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L'Etat est-il l'ami ou l'ennemi de l'individu ?

Publié le 15/04/2009

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INDICATIONS DE LECTURE • Méditer ce texte de Marx et Engels. "C'est justement cette contradiction entre l'intérêt particulier et l'intérêt collectif qui amène l'intérêt collectif à prendre, en qualité d''État, une forme indépendante, séparée des intérêts réels de l'individu et de l'ensemble et à faire en même temps figure de commui auté illusoire, mais toujours sur la base concrète des liens dans chaque conglomérat de famille et de tribu, tels que liens existants du sang, langage, division du travail à une vaste échelle et autres intérêts; et parmi ces intérêts nous trouvons en particulier, comme nous le développerons plus loin, les intérêts des classes déjà conditionnées par la division du travail, qui se différencient dans tout groupement de ce genre et dont l'une domine toutes les autres. Il s'ensuit que toutes les luttes à l'intérieur de l'État, la lutte entre la démocratie, l'aristocratie et la monarchie, la lutte pour le droit de vote, etc., etc., ne sont que les formes illusoires sous lesquelles sont menées les luttes effectives des différentes classes entre elles [..,] Précisément parce que les individus ne cherchent que leur intérêt particulier, — qui ne coïncide pas pour eux avec leur intérêt collectif, l'universalité n'étant somme toute qu'une forme illusoire de la collectivité, — cet intérêt est présenté comme un intérêt qui leur est « étranger «, qui est « indépendant « d'eux et qui est lui-même à son tour un intérêt « universel « spécial et particulier, ou bien ils doivent se mouvoir eux-mêmes dans cette dualité, comme c'est le cas dans la démocratie." L'Idéologie allemande (Éditions Sociales) p. 61 et 62 • Le Contrat Social de Rousseau. • La Liberté, choix de texte de Bakounine (Pauvert).

- État -. ensemble des organes juridiques et administratifs d'une société. Distinct de la Nation (communauté naturelle), mais aussi du Pouvoir (plus général que l'État). Société organisée, dotée d'un gouvernement et d'organes administratifs.  - Ennemi : qui nuit, adversaire, en guerre contre, etc.  - Liberté:  manière d'être de celui qui n'est pas contraint ;  manière d'être de celui qui jouit des institutions d'une cité ;  manière d'être de celui juge consciemment, etc.

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« Un seul homme ne pourrait jamais asservir tout un peuple sans une chaîne d'intermédiaires grâce à laquelle « letyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres ».

Le secret de la domination réside en effet dans lacomplicité des « tyranneaux », ces « mange-peuples » qui soutiennent le tyran pour satisfaire leur ambition et leurcupidité.

Chaque maillon de la chaîne accepte d'être tyrannisé pour pouvoir tyranniser à son tour, démultipliant ainsila relation de domination jusqu'à enserrer toute la population dans le filet du tyran. [2.

Haine de l'État et méconnaissance du politique]Ceci pourrait conduire, à l'inverse, à un sentiment d'hostilité envers l'État.

Source presque inévitable d'oppression àtravers la manipulation du sentiment d'appartenance et de « l'amitié », ne devrait-il pas plutôt être considérécomme « l'ennemi »? D'autant plus que, par ailleurs, il demande des sacrifices à l'individu, à la fois en limitant sesprojets par des cadres juridiques, en lui imposant des impôts, une formation scolaire, etc.

Il s'agirait donc de limiterau maximum le pouvoir et le rôle de l'État, voire de le faire disparaître complètement afin que « chacun » ne l'ait pluscomme « ennemi ».

C'est la thèse de penseurs anarchistes comme Stirner qui dénonce le rôle répressif et restrictifde l'État et prône sa disparition pure et simple.

Dans L'Unique et sa Propriété, son analyse est sans nuances: «L'État ne poursuit jamais qu'un but: limiter, enchaîner, assujettir l'individu, le subordonner à une généralitéquelconque.

Il ne peut subsister qu'à condition que l'individu ne soit pas pour soi-même tout dans tout; il implique detoute nécessité la limitation du moi, ma mutilation et mon esclavage.

» Néanmoins, de par ses excès, cette positiondévoile elle-même un lien affectif envers l'État, sur le modèle de la révolte contre l'autorité du père à l'adolescence.Il y a quelque chose de réactif, presque d'immature ou du moins d'irresponsable dans cette visée.

En effet, l'Étatpeut garantir aussi la formation équitable des citoyens grâce à l'École publique et gratuite, assurer la protectionsociale, la sécurité, etc.

