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LES SOPHISTES

Publié le 24/02/2010

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 Les principaux furent Protagoras, Gorgias, Hippias et Prodicos. La recherche de la nature intime du monde était une tâche difficile. Les sophistes renoncent à cette ambition. Dédaigneux de la vérité, ils se contentent de la persuasion; ils délaissent la réalité pour les mots. Protagoras (485-411) déclare : « l'homme est la mesure de toutes choses «, il veut dire par là que tout jugement est relatif à celui qui l'énonce et à celui qui le reçoit. Il ne croit plus à la vérité, il ne croit qu'à l'opinion. Créer l'opinion, c'est-à-dire la conviction, même si elle n'est que subjective, lui paraît un but suffisant. Il enseigne à ses disciples l'art de démontrer une thèse puis la thèse contraire, Cette virtuosité dans le maniement du langage et de l'argumentation s'appelle la rhétorique.

Or à la même époque, à Athènes (c'est le siècle de Périclès), la plus grande société démocratique de l'Antiquité connaît son apogée. Or, la démocratie est un régime dans lequel on gouverne par la parole. C'est en persuadant le peuple, en entraînant sa conviction par une éloquence savante que les hommes politiques peuvent le conduire où ils veulent. On comprend alors pourquoi les sophistes trouvèrent à Athènes un public attentif. Tous ceux qui aspirent au pouvoir viennent suivre leurs leçons. Les sophistes ' ne sont plus des intellectuels désintéressés comme l'étaient les premiers philosophes; au contraire, ils se font payer très cher leur enseignement et obtiennent rapidement gloire et fortune. C'est contre leur goût de l'argent, leur désinvolture et leur insouciance de la vérité que réagiront Socrate et Platon.

 

« Il n'est pas d'usage dans les histoires de la philosophie de ranger les sophistes dans le groupe des présocratiques.D'une part parce que la plupart deceux qu'on l'on appelle ainsi sont les contemporains de Socrate, et non ses prédécesseurs.

D'autre part parce que,avec les sophistes, nous entrons dans un univers de pensée qui, par rapport à celui des présocratiques, changeradicalement de couleur et de musique.

Si nous englobons les sophistes dans l'ensemble présocratique, c'est parceque la rupture de pensée effectuée par Socrate fut avec eux aussi radicale que celle qu'il effectua par rapport auxprésocratiques. La manipulation de Platon contre les sophistes Le nom de sophiste a été de la part de Platon l'objet d'une manipulation qui a particulièrement bien réussi puisqu'ellecontinue de fonctionner de nos jours.

En grec, «sophiste» est un terme qui, dérivé de celui de sage (sophos, leradical qui figure dans philosophos) signifie à peu près la même chose que lui.

Un terme valorisant, par conséquent.Aujourd'hui, un sophiste estquelqu'un qui, par ses paroles et ses écrits, cherche à tromper les autres pour obtenir un avantage moral oumatériel.

Un sophisme est un paralogisme (un faux raisonnement) volontaire, délibéré, donc conscient (le sophismeest au paralogisme ce que le mensonge est à l'erreur). Comment est-on passé du sage au tricheur? La faute en revient à Platon qui poursuivait les sophistes d'unevéritable haine.

Ces hommes ont été dans l'histoire de l'Antiquité les premiers professeurs d'art oratoire et dephilosophie.

Certains d'entre eux ont acquis une renommée et une fortune considérables.

Aujourd'hui cette place estprise par les chanteurs et les sportifs.

On venait de très loin pour suivre les leçons des sophistes. Les préjugés de Platon Platon est un aristocrate qui a une vision inspirée, quasi mystique de la philosophie.

Pour lui, faire de la philosophieun objet d'enseignement - payé, qui plus est - est un avilissement, un véritable crime contre l'esprit.

Le débat, on lesait, est loin d'être clos entre ceux qui font de la philosophie un exercicegratuit de l'esprit et ceux qui y voient un métier.

Il y a ceux par exemple qui font une conférence sur le bonheurpayée 3000 euros devant 500 personnes et ceux qui font une communication gratuite devant leurs collègues surl'idéalisme transcendantal.Pour les sophistes, la parole et la pensée sont des pratiques qu'une technique appropriée peut entraîner, au senségalement sportif du terme.

De plus, ces hommes - Protagoras, Gorgias, Hippias, Prodicos - que Platon met enscène dans ses dialogues en prenant soin de forcer le trait jusqu'à la caricature, avaient des prétentions d'habiletéet de connaissance exorbitantes.

Ainsi Hippias se vantait-il de pouvoir tout faire et de tout savoir (voir p.

46-47).Mais Platon avait un autre grief contre les sophistes, et peut-être était-ce le plus important: politiquement, lessophistes appartenaient au camp des démocrates.

Ils croyaient sincèrement que n'importe quel citoyen pouvaitaccéder aux plus hautes charges de la cité comme accéder au savoir le plus noble.

Platon avait une conception quel'on dirait élitiste et hiérarchiquede la connaissance et du pouvoir; pour lui, un démocrate est forcément un démagogue et seul un philosophe mériteréellement de gouverner la cité.Enfin Platon, qui dans ses dialogues fait de Socrate non seulement le personnage central mais son porte-parole, abesoin pour l'économie de sa propre pensée de séparer radicalement son maître Socrate du groupe des sophistesauxquels les contemporains l'assimilaient sans difficulté.

Il y a d'ailleurs plus d'un trait commun entre le Socrate,même idéalisé, que Platon met en scène dans ses dialogues et les sophistes présentés comme des repoussoirs, desmodèles d'anti- et de non-philosophie. Les sophistes réhabilités Des travaux récents ont rendu justice à ces hommes qui, pour les modernes, présentent cette originalité d'avoir étéles premiers à considérer la pensée comme un fait de langage et non comme une force métaphysique qu'il s'agiraitde capturer dans un moment d'illumination.

Le relativisme et le scepticisme des sophistes, que Platon combattaitavec la dernière énergie, en font à nos yeux des contemporains.Deux idées les rendent particulièrement actuels: celle de la séparation de la loi humaine et de la nature et celle ducaractère conventionne! de la loi.

Y a-t-on suffisamment songé? Avec les sophistes, les mythes ne servent plusqu'à illustrer les idées, ils ne les disent plus.. »

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