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Les qualités de l'artiste sont-elles celles de l'artisan ?

Publié le 02/08/2005

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Nous devons donc nous interroger sur le rapport au réel de l'artiste et de l'artisan pour voir si une autre de leurs qualités diffère.   III - Quelle vision du monde ?     «L'intérêt artistique se distingue de l'intérêt pratique du désir en ce qu'il laisse subsister son objet librement et pour soi, tandis que le désir l'emploie pour son usage propre en le détruisant ; d'un autre côte, la considération artistique se distingue de la considération théorique de l'intelligence scientifique parce qu'elle nourrit de l'intérêt pour l'objet dans son existence singulière, et ne travaille pas à le convertir en sa pensée et concept universels.» Hegel, Leçons sur l'esthétique, Introduction, II   ·         Ce texte nous en apprend sur l'artiste et l'artisan de façon indirecte. Il nous parle de l'intérêt porté à l'objet, du désir. Ce désir n'est pas exclusivement celui de l'artiste ou artisan, ils l'ont en commun avec le spectateur. C'est cependant une de leurs qualités, quand on la combine au savoir-faire. ·         Hegel démarque l'intérêt pratique, ou désir, d'un objet produit par le fabriquant. Ce désir détruit l'objet, car il le consomme, se contente de l'utiliser. Or, il n'y a pas d'utilisation instrumentale d'une oeuvre d'art : l'objet que l'artiste imite est considéré dans son existence singulière, et non utilitaire.

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les Corporations d’artisans regroupaient menuisiers, tailleurs, sculpteurs et peintres. On ne distinguait pas l’artiste de l’artisan, ils étaient réunis et politiquement représentés ensemble. Pour autant, les qualités de l’artiste sont-elles celles de l’artisan ? Ils ont tous les deux en commun un savoir-faire, celui de manipuler un matériau et de confectionner des choses matérielles. Mais une table artisanale n’est pas, en dehors des flatteries, considérée comme une œuvre d’art. Dès lors, quelles qualités faut-il avoir pour créer de l’art ? L’imitation est peut-être ce qui distingue l’artiste de l’artisan, ce qui le placerait en dessous de lui. Mais quelle sorte d’imitation ? Enfin, le rapport au monde des artistes et artisans sera interrogé.

« Problématisation : Jusqu'à la fin du XVIII e siècle, les Corporations d'artisans regroupaient menuisiers, tailleurs, sculpteurs et peintres.

On ne distinguait pas l'artiste de l'artisan, ils étaient réunis et politiquement représentés ensemble.

Pourautant, les qualités de l'artiste sont-elles celles de l'artisan ? Ils ont tous les deux en commun un savoir-faire, celuide manipuler un matériau et de confectionner des choses matérielles.

Mais une table artisanale n'est pas, en dehorsdes flatteries, considérée comme une oeuvre d'art.

Dès lors, quelles qualités faut-il avoir pour créer de l'art ?L'imitation est peut-être ce qui distingue l'artiste de l'artisan, ce qui le placerait en dessous de lui.

Mais quelle sorted'imitation ? Enfin, le rapport au monde des artistes et artisans sera interrogé.

I – L'artiste est un imitateur.

· Nous pouvons supposer que si l'artiste est considéré comme supérieur à l'artisan, c'est que son savoir-faire est supérieur. · Mais pour autant, le savoir-faire de l'artiste, qui produit des oeuvres multiples, ne peut être aussi accompli que celui d'un artisan réussissant toujours le même objet, jusqu'à la perfection. «Dans quel but l'art de la peinture a-t-il été créé pour chaqueobjet ? Est-ce en vue de représenter imitativement, pour chaque être, cequ'il est, ou pour chaque apparence, de représenter comment elle apparaît ?La peinture est-elle une imitation de l'apparence ou de la vérité ? – Del'apparence dit-il.

– L'art de l'imitation est donc bien éloigné du vrai, et c'estapparemment pour cette raison qu'il peut façonner toutes choses : pourchacune, en effet, il n'atteint qu'une petite partie, et cette partie n'est elle-même qu'un simulacre.

