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Les sciences de la matière. — La méthode expérimentale.

Publié le 05/10/2017

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De l’une à l’autre de ces catégories, existent, comme l’on dit, des « passerelles ». Il n’en est pas moins vrai que, à chacune d’elles, correspondent des exigences particulières, des procédés spéciaux, des différences aussi dans l’ordre de la certitude. Prenons deux extrêmes : l’Astronomie et l’Histoire. Inutile d’insister sur ce qu’il y a de certain (humainement) dans l’une de ces sciences, où le calcul et la prévision présentent une parfaite rigueur (en ce qui concerne au moins la mécanique céleste), tandis que, dans l’autre, il y a parfois du conjectural dans l’établissement des faits, impossibilité de formuler des lois, donc impossibilité de prévision.

Or, revenons à la science, et plus spécialement aux sciences de la matière : certes, nous n'oserions prétendre qu’il ne reste plus rien à y « découvrir ». Pourtant, il serait naïf de supposer qu’un jeune savant, entrant dans la carrière, va se mettre demain en quête de faits inédits, comme quelqu’un chercherait un trèfle à quatre feuilles dans une prairie !...

 

Le schéma dont nous avons fait mention correspond donc — mais alors, il faudrait le dire ! — à la façon dont s’est faite la science, hier, et non pas à la façon dont elle se fait aujourd’hui.

 

Dans les sciences de la matière (et même ailleurs, en grande partie), \" les théories de chaque génération deviennent les faits de la génération suivante »... (G. BACHELARD).

 

UNE HYPOTHÈSE. — Oui. C’est exact, très souvent. Même dans le cas, visé ci-dessus, d’une recherche à partir des théories. Raisonnement hypothético-déductif : la théorie étant supposée vraie, telle conséquence encore inaperçue peut s’en déduire. Voyons. Expérimentons....

 

Mais n’existe-t-il pas des observations « à l’état pur »? Et même des expériences entreprises simplement dans le dessein de se rendre compte de phénomènes, sans aucune idée préconçue ? Va-t-on dénier la qualité de savant à celui qui étudie, par exemple, la faune sous-marine des profondeurs abyssales sans avoir la moindre idée de ce qu’il rencontrera ?

 

En Astronomie, quand Galilée, grâce à un télescope de son invention, découvre les satellites de Jupiter, où est l’hypothèse ? Et plus tard, quand des instruments perfectionnés et de très grande puissance permettent une exploration plus lointaine ?... Il y a observation et description. C’est tout, et c’est très bien... Inutile de multiplier les exemples ...

 

Que l’on n’aille point nous prêter, pour autant, la ridicule intention de sous-estimer le rôle des hypothèses. Nous demandons uniquement que le mot • savant • et le mot « hypothèse » ne soient pas associés de façon automatique, et que l’on apporte à ce propos, quelque discernement.

 

ÉNONCER UNE LOI. — N’allons pas trop vite ! Il ne pleut pas des lois à tout instant ! Et puis, nous l’avons vu, nous le verrons encore, la distinction entre fait et loi n’est pas nette. Mais il y a plus : Tout travail du savant n’aboutit pas nécessairement, fatalement à une loi. Il peut- aboutir à un petit fait très important. Même une expérience compliquée, comme celle de Michelson-Morlay

Ces diverses considérations nous conduisent à mettre en garde les étudiants contre quelques « clichés » que nous appellerons scolaires parce que, à l’Écrit ou à l’Oral du baccalauréat, les examinateurs les retrouvent continuellement, et, selon leur caractère, s’en irritent ou s’y résignent.

 

Notre propos n’est certes pas de compliquer ce qui paraît simple, ni d’exiger un effort de précision allant jusqu’à la subtilité. Au contraire, nous croyons que, ayant bien porté son attention sur les divers points que nous examinerons ensemble, le candidat verra plus clair, à mesure qu’il aura écarté les fausses simplifications, les généralisations maladroites...

 

Passons sans plus tarder à la critique de fâcheux lieux-communs, étant bien entendu que, délibérément, nous ferons allusion à des questions déjà vues, et que, sur d’autres, le programme nous fera' une obligation d’y revenir dans la suite. L’essentiel est de bien grouper, ici, les formules litigieuses.

« SCIENCES DE LA MATIÈRE.

- CONFUSIONS 81 de simpl ifications abusives.

C'est d'autant plus nécessaire que le programme de notre examen, s'il distingue, en dehors des sciences mathé matiques, les sciences de la matière , puis (plus loin) les sciences biologiques et enfin les sciences morales (Histoire, Psychologie, Socio­ logie), nous invite dès à présent à réfléchir sur la méthode expéri mentale.

·O r, la méthode dite« expérimentale » s'applique, en somme, avec des modalités différentes, aussi bien aux sciences de la matière qu'aux sciences biologiques, voire , sous certaines réserves, aux sciences morales.

III.

-LES « CLICHÉS ,, SCOLAIRES.

Ces diverses considérations nous conduisent à mettre en garde les étudiants contre quelques « clichés » que nous appellerons scolaires parce que, à l'É crit ou à l'Or al du baccalauréat, îes examinateurs les retrouvent continuellement, et, selon leur caractère, s'en irritent ou s'y résignent.

Notre propos n'est certes pas de compliquer ce qui paraît simple, ni d'e xiger un effort de précision allant jusqu'à la subtilité.

Au contraire, nous croyons que, ayant bien porté son attention sur les divers points que nous examinerons ensemble, le candidat verra plus clair, à mesure qu'il aura écarté les fausses simplifications, les généralisations maladroites ...

Passons sans plus tarder à la critique de fâcheux lieux-communs, étant bien entendu que, délibérément, nous ferons allusion à des questions déjà vues, et que, sur d'autr es, le programme nous fera' une obligation d'y revenir dans la suite.

L'essentiel est de bien grouper, ici, les form ules litigieuses.

1.

- Confusion de la science qui s'est faite et de la science qui se fa it.

Un « cliché » traditi onnel, repris même en de bons manuels, est le suivant : Le savant observe un fait, risque une_ hy pothèse, puis énonce une loi.

Eh bien, dira quelqu'un, n'est-ce pas exact ·? N'est-ce pas ainsi que les choses se passent ? - Sans doute.

Ce n'est pas absolument faux, et moins encore absurde .

Toutefois, c'est un schéma tellement simpliste qu'il a quelque chose de caricatural.

LE SAVANT.

-Quel savant ? Nous voulons dire, de quelle spécialité ? Est-ce un astronome, un physicien, un chimiste, un biologiste ? UN FAIT.

-Quel fait ? Ou, plus exactement, quel fait ...

non encore observé ? La science ne recommence pas du zéro, à chaque génér ation.

Ce qui était vrai à l'époque de Bacon, ou même plus tard (en Chimie, par exemple, avant Lavoisier; en Biolo�Jie, avant Claude. »

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