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Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereuses que les mensonges ?

Publié le 10/03/2005

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Une méthode philosophique

* Le doute devient alors méthode philosophique. Il n'est pas ce qui menace la rationalité, mais ce qui permet d'accéder à elle. Pour cela, il est nécessaire de douter de façon systématique, radicale, afin de se défaire de toutes les opinions reçues, celles du sens commun comme celles des savoirs qui se prétendent scientifiques, et de parvenir, si possible, à une vérité fondamentale. Un tel doute porte consciemment même sur ce dont «on ne peut pas raisonnablement douter". (par exemple que nous avons un corps), même sur ce dont l'examen, selon les mots de Fénelon, «fait que malgré soi on rit au lieu d'examiner".. Il s'agit en effet d'un doute rationnel et non raisonnable, c'est-à-dire non pas d'un doute ordinaire, adaptant notre être au monde ordinaire, mais d'une volonté de douter qui cherche si quelque chose peut échapper au doute. D'où le caractère hyperbolique de ce doute (traiter comme absolument douteux ce qui n'est que partiellement douteux). Je peux ainsi toujours suspendre mon jugement, jusqu'à ce point limite où l'acte de douter en quelque sorte s'inverse et se saisit avec évidence comme condition de possibilité du doute : je suis «être qui doute.

Lorsqu'on demande de commenter, il s'agit d'abord d'expliquer, puis, éventuellement, de critiquer. On s'attachera ici à bien définir la spécificité des deux termes qui sont mis en opposition: la conviction et le mensonge, afin de pouvoir montrer en quoi l'une est une ennemie plus dangereuse de la vérité que l'autre.

  • I) La vérité a plus à craindre des convictoins.

a) La conviction est subjective. b) Une conviction a souvent valeur de certitude. c) Les convictions s'opposent au doute.

  • II) La vérité a plus à craindre les mensonges.

a) Vérité et universalité forment un tout. b) Le mensonge invalide l'accord entre les esprits. c) Le mensonge n'est pas le doute.

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« permettraient de faire un usage rationnel de la raison.

Celui qui ferait un tel usage de sa raison, pour Descartes,serait capable de découvrir à coup sûr des vérités nouvelles, et tout à la fois de fonder l'édifice de la science et dele développer.Cette méthode, Descartes la tire de la géométrie, science dont il dit qu'elle est la seule jusqu'ici à avoir fourni desrésultats certains.

Les règles qui la composent sont au nombre de quatre: 1.

la règle de l'évidence (n'admettrecomme point de départ de nos raisonnements que des vérités absolument évidentes); 2.

la règle de l'analyse(décomposer un problème complexe en un ensemble de sous-problèmes simples); 3.

la règle de la synthèse(remonter de la solution des problèmes simples à la solution du problème complexe); 4.

la règle des dénombrements(toujours vérifier et revérifier les raisonnements).C'est à partir de cette méthode que Descartes se pose la question: quelle est la première vérité, qui devra être(d'après la première règle) d'une évidence absolue, sur laquelle baser ensuite tous nos raisonnements? La réponse àlaquelle il parvient, après avoir rejeté comme faux tout ce qui pouvait présenter le moindre doute, y compris lesmathématiques, y compris l'existence du monde tout entier, c'est: «je pense donc je suis».

Un être pensant ne peutpas douter qu'il ne pense pas, car en en doutant il penserait encore et donc confirmerait encore son existence.

PourDescartes, il y a donc une vérité absolue qui est «j'existe».

Et à partir de là, Descartes, par la suite de sonraisonnement en vient aussi à démontrer l'existence du monde physique et son intelligibilité. Citer les principes de la méthode dans un sujet sur la religion («La connaissance rationnelle est–elle compatible avecles dogmes religieux ?»)Quoique Descartes se prétende pieux et respectueux de l'Église, ses raisonnements ne plaisent pas beaucoup auxreligieux.

En effet la pensée de Descartes est une pensée qui rejette toute autorité.

Pour lui, tous les préjugés,toutes les idées reçues et non démontrées doivent être ré-interrogées si l'on veut pouvoir les considérer comme desvérités.

Pour Descartes, ce n'est pas incompatible avec la religion puisque, après avoir démontré sa propreexistence, Descartes démontre également que Dieu existe (puisque Dieu est l'être parfait et que l'existence est uneplus grande perfection que la non-existence).

Mais, du point de vue de l'Église, l'existence de Dieu doit être admisepar un acte de foi, et non par une démonstration.

De même, les Saintes Écritures doivent être considérées commela source la plus haute de la vérité, sans qu'il y ait à chercher ailleurs.

Lorsque Descartes dit qu'il faut se détournerdes livres pour étudier directement «le grand livre du monde», il met en danger les dogmes religieux.

La quatrièmerègle de la méthode est peut-être, de ce point de vue, la plus transgressive, car appelée à revérifier sans cesse lesraisonnements, c'est dire qu'aucune parole n'est sacrée et que tout discours peut et doit être examiné, parn'importe qui.

Pour Descartes, ce n'est pas incompatible avec la religion, mais ce sont les prêtres qui ne sont pasd'accord. 3.

Une méthode philosophique • Le doute devient alors méthode philosophique. Il n'est pas ce qui menace la rationalité, mais ce qui permet d'accéder à elle.

Pour cela, il est nécessaire de douterde façon systématique, radicale, afin de se défaire de toutes les opinions reçues, celles du sens commun commecelles des savoirs qui se prétendent scientifiques, et de parvenir, si possible, à une vérité fondamentale.

Un teldoute porte consciemment même sur ce dont «on ne peut pas raisonnablement douter».

(par exemple que nousavons un corps), même sur ce dont l'examen, selon les mots de Fénelon, «fait que malgré soi on rit au lieud'examiner».

Il s'agit en effet d'un doute rationnel et non raisonnable, c'est-à-dire non pas d'un doute ordinaire,adaptant notre être au monde ordinaire, mais d'une volonté de douter qui cherche si quelque chose peut échapperau doute.

D'où le caractère hyperbolique de ce doute (traiter comme absolument douteux ce qui n'est quepartiellement douteux).

Je peux ainsi toujours suspendre mon jugement, jusqu'à ce point limite où l'acte de douteren quelque sorte s'inverse et se saisit avec évidence comme condition de possibilité du doute : je suis «être quidoute., je doute (je pense), je suis, c'est la première vérité radicalement et paradoxalement indubitable au sensstrict. • Un doute toujours à reprendre On voit qu'une telle pratique philosophique du doute, une telle ascèse, rompt avec la démarche habituelle de l'esprit.Elle met en causes toutes les valeurs, celles du sens commun comme celles qui sont issues de la raison (les véritésmathématiques ne font pas exception, et Descartes était mathématicien), mais cette mise en cause nous met enprésence de l'essence de notre être (substance pensante) ; la raison, faculté de connaître cette essence, parvientdans le doute à sortir du doute.

Descartes peut alors définir la première règle de la méthode qui permettra deconstruire sur un fondement inébranlable l'édifice philosophique : "ne comprendre rien de plus en mes jugements quece qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre endoute".

(id., Il).

Le doute est toujours à reprendre, si l'on veut passer de l'incertitude à la conviction rationnelle.

Detoute façon, il accompagne le cheminement ultérieur du philosophe. Conclusion Il apparaît qu'en effet les convictions, dès lors qu'elles ne sont pas fondées sur un doute philosophique préalable,peuvent être des ennemies de la vérité plus dangereuse que le mensonge.

Bien plus, ce n'est qu'à la condition queles convictions, une fois établies par l'exercice de ce doute, continuent paradoxalement d'être travaillées par lui,. »

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