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L'espèce humaine est-il le chef d'oeuvre et la fin de l'évolution ?

Publié le 27/02/2008

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L'évolution est le processus par lequel de nouvelles espèces apparaissent, changent en elles-mêmes et coexistent avec les précédentes.  Une espèce désigne un groupe d'êtres vivant possédant un fondement biologique invariant. L'espèce humaine par exemple se caractérise par la possession de pouces opposables, le fait de ne pas avoir la face prognathe et un conscience qui permet à l'homme d'être libre. Or si l'évolution est un processus durable qui irait vers le progrès, c'est qu'elle semble orientée vers une fin au double sens de but et d'achèvement : ce processus chercherait alors à s'achever en atteignant son but . Dans l'hypothèse de cette fin de l'évolution, l'homme au sein des autres espèces semble  un candidat convenable par ses facultés développées pour constituer la fin de l'évolution. Ainsi si l'évolution avait atteint son plein accomplissement avec l'homme, l'espèce humaine serait alors son chef d'oeuvre dans la mesure où il constituerait l'excellence finale de l'évolution. Cependant ne devons-nous pas suspecter l'homme de se favoriser lui-même dans un procès où il serait à la fois juge et partie ? A la question « quelle espèce est la fin de l'évolution ? », l'homme serait spontanément enclin à proclamer sa supériorité sur les autres espèces. Il conviendrait alors en dénonçant le préjugé anthropocentrique de reconnaître que l'homme n'est qu'une espèce parmi d'autres. Cependant il parait difficile de penser l'homme au niveau des autres espèces dans la mesure où il est le seul être à pouvoir se poser une telle question. Nous sommes alors confrontés à ce problème : l'espèce humaine accomplit-elle le processus de l'évolution ou bien n'est-elle qu'une espèce parmi d'autres elle-même vouée à être anéantie ?

« soupçonner qu'il n'est qu'une espèce parmi d'autres.

Ainsi il faudrait reconnaître et critiquer cette tendance àl'anthropomorphisme que Xénophon dans ses Silles 14 et 15 dénonçait au sein de la religion traditionnelle : de même que les dieux des Éthiopiens ont la peux noire et ceux des Thraces les cheveux rouges, les chevaux, s'ils savaientpeindre, représenteraient leurs dieux sous une forme identique à la leur.

Ainsi on peut radicalement invalider notreprétention à nous proclamer nous-mêmes fin de l'évolution dans la mesure où si elles pouvaient nous répondre, lesautruches feraient sans doute spontanément de même.

L'universalité de la vanité dénonce la relativité et lapartialité de ce jugement.

Ainsi il nous faut reconnaître que nous ne valons pas plus que d'autres espèces.

A la finde son Introduction à la psychanalyse , Freud énumérait les trois principales blessures que l'orgueil humai avait dû subir : tout d'abord, par la découverte de l'héliocentrisme, Copernic a montré que la terre n'était pas au centre del'univers, ensuite Darwin a montré que l'homme descend du singe, enfin Freud prouve que l'homme n'a pas la pleinemaîtrise de son être psychique par la découverte de l'inconscient.Ainsi l'homme ne peut définitivement être considéré comme la fin de l'évolution, il ne constitue qu'une espèce parmid'autres susceptible d'être anéantie dans le futur.

Cependant si nous peinons à rabaisser l'homme au niveau desautres espèces, c'est peut être que l'évolution n'est pas la perspective adéquate pour juger de sa grandeur.

III La grandeur de l'homme n'est pas dans l'évolution _ L'évolution n'est pas la perspective adéquate pour juger l'homme.

En effet, si l'espèce humaine est bien uneespèce biologique comme les autres, on peut dire que les hommes ne sont véritablement humains qu'en s'opposantaux principes de l'évolution.

En effet les espèces animales ou végétales évoluent, c'est-à-dire qu'elles engendrentd'autres espèces qui sont différentes et disparaissent en tant que telles sans^être pour rien dans ce qui viendraaprès elle Or l'évolution fonctionne sur le principe de la sélection naturelle : les caractéristiques des organismes lesplus aptes assurent les conditions de leur survie tandis que les moins aptes sont éliminés.

Mais quoique en pense lesreprésentants de cette aberration qu'est le darwinisme social, l'homme par la morale et la politique refuse cette loide suppression des moins aptes et invente des lois juridiques pour les protéger, par exemple pour les handicapés oules personnes âgées.

Le concept même de personne qui désigne la valeur de tout être raisonnable s'oppose àl'évolution biologique._ De plus l'homme en tant qu'il est un homme et non pas seulement une espèce animale parmi d'autres vit moinsdans l'évolution que dans l'histoire.

L'évolution et l'histoire ont en commun de constituer un changement dans letemps.

Mais en quoi diffèrent-elles ? Si par la loi de sélection naturelle, l'évolution tue les vivants, l'histoire faitvivre les morts.

En ce sens toute l'espèce humaine postérieure à la fixation de l'homo sapiens ne peut plus êtrepensée comme le résultat de l'évolution naturelle, mais comme un fait de culture.

Qu'est-ce que la culture ? Laculture désigne l'accumulation d'un héritage laissé par les morts qui permet aux vivants de construire leur vieprésente.

Nous n'existions en effet que par ce que les générations précédentes nous ont légué : la technique, l'art,les croyances, les idées, les institutions politiques, la langue … D'une certaine manière on peut affirmer avecAuguste Comte dans sa conclusion au Discours sur l'ensemble du positivisme intitulée « le culte systématique de l'humanité » : « les morts gouvernent le vivants ».La grandeur de l'homme réside sans doute dans ce fait : l'hommeest le premier être dans l'histoire de la vie terrestre qui n'est pas condamné à tout recommencer en naissant.L'humanité apparaît lorsque ce qu'un individu a fait toute son existence ne meurt pas avec lui, mais transmet unhéritage qui met les descendants vers plus de perfection .

La religion de l'humanité proposée par Comte célèbre lacontinuité de notre espèce, ce qui constitue une spécificité de l'homme par opposition à l'animal qui ne lègue pasd'héritage, ni ne commémore les membres les plus éminents de son espèce.

Ainsi le culte des grands hommes encélébrant l'histoire humaine nous sépare définitivement de l'évolution naturelle.

Conclusion : l'espèce humaine n'est pas le chef d'œuvre et la fin de l'évolution, elle n'est qu'une espèce parmi d'autres qui seraprobablement anéantie un jour par une autre espèce.

S'il faut se déprendre de notre préjugé anthropocentrique, ilest néanmoins possible de ne pas négliger la spécificité de l'espèce humaine qui réside dans sa capacité à vivre dansson temps et son monde propres : la culture et l'histoire.. »

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