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Les paroles engagent-elles tout autant que les actes ?

Publié le 17/01/2022

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Définition des termes du sujet: ParoleLa parole est nécessairement individuelle, et suppose un sujet actif. Par elle on s'approprie une langue. La parole est ce par quoi le sujet exerce sa fonction linguistique. Introduction:Lorsqu'un homme politique fait des promesses électorales, beaucoup de sceptiques répliquent qu'ils attendent de voir les actes: les paroles ne coûtent pas cher et n'engagent que ceux qui les écoutent, comme dit le dicton populaire. Et pourtant, lorsqu'on donne sa parole d'honneur, on s'engage de façon solennelle. Peut-on dire que nos paroles nous engagent tout autant que nos actes ? Cette question nous invite à réfléchir à la fois sur le poids que nous accordons à nos paroles, et sur le statut même de la parole parmi les actes humains en général. Les paroles, qui ne transforment pas physiquement le monde, sont-elles des actes à part entière, ou seulement du vent, des sons véhiculant une informant pour un échange intellectuel sans aucune effectivité ?Nous verrons tout d'abord pourquoi nous pouvons considérer que les paroles sont bien légères par rapport aux actes; nous préciserons ensuite ce qui, souvent, donne aux paroles un poids particulier; nous nous demanderons enfin dans quelle mesure l'opposition entre paroles et actes est valables: les paroles ne sont-elles pas des actes à part entière, qui changent le monde au moins autant que les actes ? I.

Ce sujet demande de juger de la valeur comparative de l’engagement propre aux paroles et aux actes. Nous pouvons définir les paroles comme des actes de langage (aussi bien réfléchis qu’irréfléchis) ayant pour but de traduire la pensée c’est-à-dire une forme d'intention exprimée dans la possible réalisation des paroles. À l'inverse, les actes proprement dits concernent l’action matérielle, le fait d’agir concrètement. Dès lors, le problème que pose le sujet est celui de savoir dans quelle mesure l’engagement verbal possède une force concrète concurrençant la force matérielle de l’acte lui-même.

« II.

mais les mots ont un poids... Et pourtant, si l'on tente de justifier la trahison d'un engagement en disant simplement que « les paroles s'envolent», cette raison est souvent refusée : la parole donnée ne peut être si aisément reprise. « C'est dit, c'est dit » Il faut d'abord sortir un peu du cadre habituel de notre civilisation de la trace écrite et nous représenter le fait que,dans bien des cultures, la parole donnée, étant prononcée par le sujet lui-même alors qu'un texte peut être falsifié,avait bien plus de valeur qu'un document : c'était le cas par exemple de la Grèce antique ou de Rome.

Encoremaintenant, le fait d'avoir déclaré une intention est souvent reçu comme un engagement à la réaliser, même si ellen'avait été évoquée que par plaisanterie. Dire et être entendu C'est que nous ne sommes pas totalement maîtres du sens que donnent à nos paroles ceux qui les entendent ; nousne sommes par conséquent pas non plus toujours maîtres de nos engagements.

Je peux me retrouver lié par le sensqu'autrui donne à une parole dite à la légère.

L'interprétation qu'autrui fait de mes paroles peut m'entraîner dans deslogiques tout à fait imprévues. Les paroles témoignent de notre être. Enfin, on peut dire que les paroles nous engagent autant que les actes parce qu'elles sont la traduction la plusdirecte de nos intentions, de nos états de conscience.

Il n'est pas nécessaire de faire des promesses pour êtreengagé : pour Sartre, l'engagement est le propre de l'existence en général ; nos paroles nous engagent au sens oùelles participent au processus général par lequel nous construisons notre existence. III.

...

et les paroles sont des actes La compréhension sartrienne de l'engagement nous suggère de modérer l'opposition entre les paroles et les actes :les paroles sont des actes - de discours, mais des actes tout de même. Quand dire, c'est faire Le linguiste Austin a montré que le langage, loin d'avoir comme seule fonction la transmission d'informations, enremplit bien d'autres, dont la fonction performative, qui représente le mieux l'acte d'engagement et qu'il résume parla formule : « quand dire, c'est faire ».

Par exemple, dire « oui » lors de son mariage ou « je le jure » dans le cadred'un procès constitue un acte authentique accompli devant témoins : un mot a changé tout le statut juridique del'individu ainsi que sa situation personnelle et sociale. Les paroles sont triplement actes • Le linguiste et philosophe anglais J.

L.

Austin a souligné que toute parole, tout discours est triplement acte: – Acte locutoire.

Une parole, un discours est d'abord l'exercice de la faculté du langage.

Un discours est un énoncéou un ensemble d'énoncés réellement produit par un locuteur (individuel ou collectif).

Il est dan par lui-même unacte : acte de locution. – Acte illocutoire.

Lorsque je parle (que j'accomplis un acte de locution), j'utilise le discours.

Mais je puis l'utiliser dedifférentes manières, car le discours a de nombreuses fonctions.

Je puis, par exemple, informer, suggérer,promettre, interdire, etc.

Donc en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'acte locutoire qui est dedire quelque chose.

Austin appelle « illocutoire » cet acte effectué en disant quelque chose. – Acte perlocutoire.

Un discours a le plus souvent certains effets intentionnels ou non, même lointains, soit surautrui, soit sur celui qui parle.

Ainsi lorsque je produis un acte locutoire (et par là-même un acte illocutoire) jeproduis un troisième acte, qu'Austin nomme « perlocutoire ». • Ces trois actes distincts sont illustrés par l'exemple suivant :– Acte locutoire : production de la parole, « Tu ne peux pas faire cela ».– Acte illocutoire la parole « Tu ne peux pas faire cela » manifeste une protestation contre une action.– Acte perlocutoire : la parole (et la protestation) « Tu ne peux pas faire cela » a pour effet de dissuaderl'interlocuteur de réaliser son action.. »

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