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Les passions

Publié le 12/05/2012

Extrait du document

Effets sur la volonté.~ Nous avons déjà marqué indirectement les effets des passions sur la volonté, en étudiant le rôle de cette faculté dans ·la genèse des passions. Pour préciser ce point, il conviendrait de recourir à la distinction que font les moralistes entre passion antécédente et passion conséquente. Elle signifierait ici que, si la volonté, avant que la passion ne soit formée, travaille toujours de quelque façon à la favoriser et à l'alimenter, elle n'a plus, ensuite, qu'un rôle apparent et décoratif. Elle est en effet désormais passivement soumise à la violence impétueuse du désir, que les passionnés désignent souvent (avec une conscience de mauvaise foi) comme une volonté supérieure à la leur. Les passions n'arrivent donc à dominer l'âme que par l'abdication de la volonté...

 

« - NOTION DE LA PASSION 401 tions.

Il y aura donc à distinguer le groupe des passions infé­ rieures ou sensibles et le groupe des passions supérieures ou rationnelles.

Les premières sont greffées sur les instincts élémen­ taires (293-296).

Ce sont les passions du boire et du manger (gourmandise et ivrognerie), -les passions sexuelles, -les passions de l'excellence, liées à l'instinct social.- Ces trois pas­ sions fondamentales peuvent elles-mêmes prendre des formes ou des aspects fort divers.

C'est ainsi que l'açarice, qui est la peur de manquer du nécessaire, se relie clairement à l'instinct alimentaire.

Il en va de même de J'alcoolisme.

L'ambition (qui peut atteindre un degré d'exaltation frénétique) est une forme évidente de l'instinct social.

La passion du jeu est un aspect de l'avarice et de la cupidité.

La jalousie est un état passionnel relevant de l'un ou l'autre des instincts élémentaires.

Le deuxième groupe, lié aux inclinations rationnelles (304- 308) est celui des passions supérieures, appliquées à la recherche du çrai, à la production du beau, au progrès du bien et de la justice, qui sont des expressions diverses d'une raison s'exerçant dans le sens de ses finalités essentielles.

Ces remarques devraient incliner à donner des noms différents à des choses aussi différentes que les pHssions sensib 1es et les passions rationneJies.

En effet, ces groupes sont spécifiquëTTIA'nt distincts et les passions qui les composent respectivement ne peuvent être caracté­ risées de la même manière.

Non seulement leurs causes sont diffé­ rentes, mais leurs effets peuvent être, et sont normalement, diamé­ tralement opposés.

Si, comme le mot l'indique, la pas~ion est un état dans Jequel nous sommes passifs, dominés, entraînés et submer­ gés, le terme de passion conviendra mal pour désigner les ardeurs généreuFes et puissantes que l'esprit déploie au service de la science, de l'art, de la charité ou de la religion, et qui sont éminemment le signe Pt l'ef.fet d'un dynamism~ rationnel et volontair'!.

Sans doute, le savant, l'artiste, le mystique parDissent-Ls souvent du dehors sollmis à l'automatisme tyrannique d'une idée.

Mais ce n'est là, pour la part la plus importante, qu'une pure apparence, car, chez eux, l'impérialisme de l'idée est l'œuvre d'une volonté tendue, avec une persévérante énergie, vers 'e but qu'elle s'est donné.

La passion sensible, au contraire, signifie proprement la victoire d· l'automatism~ afrectif sur la raison et la ">lonté.

Pour faire entrer ces deux catégories de sentiments passionnés dans un même groupe, il faut les ramener à l'exaltation d'une inclina­ tion devenue prrctominante, et c'est bien là ce qui semble a voir conduit le langage, c'est-ù-di1;e le sens commun, ù lem· donner le même nom.

Mais cette unification verbale a J'inconvénient gm ve de laisser de côté l'essentiel, et de dissinwler les pr·ofonùes dill'érences qui distin­ guent et opposent les passions sensibles et les passions rationnelles.. »

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