LES IDÉES POLITIQUES DE ROUSSEAU
Publié le 27/02/2011
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Le Contrat social reprend et reformule des idées partiellement émises depuis le xvie siècle (Jean Bodin, Suarez, puis Hobbes et Spinoza). L'idée principale est que, quoique « animal social « par nature, l'homme naît libre de tout engagement national proprement dit. Un peuple en tant que tel, c'est-à-dire une nation, et un Etat, ne peuvent naître que par un contrat, tacite ou non, créant une obligation réciproque de tous envers chacun et de chacun envers tous, une volonté de faire ensemble une organisation sociale. Ce contrat est et doit être librement accepté, mais en l'acceptant chacun — devenu citoyen — renonce à poursuivre son seul intérêt personnel et accepte de s'associer à la volonté générale qui ne peut avoir d'autre but que le bien commun du corps social ainsi créé.

«
semblables.
Les associés prennent collectivement le nom de peuple, et s'appellent en particulier citoyens, commeparticipant à l'autorité souveraine, sujets, comme soumis aux lois de l'Etat (ch.
VI).
Ainsi, par l'acte d'association, chaque individu, contractant pour ainsi dire avec lui-même, se trouve engagé sous undouble rapport : savoir, comme membre du souverain envers les particuliers, et comme membre de l'État envers lesouverain; il est ainsi dans le cas d'un particulier contractant avec soi-même; par où l'on voit qu'il n'y a ni ne peut yavoir nulle espèce de loi fondamentale obligatoire pour le corps du peuple, pas même le contrat social.
Ce qui nesignifie pas que ce corps ne puisse s'engager envers un autre corps semblable, en ce qui ne déroge point à cecontrat.
Il y a aussi obligation pour chaque associé d'obéir à la volonté générale, sous peine d'y être contraint partout le corps qui le forcerait ainsi à être vraiment libre (ch.
VII).
Ce passage de l'état de nature à l'état civil substitue dans l'homme la justice à l'instinct, et donne à ses actions lamoralité qui leur manquait auparavant ; car désormais l'homme doit consulter sa raison avant d'écouter sespenchants.
De plus, en compensation de sa liberté naturelle, l'homme gagne la liberté civile, et il assure lasauvegarde de la volonté générale à ses possessions qui deviennent ainsi une véritable propriété (ch.
VIII).
Car, en acceptant les biens des particuliers, la communauté ne fait que changer en véritable droit la simpleoccupation par la force.
Ainsi les possesseurs étant considérés comme dépositaires du bien public, leurs droits sontrespectés de tous les membres de l'Etat, et maintenus de toutes ses forces contre l'étranger; ils ont en quelquesorte acquis tout ce qu'ils ont donné.
— Donc, au lieu de détruire l'égalité naturelle, le pacte fondamental substitueau contraire une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalité physique entre les hommes: inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit (ch.
lX).
ANALYSE DU LIVRE SECOND
C'est uniquement d'après l'intérêt commun que la société doit être gouvernée.
La souveraineté n'est que l'exercicede la volonté générale, et par suite ne peut jamais s'aliéner : le souverain, qui est l'être collectif, ne peut êtrereprésenté que par lui-même.
Si le peuple promet simplement d'obéir, il cesse par là même d'être peuple ; dès qu'il ya un maître, il n'y a plus de souverain (ch.
I).
Par la même raison qui rend la souveraineté inaliénable, elle est indivisible; car la volonté est générale, ou elle nel'est pas ; elle est celle du corps du peuple, ou seulement d'une partie.
C'est donc à tort que les politiques divisentla souveraineté en force et en volonté, en puissance législative et en puissance exécutive, en prenant pour desparties de l'autorité ce qui n'en est que des émanations (ch.
II).
Il suit de ce qui précède que la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l'utilité publique ; mais il nes'ensuit pas que les délibérations du peuple aient toujours la même rectitude : elles peuvent subir l'influence devolontés particulières, excitées par l'intérêt des associations partielles.
Pour que la volonté générale soit libre et parsuite ne se trompe pas, il ne faut pas de société partielle dans l'Etat (ch.
III).
Le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur tous ses membres ; mais ce pouvoir, loin d'enleveraux personnes privées la vie et la liberté, ne prend pour la collectivité que la partie des biens personnels dontl'usage importe à la communauté; aussi la situation des particuliers, par l'effet de ce contrat, se trouve réellementpréférable à ce qu'elle était auparavant: ainsi, tous ont à combattre au besoin pour la patrie, mais nul n'a jamais àcombattre pour soi (ch.
IV).
Il faut mourir pour l'Etat, quand le souverain le juge expédient, puisque ce n'est qu'à cette condition qu'on a vécuen sûreté jusqu'alors; la peine de mort infligée au criminel peut être envisagée à peu près au même point de vue :c'est pour n'être pas la victime d'un assassin que l'on consent à mourir si on le devient.
Au reste, la fréquence dessupplices est toujours un signe de faiblesse ou de paresse dans le gouvernement : il n'y a point de méchant qu'onne puisse rendre bon à quelque chose (ch.
V).
Il faut des luis pour donner le mouvement et la volonté au corps politique dent le pacte social établit l'existence.Mais une volonté générale ne peut avoir un objet particulier.
Il faut donc que la matière sur laquelle on statue soitgénérale comme la volonté qui statue.
Alors seulement il y aura loi.
Ainsi la loi peut bien statuer qu'il y aura des privilèges, mais elle n'en peut donner nommément à personne.
De mêmece qu'un homme ordonne de son chef n'est point une loi; car il faut l'universalité de la volonté aussi bien que cellede l'objet.
« J'appelle donc république, dit ici Rousseau, tout Etat régi par des lois, sous quelque formed'administration que ce puisse être : car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelquechose.
Tout gouvernement légitime est républicain.
»
Le peuple, soumis aux lois, en doit être l'auteur ; mais le peuple, quoiqu'il veuille toujours le bien, de lui-même ne levoit pas toujours.
Il faut donc un législateur (ch.
VI).
Ce législateur ne doit pas être pris au hasard.
« Pour découvrir les meilleures règles de société qui conviennent aux nations, il faudrait une intelligence supérieure.
»
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