Les droits de l'homme sont-ils une réponse à l'inhumanité ?
Publié le 26/03/2005
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Les droits de l’homme, comme la démocratie, ont récemment accédé au statut de norme universellement reconnue, il n’est aujourd’hui personne pour les contester en principe, comme ce fut le cas tout au long du siècle dernier et même encore durant le nôtre. On doit s’en féliciter, pour autant que cette situation traduit « un progrès de la conscience de la liberté «, comme eût-il dit Hegel. Autant dire que les droits de l’homme sont considérés et à bien des égards comme ce qui guide l’agir politique.
Difficile dés lors de s’opposer aux droits de l’homme sans lever les foudres d’une quelconque instance internationale censée garantir le respect de ceux-ci. Difficile plus encore de critiquer les droits de l’homme au nom d’une idée de l’homme jugée plus noble et plus valable. Car par ces droits nous pensons garantir une idée de l’homme absolument nécessaire indépendante du lieu et des temps que nous occupons mais surtout nous pensons garantir avec eux un respect pour tout être reconnu comme humain. Ainsi dés que l’on est homme on bénéficie de ces droits, sans restriction ni condition possible.
Mais pour autant cette norme des droits de l’homme est-elle à même de garantir le respect de notre humanité ? Nous promulguons en effet avec ces droits de l’homme, une idée de respect de l’homme qui est sensée s’appliquer à tous. Mais comment énoncer cette égalité formelle des individus et la concilier avec l’inégalité patente qui traverse toutes sociétés. Ne tombons-nous pas dans l’idéologie ? Que dire sinon que les droits de l’homme sont vides en soi et ne peuvent s’appliquer qu’à certains hommes, laissant les autres dans la condition la plus démunie. Telle est aux yeux de Arendt la condition des apatrides qui révèle que les hommes ne bénéficient pas tous des droits de l’homme, et donc du même respect due à leur humanité.
«
politique, Rousseau nous le dépeint excellemment (toujours selon Marx) : « Celui qui ose entreprendre d'instituer un peuple doit se sentir en état de changer, pour ainsi dire, la nature humaine,de transformer chaque individu qui par lui-même est un tout parfait etsolidaire en partie d'un plus grand tout dont cet individu reçoive, en quelquesorte sa vie et son être, de substituer une existence partielle et morale àl'existence physique et indépendante.
Il faut qu'il ôte à l'homme ses forcespropres pour lui en donner qui lui soient étrangères et dont il ne puisse faireusage sans le secours d'autrui », Du contrat Social , Livre 2. Promulguer les droits de l'homme dans le domaine politique ne suffit pas àétablir et garantir le respect à notre humanité, qui passe par l'établissementdes conditions matérielles digne de ce nom.
Les droits de l'homme ne sont pas uniquement vide économiquementmais aussi politiquement Si Hannah Arendt, critique les droits de l'homme et ce n'est pas parce que àla manière de Marx elle y voit une idéologie masquant voire asseyant uneinégalité matérielle mais parce que selon elle les droits de l'hommeindépendamment du concept d'Etat-nation n'existent pas.
Qu'est-ce à dire ?Sinon que les droits de l'homme ne sauraient définir une natureintrinsèquement humaine, mais sont toujours valables que si ils s'appuient sur la juridiction d'un Etat et qu'en dehors de celui-ci il n'y pas de droit possible.
C'est ainsi qu'apparaît chez HannahArendt la figure critique de l'apatride, qui sans pays, devient nécessairement sans droit.
Situation critique parce qu'ilest l'homme démuni, et critique parce qu'il limite redoutablement la présomption universaliste des droits de l'homme.Les causes sont multiples et sont de nature autant économiques que politiques qui conduisent à l'apparition del'apatride.
C'est ce que Arendt appelle l'expansion de l'impérialisme, qui conduit particulièrement entre 1884-1914 àune désintégration de l'Etat-nation qui se révéla contenir presque tous les éléments nécessaires à la vague suivantedes mouvements et des gouvernements totalitaires.Les sociétés nationales sont corrodées par l'impérialisme à la fin du 19 ème et au début du 20 ème avant de l'être par le totalitarisme.Pour l'auteur le déclin de l'Etat-nation prépare la perte du sens-commun et de la raison politique dans la mesure où,avec son déclin, l'appartenance politique est atteinte, car le pouvoir politique nouveau de la bourgeoisiecaractéristique de l'impérialisme, est séparé de la communauté politique.
En effet comme l'affirme l'auteur : « Seulela perte de l'appartenance à une communauté politique exclut de l'humanité », L'impérialisme .
Qui appartient à une communauté politique possède une place dans le monde.C'est surtout par défaut que l'appartenance nationale prend valeur.
La dénationalisation devint une arme entre lesmains de la politique totalitaire.
Etre dénationalisé ne consiste pas, comme d'aucun l'imaginent, à s'inscrire dans unréseau de relations juridiques ou culturelles, épurées supérieures, déjà accessible aux élites, c'est au temps duchômage, se trouver de fait sans perdition, éventuellement se trouver indésirable, « superflu », considéré comme« la lie à la terre ».
En effet écrit Arendt à propos de l'apatride : « Une fois qu'ils ont quitté leur pays natal, ils sesont retrouvées sans patrie : une fois qu'ils ont abandonnés leur Etat, ils ont été considéré comme hors la loi, unefois qu'ils ont été privés de leur droit, ils se sont retrouvés parias, la lie à la terre ».
Conclusion -On a raison de voir dans la garantie des droits de l'homme la volonté de faire respecter l'humanité de l'homme.-Seulement, cette présomption s'avère vaine quand on considère les conditions sociales et économiques danslesquelles certains individus sont conduits à mener leur existence.- C'est donc que la prétention de garantir les droits de l'homme et avec eux une certaine idée de l'homme s'avèrevaine.
La garantie des droits de l'homme, comme l'expose la troisième partie de notre travail, est partie prenante decertaines conditions politiques.
Autant dire que l'on est homme que si on est si on appartient à un Etat.
En dehorsde cette condition : on se retrouve comme superflu, sans place dans le monde.
Autant dire que les droits del'homme une réponse nécessaire mais insuffisante à l'inhumanité..
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