Les héros accomplissent-ils toujours des actions héroïques ?
Publié le 27/02/2008
                             
                        
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                                                                    le passagede la première partie où il se rend sur lamontagne :	Julien prenait haleine un instant à l'ombre de ces grandes roches, et puis se remettait	à monter.
                                                            
                                                                                
                                                                    Bientôt par un étroit sentier à peine marqué et qui sert seulement aux gardiens deschèvres,  il se  trouva  debout  sur un roc  immense  et bien  sûr d'être  séparé  de tous  leshommes.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette position  physique  le fit  sourire,  elle lui peignait  la position  qu'il brûlaitd'atteindre au moral .	C'est la volonté à toute épreuve de Julien qui en fait un héros héroïque !
II)           	Mais les héros littéraires sont souvent des personnages ordinaires mis en lumière par un	écrivain	Ainsi  les héros  n'accomplissent  pas forcément  des actions  héroïques,  extraordinaires,  épiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les héros	modernes sont plus souvent des anti-héros.
                                                            
                                                                                
                                                                    On appelle anti-héros le personnage central d'une fiction lorsqu'il neprésente pas les caractéristiques du héros conventionnel.	 - Ce  nouveau  héros qu'est  le antihéros  peut être un héros  déceptif  c'est-à-dire,  un héros  qui prétend	défendre des valeurs héroïques (parfois obsolètes) mais qui n'en a pas les capacités et en devient parfois ridicule.L'exemple par excellence de ce anti-héros est Don Quichotte, défenseur des valeurs chevaleresques dans un mondeoù ces valeurs n'ont plus de sens et qui va de méprise en méprise.
                                                            
                                                                                
                                                                    Don Quichotte se présente comme le personnagefondateur du héros romanesque moderne.	Autre ex : Bardamu dans 	Le Voyage au bout de la nuit	 de Céline, qui par les événement et le hasard est	appelé à devenir un héros héroïque malgré lui mais qui prône la lâcheté comme valeur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Outre sa lâcheté, il faut noterle cynisme et le caractère inhumain de ce anti-héros.	Autre ex : Fabrice dans la 	Chartreuse de Parme	, qui apparaît, notamment dans l'épisode de la bataille de	Waterloo  comme un « anti-héros  », incapable  de se battre  héroïquement  (cf.
                                                            
                                                                                
                                                                    la fameuse phrase  du narrateur-Stendhal : « à ce moment là, notre héros était fort peu héros »)	 - Ce héros non héroïque peut aussi être un héros mauvais, ne poursuivant pas une noble quête : Julien Sorel	pourrait, par son côté amoral, s'apparenter à ce type de héros mauvais.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ces anti-héros qui ne poursuivent pas laquête du Bien sont souvent des figures d'ambitieux (cf.
                                                            
                                                                        
                                                                    Rastignac chez Balzac) ou des héros noirs (les héros desromans de Jean Genet, glorifiés par leur crime et leur débauche)	 - Le héros littéraire se présente de plus en plus dans le roman moderne comme un héros de la vie ordinaire,	quotidienne, un personnage « sans qualités » auquel tout lecteur peut s'identifier.
                                                            
                                                                                
                                                                    (	Ex : le personnage principal de 	A	la recherche du temps perdu	 de Proust, 	L'homme sans qualité	 de Musil)	 
III)	         	Il apparaît finalement que chaque auteur crée 	son	 héros.	Les  héros  ne se définissent  pas tant  par leurs  actions  héroïques  que par une  décision  émanant  de leur	créateur lui-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est l'auteur qui crée et fait le héros ! Ainsi le héros tend-il à se définir davantage par rapport àcelui qui l'a créé que par rapport à ses actes : on parle alors de héros stendhaliens, cornéliens, balzaciens, qui onttous  leurs  caractéristiques  propres.
                                                            
                                                                                
                                                                    Outre l'auteur  chaque époque créé aussi  son type  de héros  ( cf.
                                                            
                                                                                
                                                                     le hérosromantique)	 -Julien Sorel apparaît malgré lui comme un héros stendhalien : qu'est-ce qu'un « héros stendhalien » ?Le  héros  stendhalien  a un  parcours  motivé par la fascination  de l'ailleurs,  le désir  de communication	authentique et de liberté.( Julien rêve de sommet, de pouvoir) ; il porte toujours en lui un clivage entre vulgarité etexception et rejette les valeurs anciennes, en incarnant des valeurs modernes : il est de ce fait, toujours confrontéà un contexte décevant.( Julien est un individu confronté à une société mal réglée qui va le supprimer).	Le héros stendhalien est un héros en puissance dont l'héroïsme s'actualise au fil d'un parcours initiatique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Au	départ le héros est naïf, apeuré, (cf.
                                                            
                                                                                
                                                                    les larmes de Julien devant la grille de la maison des Rénal).
                                                            
                                                                                
                                                                    Il est donc viergede toute expérience et c'est dans la façon d'intégrer cette expérience, de l'utiliser, qu'il s'accomplit en tant quehéros et qu'il comprend qu'il ne peut trouver une place au sein de la société, car elle et lui n'ont rien de commun.
                                                            
                                                                                
                                                                    Lehéros stendhalien ne trouve donc son salut qu'en lui-même, en se retirant du monde.	 -Certains autres héros entrent aussi dans des « types » que crée leur auteur.Ex : 	Les héros cornéliens	 : ils héritent "des valeurs de la féodalité" "qu'il tentent, d'une façon plus ou moins	adroite, d'adapter à la situation nouvelle que crée la présence du roi.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le héros cornélien veut être un être à part,au-dessus.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il est en contrôle:	Les  personnages  contrôlent leur  histoire, ils sont maîtres  de leurs  décisions, ou  du	moins s'efforcent de  le devenir en prenant leur  destin en charge.
                                                            
                                                                                
                                                                    Plus que tout,  ils ont lavolonté d'imposer au monde un projet, pour imprimer une direction au devenir collectif.
                                                            
                                                                                
                                                                    Leurquête de maîtrise et d'harmonie des contraires peut bien se clore par un constat d'échec, ellen'en aura pas moins existé.(Apostolides)..
                                                                                                                    »
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