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L'État doit-il faire régner la justice ?

Publié le 18/03/2004

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justice

VOCABULAIRE: Règne: c'est l'exercice du pouvoir souverain dans la totalité d'un royaume. ÉTAT: 1) Avec une minuscule, manière d'être, disposition (un état d'esprit).2) Avec une majuscule, un ensemble d'individus soumis à une même autorité politique, ou plus précisément cette autorité politique elle-même. L'État c'est le gouvernement et l'ensemble des structures par lesquelles il manifeste son autorité.

1 - Le mot « justice « désigne-t-il ici les institutions judiciaires ? Dans ce cas, que peut signifier l'expression « faire régner la justice « ? 2 - Si le mot « justice « désigne l'idée morale de justice, dans quels domaines de la vie sociale serait-il souhaitable de la faire régner ? 3 - Par quels moyens l'État peut-il avoir une action efficace ? 4 - Quels arguments justifient que ce n'est pas le rôle de l'État ? 5 - La poursuite de ce but peut-elle porter atteinte à d'autres valeurs que la justice ?

justice

« INTRODUCTION • Tout groupe humain a besoin de justice.

Mais comment assurer le règne de cette dernière ? Peut-on en fonderl'existence sur les réactions individuelles, doit-on au contraire admettre que la justice n'existe réellement qu'entoute indépendance des réactions subjectives et sentimentales, c'est-à-dire lorsqu'elle est organisée de façon «froide », collectivement ? Dans ce cas, est-ce à l'État de la faire régner ? I.

La justice ne peut dépendre du seul sentiment • La conception de la justice sur laquelle Platon élabore sa République n'est plus la nôtre : si pour lui la Cité estjuste dès lors qu'elle attribue à chacun de ses membres la place qui lui revient selon sa nature, la penséecontemporaine n'admet plus que les citoyens doivent être initialement distingués par leurs différentes natures.

Maisdès Platon s'affirme fortement l'idée que l'organisation de la justice appartient à la collectivité (même si celle-ci estorganisée par quelques-uns, qui sont les philosophes). • Que pourrait être en effet une justice attribuée par un sujet ? Elle serait nécessairement sous la dépendance del'affectivité, du désir de vengeance, du ressentiment éventuel.

N'est-il pas, en un sens, « normal » que, si je subisun dommage, j'aie le désir que ma situation soit rééquilibrée par la punition du coupable ? Mais de cette réactionsubjective immédiate à la justice, il peut exister une grave différence : s'il est vrai qu'existe en un sujet un «sentiment de justice », celui-ci risque de se transformer aisément en « soif de vengeance », et doit laisser place àun équilibre des délits et des sanctions qui ne peut dépendre que d'une décision collective, et non individuelle.

Fautede quoi la justice risque de régresser vers une pseudo « loi du talion », alors même que son évolution historique vadans une tout autre direction. • Il est de surcroît notable que, si l'exercice de la justice dépend d'un seul, celui-ci peut la rendre dans son seulintérêt.

Au lieu de rééquilibrer les situations, elle aboutirait alors à augmenter les différences et les inégalités, ce quiserait pour le moins contradictoire. II.

L'intervention de la loi et de l'État • La justice ne peut socialement être exercée que relativement à un ensemble de lois.

Or celles-ci sont décidées parle pouvoir étatique.

Dans cette optique, c'est l'État démocratique qui semble le mieux à même de faire régner lajustice, puisque, par définition, il doit être le représentant de l'ensemble des citoyens, au lieu de ne représenter queles intérêts d'un monarque (justice d'un seul) ou d'une minorité (justice intéressée, qui s'exercera aux dépens desautres groupes). • La démocratie doit sur ce point respecter une stricte séparation des pouvoirs, de façon que le judiciaire ne puisseêtre confondu ni avec le législatif, ni avec l'exécutif.

Cette séparation est à réaliser sous la forme d'une réelleindépendance du judiciaire relativement à l'exécutif, puisqu'en cas contraire, les interventions de ce dernieraboutiraient à nier l'égalité de tous devant la loi. • Lorsque l'État n'est rien de plus qu'une dictature, on constate précisément :— une emprise de l'exécutif sur le judiciaire (les juges sont aux ordres du pouvoir) ;— une « justice » qui s'effectue aux dépens de tous les opposants (cas du régime nazi, ou du stalinisme : les procèssont organisés et truqués par le pouvoir, les condamnations sont programmées à l'avance, etc.) III.

De quelle justice peut se charger l'État ? • D'un point de vue marxiste, tout Etat ne représente cependant que les intérêts d'une classe dirigeante, et ladémocratie elle-même n'échappe pas à cette critique : la vraie justice ne pourrait donc exister qu'après ladisparition de l'État comme structure de contrainte, c'est-à-dire dans la société communiste du futur.

Cettesociété, qui ne concernerait que des « hommes nouveaux » en ceci au moins qu'ils ne connaîtraient plus aucuneforme d'aliénation, accéderait à une justice totale, qui ne signifierait plus seulement l'application de lois égales pourtous, mais de surcroît une égalité radicale de tous les individus en eux-mêmes. • La justice telle que la définit la loi ne constitue en effet qu'un aspect, même s'il est important, de la notion : ellelaisse de côté la réalité des injustices sociales, l'inégalité entre les situations, les différences entre classes, lesécarts éventuellement produits par la division du travail et la répartition inégalitaire des tâches, etc. • Autrement dit, l'égalité de tous devant la loi ne signifie pas une égalité complète entre tous les citoyens.

Aumaximum, l'État (démocratique) ne peut garantir qu'une égalité des chances données initialement à chacun, maisnon une égalité dans les performances ou les résultats.. »

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