautif (en le punissant). La fessée n’est plus voluptueuse mais douloureuse et dispensée par quelqu’un d’autre que l’être aimé. - Rapport à la scène de la fessée établi dans le § de transition : « Qui croirait, par exemple, qu’un des ressorts les plus vigoureux de mon âme [dégoût de l’injustice] fût trempé dans la même source d’où la luxure et la mollesse ont coulé dans mon sang [goût pour la fess&e...

« « Quand, cherchant le remède dans le mal même, on eût voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n’aurait pu mieux s’y prendre.

Aussi me laissèrent-ils en repos pour longtemps » (mais pas à jamais, donc). C.

L’erreur judiciaire Corriger le passé (en clamant son innocence), c’est corriger une erreur judiciaire, mais c’est aussi corriger le présent (en dénonçant, par extension, le complot dont l’adulte est victime). - §3 : effet pathétique de la véhémence du narrateur : il est bouleversé et nous convainc de la tragédie que c’est de n’être pas cru sur parole.

Il a toujours peur de n’être pas cru.

Déclaration solennelle dans un style oral pour assurer le meilleur contact possible avec son destinataire et invocation à Dieu comme dans le préambule pour affirmer la transparence du récit autobiographique.

Allusion voilée aux calomniateurs qui ont pris le relais des Lambercier : toute sa vie, surtout après la condamnation de l’ Émile et du Contrat social , à mesure que la persécution le poursuit, Rousseau s’est dressé contre l’accusation injustifiée. - §4 : le narrateur cède sa place au lecteur dans la peau de l’enfant.

Le motif du procès a changé : Rousseau défend le droit à la révolte.

Il faut faire admettre cette révolte au jury (au lecteur).

Prétérition pour expliquer ce que l’enfant a ressenti tout en prétendant être incapable de l’expliquer.

Le procédé concilie sans invraisemblance les discours en apparence contradictoires de l’ analyse et de l’ émotion .

En se dissociant de l’enfant, le narrateur permet au lecteur de s’identifier à lui et il peut le présenter de manière abstraite pour finir par donner son sens à l’événement, celui de la première injustice, présentée comme un début absolu.

II.

L E TRIBUNAL EN PROCÈS A.

Piéger le récit - L’erreur de jugement des Lambercier repose sur un malentendu.

Pour le dissiper, répétition de la scène d’autrefois mais en construisant un narrataire qui passe de la position des Lambercier à celle de l’enfant.

Il n’annule donc pas le malentendu mais fait émerger la parole victorieuse refoulée depuis l’enfance et réactivée par la persécution actuelle.

L’écriture est un leurre car elle ne restaure pas la communication qu’elle prétend réparer.

- Le paragraphe de transition entre la fessée et le peigne cassé programme la lecture.

Silence volontaire sur l’injustice et le malentendu pour en réserver la révélation dans le récit à venir alors qu’un lien est annoncé entre la fessée et un trait de caractère fort de Rousseau. - §1 : récit en apparence complet (dégât, procès, punition) mais qui comporte deux manques : comment fut trempé le « ressort vigoureux » évoqué dans le paragraphe de transition et surtout que pense le principal intéressé qui n’a pas eu la parole ? - Le dégât (les trois premières phrases) : style de procès-verbal (faits) mais ce récit des apparences est truqué.

Paralipse (ellipse sur un élément constitutif de la situation par le narrateur) qui est source d’ambiguïté : le narrateur ne dit pas que l’enfant a touché au peigne (l’innocence doit être évidente – cela inverse ce que suggèrent les apparences !) ; le narrateur ne dit pas non plus que l’enfant n’a pas touché au peigne (parce qu’il reproduit la perspective des Lambercier : nécessaire culpabilité).

Ce malentendu, définitif dans la réalité, ne peut être que provisoire dans le récit.

2. »

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