C'est ainsi, par exemple, que nous dirons que le peintrepeut nous peindre un cordonnier, un menuisier, et tous les autres artisans,sans rien maîtriser de leur art.

Et s'il est bon peintre, il trompera les enfantset les gens qui n'ont pas toutes les facultés en leur montrant de loin ledessein qu'il a réalisé d'un menuisier, parce que ce dessein semblera lemenuisier réel.

– Oui, assurément.

– Mais voici, mon ami, je présume, cequ'il faut penser dans ces cas-là.

Quand quelqu'un vient nous annoncer qu'ilest tombé sur une personne qui possède la connaissance de toutes lestechniques artisanales et qui est au courant de tous les détails concernantchacune, un homme qui possède une connaissance telle qu'il ne connaît rienavec moins de précision que n'importe quel expert, il faut lui rétorquer qu'il estnaïf et qu'apparemment il est tombé sur un enchanteur ou sur quelqueimitateur qui l'a dupé, au point de se faire passer pour un expert universel, enraison de son inaptitude propre à distinguer ce en quoi consistent la science, l'ignorance et l'imitation.

– C'est toutà fait vrai, dit-il.» Platon, République , Livre X, 598b-d · Nous voyons qu'alors que l'artisan fabrique une chose, l'artiste ne fait que l'imiter, et n'imite même que son apparence.

L'artisan serait donc l'imitateur d'une Idée, quand l'artiste n'atteint pas l'Idée dont la chose est unecopie.

L'artiste produit une copie de la copie selon Platon. Transition : Mais ce serait se limiter aux textes qui appuient un platonisme d'école, que de résumer l'artiste à l'imitateur d'une imitation.

La doctrine platonicienne est moins simple, et plus ambiguë.

Il existe d'autres textes surl'art, dont quelques-uns sont les sources d'inspiration de Plotin.

De plus, le fait que le savoir-faire de l'artiste ne soitque celui d'un imitateur rend compte de l'art figuratif qui existait à l'époque, mais non de l'art abstrait.

II – L'artiste est-il toujours le copieur d'une copie ? «L'ÉTRANGER : [...] je pense dès à présent apercevoir deux formes de l'art d'imiter ; mais dans laquelle se trouve l'aspect que nous cherchons, je ne me crois pas encore à même de le découvrir.

T HÉÉTÈTE : Commence toujours par me dire et par distinguer les deux formes dont tu parles.

L' ÉTRANGER : J'en vois d'abord une, qui est l'art de copier.

La meilleure copie est celle qui reproduit l'original en ses proportions de longueur, de largeur et deprofondeur, et qui, en outre, donne à chaque partie les couleurs appropriées.

T HÉÉTÈTE : Mais quoi ! est-ce que tous ceux qui imitent un modèle n'essayent pas d'en faire autant ? L' ÉTRANGER : Non pas ceux qui modèlent ou peignent des oeuvres de grande envergure.

Car s'ils produisaient les proportions réelles des belles formes, tu saisque les parties supérieures paraîtraient trop petites et les parties inférieures trop grandes, parce que nous voyonsles unes de loin et les autres de près.

T HÉÉTÈTE : Certainement.

L' ÉTRANGER : Aussi les artistes ne s'inquiètent pas de la vérité, et ne reproduisent point dans leurs figures les proportions réelles, mais celles qui paraîtront belles ;n'est-ce pas vrai ? T HÉÉTÈTE : Tout à fait.

L' ÉTRANGER : Or cette imitation, n'est-il pas juste, puisqu'elle ressemble à l'original, de l'appeler copie ? T HÉÉTÈTE : Si.

L' ÉTRANGER : Et, dans l'art d'imiter, la partie qui poursuit la ressemblance, ne faut-il pas l'appeler, comme nous l'avons déjà dit, l'art de copier ? T HÉÉTÈTE : Il le faut.. »

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