Par ailleurs, aucun individu n'a à être « tout dans tout »: il doit à autrui une bonne part deses connaissances, de son équilibre, de son enrichissement.

Tout individu est lié aux autres par de multiples liens.Ainsi, ce serait méconnaître la dimension politique et la nécessité de garantie d'un espace public et commun pourtous que de vouloir supprimer l'État.

Sans lui, les libertés d'expression, de conscience, de circulation ne pourraientêtre assurées.

Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il les respecte toujours. [3.

De troubles origines inconscientes]Cela dit, comment expliquer la persistance de ces sentiments contraires et leur vivacité? La réflexionpsychanalytique de Freud sur l'État permet de trouver une explication pertinente à ce phénomène, qui aurait sesorigines dans notre psychisme inconscient.

Depuis l'enfance, nous avons selon Freud la nostalgie du père protecteursur lequel nous appuyer et qui nous protège.

Ancrée dans notre inconscient, cette « figure » paternelle peut ensuitese fixer sur le représentant de l'État, avec lequel nous entretenons alors des liens affectifs sur le modèle de larelation au père.

Or, ceci correspond bien à l'ambivalence (deux composantes de sens contraire) du rapport del'homme à l'État que nous évoquions précédemment: d'un côté l'attachement, de l'autre la haine et le rejet.

Latendance au lien affectif trouverait donc sa source dans l'inconscient.

« Nous savons qu'il existe dans la massehumaine le fort besoin d'une autorité que l'on puisse admirer, devant laquelle on s'incline, par laquelle on est dominé,et même éventuellement maltraité.

La psychologie de l'individu nous a appris d'où vient ce besoin de la masse.

C'estla nostalgie du père, qui habite en chacun depuis son enfance », écrit Freud dans L'Homme Moïse et la Religionmonothéiste.

Sans nous en rendre compte, puisqu'il s'agit de phénomènes inconscients, nous transposons le type derelation au père à la relation avec l'État et son dirigeant, soit dans le sens de l'amour, soit dans celui de la haine. [II.

Comment fonder ce rapport sur une base rationnelle?] Il importe donc de démonter ce mécanisme, de prendre de la distance par rapport à lui afin de nous affranchir d'unlien affectif obscur avec l'autorité de l'État. [1.

Le lien politique n'est pas de sentiment] Pour cela, il est avant tout nécessaire de souligner que le lien politique n'est pas de sentiment mais de raison.

UnÉtat n'est pas une famille et les liens qui unissent les citoyens ne doivent pas être conçus sur un modèle affectif.C'est pourquoi les termes « ami » et « ennemi » sont trompeurs, de même que de nombreuses métaphoresconcernant les liens politiques.

Dans ses Propos sur les pouvoirs, Alain souligne très fortement le danger qu'il yaurait à se laisser prendre par les métaphores et à confondre État et famille.

« Les métaphores ne changent pointles choses.

On dit que les hommes sont frères, mais cela n'est point.

Cette communauté de sang, cette vie d'abordprotégée par un double pouvoir reconnu et aimé, c'est justement ce qui n'est point entre deux hommes qui n'ont pasle même père et la même mère.

On peut imiter le sentiment fraternel, et cet effort est beau, soit dans l'amitié, soitdans le voisinage, soit dans l'exercice de la charité universelle, mais il y manque la matière première, que la natureseule peut fournir, et que rien ne peut remplacer.

» La « matière première », ce sont les sentiments vivants etcharnels qui se créent dans l'intimité familiale, la famille étant la seule communauté naturelle orientée d'abord pardes finalités biologiques.

L'État, en revanche, est une création artificielle.

Les liens entre ses membres ainsi qu'entrecitoyens et dirigeants ne sont pas des liens d'amour ni de bienveillance comme entre parents et enfants.

Il s'agitd'une institution qui transcende les intérêts particuliers et donc les attachements immédiats et sentimentaux.

Grâceà cela, il peut constituer un cadre commun quelles que soient les sensibilités communautaires, religieuses,régionales, politiques, etc. [2.

L'État comme cadre de l'universel]C'est pourquoi nous pouvons dire avec Hegel que l'État est une réalisation de la raison, une incarnation(concrétisation) de son exigence d'universalité.

Tant que les individus agissent dans le cadre de la famille, et mêmedans leur vie professionnelle, ils recherchent uniquement leur intérêt particulier, leur profit personnel.

Or, l'être. »

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