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L'Etat doit-il être un moyen ou une fin ?

Publié le 27/02/2008

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• Hegel, Philosophie du Droit, pp. 257 et 258 : « L'État est la réalité de l'idée morale, l'esprit moral en tant que volonté révélée, claire à elle-même, substantielle... L'État, en tant que réalité de la volonté substantielle, réalité qu'il possède dans la conscience particulière élevée à son universalité est le raisonnable en et pour soi. Cette unité substantielle est but en soi absolu et immobile, dans lequel la liberté atteint son droit le plus élevé, de même que ce but final possède le droit le plus élevé envers les individus, dont le devoir suprême est d'être membres de l'État. » — Pour une compréhension approfondie de l'État chez Hegel, consulter le livre d'Eric Weil, Hegel et l'État (Vrin). • Marx, Contribution à la critique de la philosophie du Droit. Le problème posé par Marx est, dès l'abord, celui des rapports entre l'État et la société civile. Pour Hegel, la famille et la société civile (c'est-à-dire l'ensemble des intérêts particuliers : vie économique, sociale, etc.) sont vis-à-vis de l'État (c'est-à-dire de l'intérêt général) dans une situation de subordination et de dépendance. C'est l'État, l'incarnation de l'Esprit infini, qui se divise en sphères finies, la famille et la société civile. Donc, d'après Hegel, famille et société civile ne sont pas la base de l'État, mais des dépendances de l'État, des parties de l'État. Marx montre, au contraire, que la famille et la Société civile sont les fondements réels de l'État et que la propriété privée est la substance de l'État. Citation : « Mes recherches aboutirent à ce résultat que les rapports juridiques — ainsi que les formes de l'État — ne peuvent être compris, ni par eux-mêmes, ni par la prétendue évolution générale de l'esprit humain; mais qu'ils prennent au contraire leurs racines dans les conditions d'existence matérielles que Hegel, à l'exemple des Anglais et des Français du xviiie siècle, comprend sous le nom de « société civile » et que l'anatomie de la société civile doit être cherchée à son tour dans l'économie politique. »

« Mais cette conception ne fonctionne que si on considère que les individus sont d'emblée des êtres sociaux capables de vivre en société sans inconvénients.

Dans ce cas, la Cité est en effet naturelle dans le sens où elle necontraint pas l'homme.

Mais si on considère que les individus sont des être autonomes, libres, et indépendants, alorsnécessairement, leur rencontre engendre des conflits. C'est ce qu'explique Rousseau dans Le Contrat social.

En effet, selon lui l'état de nature est un état idéal tant que les hommes n'ont pas besoin d'avoir trop de contacts entre eux.

Mais dès lors qu'ils sont obligés des'assembler, ils entrent en guerre.

C'est alors que l'état de nature étant ainsi dénaturé, il leur faut trouver un moyenpour rétablir la paix : ce moyen est l'établissement d'un pacte social, et à terme d'un Etat.

Ainsi, pour Rousseau,l'Etat n'est pas une fin en soi, il a un véritable but, pallier les insuffisances de l'état de nature. Ainsi, le but ultime de l'Etat est de faire en sorte que la coexistence entre les individus soit pacifique sans pour autant nuire à la liberté qui existait à l'état de nature.

Il s'agit de parvenir avec l'Etat à retrouver la liberté del'état de nature : « trouver une forme d'association par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'àlui-même et reste aussi libre qu'auparavant.

» CS, I, IV.

Cette liberté est possible grâce au pouvoir de la volontégénérale.

L'individu qui décide de s'unir à tous les autres s'associe avec eux grâce à un contrat d'association, ou unpacte social.

Les citoyens décident des lois qu'il faut créer, et y obéissent en tant que sujet.

Les individus sontainsi libres car ils créent la loi et en même temps la respectent, car obéir à la loi que l'on s'est donné à soi-même estliberté. L'Etat pour Rousseau n'est donc pas une fin en soi, il a pour but de pallier les inconvénients de l'état de nature dénaturé (lorsque les hommes sont obligés de vivre ensemble alors que ce n'est pas dans leur nature).

Il doitsauvegarder la liberté. III/ L'Etat est une idéologie : Même si l'Etat chez Rousseau n'est pas à proprement parler "minimaliste", comme ce sera le cas chezLocke, il n'en reste pas moins que le but de celui-ci est tout de même de faire en sorte que les individus vivent àl'état civil avec les mêmes avantages qu'à l'état de nature.

Mais l'Etat n'est pas forcément vu par tous les penseurscomme étant une institution permettant effectivement la vie des hommes en société. C'est ce que pense Marx dans Le Capital.

En effet, selon lui, l'Etat n'est pas ce qu'il prétend être, à savoir une institution qui garantit la liberté et donc l'égalité de tous les citoyens.

Au contraire, l'Etat a pour finl'asservissement des individus, il est une idéologie (ensemble de représentations destinées à justifier les intérêts dela classe sociale dominante économiquement.) Il s'agit de présenter l'intérêt particulier des dominants commel'intérêt universel.

Autrement dit, l'Etat se fait passer pour nécessaire alors que ce n'est pas le cas, il dit servir lesintérêts de tous, alors que ces intérêts ne sont en réalité que les intérêts de quelques uns.

Le peuple s'est donc faitmanipulé, puisque les dominants ont en plus présenté leur domination comme anhistorique, naturelle, et doncincritiquable. L'Etat n'est donc pas une fin en soi, il a été créé pour servir les intérêts des dominants.

Son mécanisme n'a pour Marx jamais été remis en question, si bien qu'il fonctionne désormais par habitude. Conclusion : L'Etat n'est jamais considéré comme une fin en soi ; étant artificiel – il a été fondé par l'homme, sa créationcorrespond toujours à un besoin précis.

Mais peu à peu, les choses peuvent se réifier, et l'institution ne tourne alorsplus que de manière mécanique, oubliant ses motivations premières.

La question de l'utilité de l'Etat doit donc sanscesse être repensée pour qu'il puisse agir au mieux, et correspondre aux besoins des individus.. »

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