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Les hommes savent-ils ce qu'ils désirent ?

Publié le 10/12/2009

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On juge souvent avec surprise des personnes qui changent de situation conjugale ou familiale, alors que tout semblait leur sourire. Il avait tout pour être heureux, pense-t-on. Mais plus que le caprice ou l'inconstance, plus que le caractère déraisonnable de la personne, n'est-ce pas simplement la nature même du désir qu'il faut accuser? Sommes-nous toujours conscients et totalement lucides à l'égard de ce qui constitue l'objet, le but de nos désirs ? Y a-t-il toujours antériorité et évidence de la connaissance sur le désir ? On peut en effet être déçu ou insatisfait de l'obtention de ce que l'on croyait être source de bonheur. Pourtant les êtres humains sont capables de se construire une vie comme ils le souhaitent, ils ont connaissance de leurs préférences et leurs goûts.

Nous verrons dans un premier temps la part de cette connaissance dans le désir, pour ensuite en montrer les limites. Nous tenterons enfin de déterminer quel type de jugement accompagne le désir, et s'il mérite de s'appeler un savoir.

« expériences déjà faites. C)Désir et bonheur Mais l'activité de l'esprit va plus loin.

On désire des êtres, des choses, des activités, mais on a aussi la représentation d'une valeur, d'un concept qui nous guide : le bonheur. Ce dernier est, comme le définit Aristote, le « souverain bien ».

Il constitue l'état dans lequel les désirs sont tous satisfaits, où le bien obtenu et ressenti est complet. Le bonheur est aussi le but ultime de nos actes, ce pourquoi on accepte de souffrir momentanément et parfois fortement, du moment que ce sont des étapes nécessaires en vue de son obtention.

Ces étapes sont alors jugées des biens malgré tout: passer le baccalauréat pour obtenir un métier par exemple. C'est surtout le bien supérieur à tous les autres.

On accepte ainsi de privilégier la relation avec un ami plutôt que celle d'un flatteur, même si cette dernière offre plus de plaisirs immédiats.

Par cet exemple, Aristote montre qu'on sait donc bien faire la différence entre le bien et le plaisir dans certains cas. Mais sait-on toujours agir ainsi? Puisqu'il y a des distinctions à faire, n'est-on pas parfois victime d'illusion sur la réelle nature de ce que l'on désirait? II.

L 'illusion du désir A)Désir et jugement Compte tenu de la déception ressentie après la satisfaction de certains désirs, on peut juger avec méfiance la soi-disant connaissance présente dans le désir.

La raison essentielle est que le désir est l'expression d'une tendance, d'une préférence fortement marquée vers son objet.

Et cette tendance est antérieure à la connaissance, comme le révèle Spinoza : « Nous ne désirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne, mais nous la jugeons bonne parce que nous la désirons.

» On comprend alors pourquoi le savoir n'est pas extérieur au désir pour le juger, il est au contraire conditionné par lui, et prend la forme d'un jugement extrêmement favorable.

Or ce jugement est subjectif, propre à celui qui désire et non à la nature de l'objet. B)Désir et erreur On peut comprendre alors l'idée stoïcienne, présentée par Cicéron, selon laquelle tout désir contient ou suppose une erreur de jugement.

On attribue plus de valeur à l'objet désiré qu'il n'en a réellement.

Idem pour les êtres : Roméo voit nécessairement Juliette plus belle qu'elle n'est, sinon tous seraient amoureux d'elle. À cela s'ajoute qu'il existe des choses qu'il ne dépend pas de nous d'obtenir, comme la réputation, la richesse et même la santé.

Tout peut être fait pour cela, mais le résultat n'est jamais garanti. Si l'on ne sait pas identifier si l'objet désiré appartient à ce qui dépend de nous, on tombe dans le piège et l'ignorance de ce que l'on désire en réalité.

Car on désire la satisfaction et le bonheur, mais on se met dans la situation de ne jamais les obtenir, comme Épictète le montre.. »

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