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Les images et les mots représentent-ils de la même manière ?

Publié le 11/11/2005

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La définition saussurienne du langage exclut à priori l'image, qui repose sur la ressemblance sensible entre le modèle et le support (photographie, dessin, toile...).  Platon propose ainsi une critique de l'image, en particulier de la peinture, dans laquelle il discrédite cette dernière, à laquelle il prête une infériorité  ontologique vis-à-vis du logos. La parole, en particulier dialogique, est construite puis se dissout dans la durée, elle est toujours dynamique et progresse par une succession des raisonnements articulés par les systèmes logiques. La parole, en ce sens, peut se targuer de donner accès à l'Idée, alors que la représentation imagée fonctionne par ressemblance immédiate, et n'est donc qu'un succédané de la chose sensible, elle-même dérivée de l'Idée pure. L'image artificielle n'est donc qu'une copie de copie.   L'image, support d'un contenu rationnel spécifique   Pourtant, le dessin ne se résume pas à une simple imitation de son sujet. Il est ainsi nécessaire de prendre en compte l'existence d'une grammaire picturale : le tableau ne dépend pas tant de la ressemblance entre la toile et la scène représentée, mais d'élabore en fonction de sa propre cohérence : l'équilibre des couleurs, des motifs, et tout particulièrement les sources et les jeux de lumières du tableau, qui chargent l'image d'une valeur transcendantale, donc morale. En ce sens, la toile créé à sa manière un discours rationnel et spécifique, que toute autre forme artistique,linguistique ou musicale, ne saurait prendre en charge. La peinture présente élabore une pensée qui apparaît au spectateur dans une cohérence instantanée, non soumise aux règles temporelles qui régissent le discours, selon le mot de Léonard de Vinci, elle est « Causa mentale ».  Si l'image apparaît en un coup d'oeil au spectateur, le peintre, lui, la compose donc dans une temporalité, c'est-à-dire un développement logique.

Une telle question, comprise dans un sens littéral, ne peut que recevoir une réponse négative. Les systèmes de représentations plastiques et linguistiques n’obéissent pas aux mêmes règles. Lorsqu’on fait l’hypotypose d’un tableau de Van Gogh (Antonin Artaud à propos du Champ de Blé) ou lorsqu’on dessine une scène de Shakespeare (les peintures  de Delacroix inspirées d’Hamlet), on ne répète pas l’œuvre prise pour modèle. Il n’est même pas possible de parler d’une traduction picturale ou textuelle : l’image et le texte sont deux niveaux de représentation incomparables. La première est sensible et analogique, la seconde codée et rationnelle.           Pourtant, quiconque a pu assister à l’apprentissage de l’écriture chez un enfant en bas âge ne saurait nier l’importance primordiale de l’activité de dessiner pour comprendre et acquérir le fonctionnement de la langue. Il convient donc de ne pas oublier que le mot lui-même est avant tout un tracé, une image.

 

« valeur expressive sont en parfaite harmonie.. »

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