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Les sciences humaine sont-elles véritablement des sciences?

Publié le 08/02/2005

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— Lorsqu'on parle de sciences, on pense le plus souvent aux sciences exactes telles que les mathématiques, ou aux sciences de la nature, c'est-à-dire à toutes les disciplines ayant pour objet l'étude rigoureuse de la matière brute (la physique, la chimie, l'astronomie, etc.) et de la matière vivante (l'anatomie, la physiologie, la biologie).

— Les sciences humaines, ayant pour objet d'une façon générale l'étude des comportements humains, se manifestent essentiellement dans l'histoire, la sociologie, la psychologie.

L’interrogation sur les sciences humaines est susceptible d’emprunter deux directions : d’une part, les sciences humaines seraient véritablement scientifique en vertu de leur méthode ; d’autre part, en vertu de leur objet. Ainsi, il s’agit d’abord de déterminer s’il y a unité de méthode entre les sciences humaines et les sciences de la nature : en d’autres termes, une pratique scientifique uniforme permet-elle de dépasser l’antinomie entre l’homme (l’esprit) et la nature ? En retour, c’est l’objet des sciences humaines (homme ou esprit) qui se doit de questionner les prétentions des diverses sciences à la scientificité elle-même. En effet, nous nous demanderons si l’on peut-on se contenter de réduire les phénomènes sociaux à des faits naturels (Durkheim) ou bien si l’on peut-on simplement importer un modèle d’explication naturelle à l’objet singulier qu’est l’homme (Dilthey) ? Enfin, nous verrons si nous ne pouvons pas profiter de ce débat pour remettre en cause la scientificité elle-même ?

« Dans La crise de l'humanité européenne et la philosophie, le philosophe Edmund Husserl en vient à discuter la notion de scientificité elle-même.Contre une suprématie des sciences en tant que tel (l'objectivisme ou lepositivisme vaudrait mieux que le sujet) et, plus particulièrement, dessciences de la nature sur celle de l'esprit, Husserl rappelle que la scienceprésuppose un certain rapport de l'homme au monde.

Si la nature est l'objetdes sciences de la nature, l'homme en est le sujet. La critique de Husserl est donc double : premièrement, les sciences prônent un rapport objectif, c'est-à-dire neutre, au monde.

Or, en cela, ellesoccultent notre rapport au monde.

En effet, le monde environnant – la natureque la science étudie – est aussi notre monde, c'est-à-dire « uneconfiguration spirituelle, en nous et dans notre vie historique ».

Le monden'est jamais abordé de manière neutre, comme si aucun sujet ou aucuneconscience le percevait.

En dessous des sciences de la nature se trouvedonc l'esprit lui-même dans son rapport à la nature. Deuxièmement, les sciences de la nature ne sont que des productions de l'esprit humain, produites par les scientifiques qui travaillent ensemble.Elles ne peuvent donc pas servir de modèle aux sciences humaines.

Aucontraire, en tant que production spirituelles, elles doivent être expliquées parles sciences humaines.

Ce serait commettre une pétition de principe que detenter d'expliquer les sciences de la nature par leurs méthodes objectives ;en effet, il faudrait expliquer quelque chose (les sciences de la nature) par cequ'elles produisent (la méthode objective). Conclusion : S'il semble possible de traiter scientifiquement l'homme, sans donner trop d'importance au statut spécial qu'il possède dans le monde, c'est qu'il s'agit d'appliquer aux phénomènes sociaux les lois en vigueur dans les sciences dela nature.

Les sciences humaines sont alors scientifiques, mais au détriment de leur objet : l'homme. Cependant, il est possible de mettre l'accent sur l'homme et la compréhension qu'il requiert, tout en restant du côté de l'objectivité et de la scientificité : les signes laissés derrière lui par l'esprit (civilisations, cultures, etc.)sont aussi dignes d'interprétation que les faits naturels, puisque eux aussi s'enchaînent de manière systématique etnon fortuite. Toutefois, de telle revendication de scientificité s'appuie sur la ressemblance entre sciences de la nature et sciences humaines.

Celles-ci devraient copier les méthodes de celle-là.

Or, comme le montre Husserl, ce sont lessciences de la nature elles-mêmes qui sont des produits de l'esprit.

Bien loin de donner un statut scientifique auxsciences de l'esprit, les sciences de la nature y puisent leur substance.

Désormais, ce sont les sciences de l'espritqui apparaissent premières, non plus des simples dérivés des sciences de la nature.. »

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