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Les hommes désirent-ils rien d'autre que ce dont ils ont besoin ?

Publié le 17/01/2022

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Par conséquent, de telles aspirations de la part des hommes relèvent de leurs désirs, et se distinguent ainsi de leurs besoins et ce quelqu'ils soient. On en vient alors à la conclusion, que les hommes ne désirent pas que ce dont ils ont besoin. CITATIONS: « On entend généralement par instinct une activité qui réalise des fins sans les prévoir, grâce à une coordination d'actes qui n'est pas le résultat de l'éducation. » William James, Principes de psychologie, 1890. « Le besoin est un affect en ce qu'il est tout entier une indigence qui par son élan tend vers ce qui le comblera. » Paul Ricoeur, Philosophie de la volonté 1, 1950. « Le désir est l'appétit de l'agréable » Aristote, De l'âme, IVe s. av. J.-C.
Un homme a soif. S’il éprouve le besoin de boire, c’est que son corps lui dicte cette nécessité. En revanche, pour étancher sa soif, si cet homme commande un jus de fruit plutôt que de l’eau, ce choix n’aura pas été dicté par son corps, puisqu’ en définitif les deux boissons auront la même finalité. Néanmoins, si l’homme a bel et bien opéré un choix, ses multiples désirs possibles n’en découlent pas moins d’un même besoin, boire. On en vient alors à se demander si, de même, les hommes ne désirent en réalité que ce dont ils ont besoin ? Mais alors comment expliquer que dans certaines situations, des hommes qui ne manquent pourtant de rien, ont alors des désirs dépassant le besoin stricto sensu ? À moins qu’en réalité, tout désir émane d’un besoin lato sensu, c’est-à-dire de besoin de reconnaissance ou encore de bonheur de la part des hommes ? Affirmer que les hommes ne désirent que ce dont ils ont besoin, revient à identifier le besoin et le désir, deux termes que l’on a tendance à confondre. En d’autres termes, l’enjeu de cette étude repose dans le fait de se demander si la notion de désir n’est pas elle-même superflue ?

« Un cours utile: Besoin & Désir. J'ai soif, j'éprouve le besoin de boire, mon corps me dicte cette nécessité impérieuse.

En revanche, pour étanchercette soif, si je commande une bière plutôt qu'un jus d'orange (ou l'inverse !...), ce choix ne m'a pas été dicté parmon corps, car l'eau aurait pu tout aussi bien faire l'affaire.

Boire lorsqu'on a soif répond à un besoin, mais boirequelque chose d'agréable qu'on préfère à tout autre chose répond à un désir.

La distinction entre le besoin et ledésir est d'abord celle de la nécessité et de la contingence. 1) Nécessité & contingence. La satisfaction d'un besoin est une nécessité vitale puisqu'en son absence, la vie ou la survie de l'individu estmenacée.

On meurt de ne pas boire, on ne meurt pas de ne pas boire une bière : le désir a une contingence qui lerejette du côté du superflu.

Ainsi distinguera-t-on l'envie ou le caprice d'une part, et le besoin de l'autre : la surviede l'individu constitue un critère objectif. Contrairement au désir en proie à la démesure, le besoin possède la sobriété d'une nécessité vitale.

Alors que ledésir peut prendre l'aspect frivole d'une quête indéfinie du luxe, le besoin répond à un souci de sérieux de recherchedu strict nécessaire, ce qu'Épicure et d'autres ont bien compris. De fait la privation (non-satisfaction du besoin) n'a pas le même sens que la frustration (non-satisfaction d'undésir).

C'est quoi toutes les sagesses antiques ont dénoncé les besoins artificiels comme vecteurs du malheur.Épicure distinguait 3 catégories de besoins : les naturels et nécessaires, les naturels et non nécessaires, les nonnaturels et non nécessaires.

Les premiers correspondent à une stricte nécessité naturelle (manger quand on a faim); les seconds ajoutent aux premiers une dimension de plaisir (manger un plat raffiné) ; les troisièmes qu'Épicurecondamne absolument comme contraires à toute sagesse et à tout bonheur, ne sont que les produits del'imagination, ils correspondent à ce que nous appellerions désirs : gloire, richesse, honneurs. 2) Le corps & l'esprit. La distinction du besoin et du désir recoupe celle du corps et de l'esprit, celle aussi de la nature et de la culture.Dans le besoin, la dimension physique est prévalente, dans le désir, c'est la dimension psychologique qui domine. Alors que le besoin est fini – la satisfaction y met fin, du moins provisoirement-, le désir est infini car aucunesatisfaction ne saurait le combler.

Le besoin peut dire : « Assez ! ».

Le désir crie : « Encore ! ».

Qui peut se croireassez aimé ou assez riche ? On observe couramment des gens qui ne manquant de rien sont frustrés de tout, doncmalheureux alors qu'ils disposent des « conditions objectives » du bonheur.

C'est pourquoi le bouddhisme voit dansle désir la cause du malheur des hommes, et dans l'extinction du désir, la voie de la délivrance (cf.

cours sur lebonheur). 3) Artificialité du besoin et nécessité du désir. Pourtant cette claire opposition entre le besoin lié au corps, donc naturel et un désir lié à l'âme, donc artificiel, n'estpas aussi indiscutable qu'il y paraît. Les besoins ne constituent pas une donnée immuable.

Marx avait fait observer qu'un besoin dépend de son mode desatisfaction : manger avec un couteau et une fourchette est déjà différent de se nourrir comme un animal.

L'Histoireest aussi celle d'une constante création de besoins (la possession d'une voiture correspond aujourd'hui à un réelbesoin pour nombre d'hommes).

Ce qui nous amène à dire que les désirs d'hier seront les besoins d'aujourd'hui. Rousseau est lui-même conscient du caractère historique du besoin.

Ainsi, vouloir comme Épicure, limiter l'illimité desdésirs à l'aune du besoin -toujours naturel donc nécessaire- est une entreprise aussi castratrice que vaine.

Qu'est-ce en effet qu'une règle (celle du besoin) qui se dérègle régulièrement ? Qu'est-ce qu'un étalon qui doitpériodiquement se redéfinir ? Inversement, le désir n'est pas une marque de contingence dont l'homme serait frappé.

Un petit enfant a autant. »

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