Devoir de Philosophie

Les traits caractéristiques de la passion

Publié le 04/09/2015

Extrait du document

Nous avons vu comment Balzac -s’est appliqué à faire revivre le milieu et l’époque où se déroule ce drame de l a varice, et cela avec beaucoup de bonheur. On s’accorde en effet à reconnaître l’importance du facteur social et historique pour déterminer l’épanouissement de telle ou telle forme de passion. Fruit de dispositions« natives, cette force se spécifie différemment suivant la région, l’éducation, les événements.

 

D’une façon générale on peut dire que la pas-sion a sur le psychisme de celui qu’elle affecte une série d’effets antagonistes.

 

Si nouis examinons l’intelligence de M. Grandet, nous ne pouvons pas nier que son avarice ait développé en lui une logique, un sens pratique, une astuce merveilleuse : quand son or est en cause, il est génial à sa manière dans le commerce et dans l’usure. C’est ainsi qu’il y a chez le passionné débauche de lucidité et d’acuité mentale pour tout ce qui touche directement à l’objet propre de sa passion. Pourtant, M. Grandet ne comprend pas qu’il puisse y avoir pour l’homme d’autres intérêts que l’or; c’est pourquoi la mort de son frère « n’est rien «, l’important, c’est la ruine. C’est pourquoi encore il croit un temps qu’Eugénie a voulu faire un marché avantageux en échangeant son pécule contre un précieux dépôt que Charles, en fait, lui a confié. C’est ainsi que la passion asservit à soi la raison.

« LES É~IOTIONS ET LES PASSIONS 16i pour cette occasion une pièce d'or et de permettre une petite infraction au regime 1110nacal de la vie quotidienne; c'es-t d'ailleurs avec la plus grossière insistance - déjà peut-être inconscience - qu'il fait valoir cette caricature de générosité : " Puisque c'e·st la fête d'Eugénie ! " ce refrain scande toutes ses prodigalités.

Après le souper, de.s visiteurs viennent offrir leurs vœux à la jeune fille, tandis que la s-ervante Nanon .s'apprête à filer du chanvre à la cuisine; il va donc y avoir deux foyer~"! et deux chandelles allumés dans la mais·on ! Le maître rappelle Nanon dans la grande salle et coupe court à ses protestations sur la dignité des visiteurs : " .:\'e les vaux-tu pas bien, lui crie-t-il, ils s-ont tous de la côte d'Adam comme toi l " Mais ce n'est pas seulement le sens de.s convenances sociales et de la plus élémentaire amabilité qu'a perdu M.

Grandet.

Apprenant le soir même la ruine et la mort de son frère, il maîtrise vite un premier mouvement d'émotion et recherche aus.sitôt les moyens d'écarter rapidement un neveu habitué aUJ luxe, et de liquider ;;.ans bourse délier le pa.ssif du défunt.

La dureté de son cœur apparàît bien quand il annonce la chose à Charles son neveu : « Ton père est mort...

il s'est brillé la cervelle ...

Mais ce n'est rien ...

>> Et comme le jeune homme effondré ne descend pas pour diner : " Autant d'économisé "• dit-il.

Pour solder les dettes de ·son frère, il va mettre à contribution certaines gens qui voudraient bien marier leur fils à Eugénie; il négocie alors 1 'affaire avec une as-tuce impitoyable, dont il a d'ailleurs coutume d 'uiSer dans le·s- cas épineux; il feint de hégayer, de ne pas entendre, de ne pa.s comprendre, pour obliger son partenaire impatienté à montrer son jeu, à prendre les décisions où lui -même veut l'amener.

C~pendant, Eugénie a donné à Charles en partance pour les Indes le petit tré.sor que les cadeaux annuels de son père avaient fini par lui constituer.

On devine la colère de celui-ci quand il découvre la chose.

Il ne oonnalt plus ni sa fille, ni s-a femme; son or (ce mot revient à chaque instant sur ses lèvres), son or a été livré à un autre.

Il enferme Eugén'e dans sa chambre en la condamnant au pain et à l'eau, tandi·s que Mme Grandet, épuisée •par cet éclat, ·se voit la proie d'un mal qui ne pardonne pas.

L'avare vit maintenant solitaire et méprisé de tous ceux qui se doutent de l'affaire, mais il reste «inébranlable, âpre et froid c>.

Il s'adoucit pourtant en apprenant qu'Eugénie pourrait hériter des- biens de sa mère.

ll fait alors venir le médecin auprès de sa femme : « Sauvez-la, lui dit-il, quand même il faudrait dépenser pour cela fOO ou 200 francs ! n Après la mort de Mme Grandet, il obtient d'Eugénie un total renon­ cement, •son avarice croit avec son or si longuement amassé.

La .scène de sa mort est affreuse, car elle montre jusqu 'à quelle profon­ deur une passion mauvaise peut faire 1 'unité d 'rme vie : « Loi'Sque le curé de la paroisse vint l'administrer, ses yeux, morts en apparence depuis quelques heures, se ranimèrent à la vue de la croix, des chandelier•s•, du bénitier d'argent, qu'il regarda fixement ...

Lorsque le prêtre lui approcha des lèvres le cl'ucifix en vermeil pour lui faire baiser le Christ, il fit un épouvantable geste pour le s-aisir.

Ce dernier effort lui coûta la vie.

>> * * * De cette description, essayons de dégager par une nouvelle analyse les traits caractéristique·s de toute passi·on.

Nous œrrons ceux qui concernent. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles