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L'État est-il l'ennemi de la liberté ?

Publié le 15/01/2005

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b) L'Etat de droit Plus généralement, l'Etat de droit, dont la conception se précise aux XVIIe et XVIIIe siècles, tente de concilier l'exigence de liberté individuelle et la nécessité de lui donner des cadres qui la garantissent. L'Etat est conçu comme l'émanation de la volonté de chacun (cf. Fiche Bac 173) lorsqu'elle a pour but l'intérêt général. Il est également pensé comme le défenseur des droits innés de l'individu, qu'il ne peut aliéner. Il s'opère donc une conciliation qui vise à conjurer la puissance étatique en la mettant au service de l'individu. Ceci est obtenu par un double mécanisme qui, d'une part ne fait pas dépendre la liberté de l'Etat, à l'origine, et qui, d'autre part, rend l'Etat garant de cette liberté (formulée en termes de droits : déclaration de 1789). c) Les ambiguïtés de l'Etat de droit Dans les perspectives sommairement évoquées ci-dessus, l'Etat, loin d'être conçu comme un ennemi de la liberté, est au contraire l'institution qui rend possible son exercice. Néanmoins cette conception n'est pas dépourvue d'ambiguïtés, dont on peut citer quelques exemples : * Pratiquement, l'Etat acquiert une autonomie et une indépendance qui peuvent devenir dangereuses et conduire à la mort du corps politique (cf : le chapitre intitulé ainsi le Contrat social). * En cas de litige, qui départagera le citoyen et la puissance étatique ? Locke, comme Rousseau, envisagent le problème, sans donner de solutions satisfaisantes, du moins qui garantissent la liberté individuelle.

« a) Rappel sommaire de la conception hégélienneHegel considère que l'Etat ne résulte pas d'un contrat passé entre lesindividus, mais qu'il est une entité autonome, qui leur préexiste.

Les individusne prennent conscience d'eux-mêmes qu'au sein du groupe, ils n'existent quedans et par l'Etat.

Mieux même, l'Etat qui incarne la « Raison en acte », estl'horizon indépassable ; c'est en son sein que peut prendre tout son sens laquestion de la liberté.

Elle ne résulte que de l'évolution de l'humanité, et nond'une quelconque nature de l'homme.

Elle n'est pas une donnée, mais undevenir, qui se relie étroitement à la progressive maîtrise que l'humanitéacquiert sur le monde et, par conséquent, sur elle-même.

L'Etat est doncproducteur de liberté, mais on voit que le sens du terme liberté est trèsdifférent de l'analyse précédente. «L'État, comme réalité en acte de la volonté substantielle, [...] est lerationnel en soi et pour soi [...] dans lequel la liberté obtient sa valeursuprême.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit (1821). • Hegel se situe ici dans la lignée d'Aristote, pour qui l'homme ne réalise sanature d'homme que dans la cité: c'est dans l'État que l'esprit de l'hommes'objective, sort de sa subjectivité restreinte pour se hausser au niveau de lacollectivité et de l'histoire.

Par l'État, l'homme parvient au-delà de sa simpleindividualité.• C'est pourquoi ce n'est que dans et par l'État que l'homme réalise vraiment sa liberté.

Cela peut paraître paradoxal,puisque l'État impose ses lois à l'individu.

Mais le rôle de l'État n'est pas seulement répressif: c'est l'État qui fait del'individu un sujet de droit. Dans les Principes de la philosophie du Droit, Hegel définit l'État comme unité réelle d'une nation.

L'État ne résultepas de la libre association des individus.

Au contraire, ceux-ci ne sont libres que s'ils sont soumis à l'autorité d'unÉtat qui seul confère un sens à leur existence. Problématique.Le but de l'État n'est pas de défendre les intérêts individuels.

Au contraire, les individus n'existent que par l'État.Seule compte en effet l'existence objective et universelle.

Or, l'universel n'est accessible que par l'État. Enjeux.La rationalité de l'État réside dans l'union des libertés subjectives qui se déploient dans la liberté objective de l'État.Les conditions historiques concrètes des États ne nous apprennent rien sur l'essence du concept d'État qui seulecompte. b) Remarque sur la conception hégéliennePour admettre une telle vision, il faut admettre la thèse centrale de Hegel : l'accomplissement progressif de l'hommeau cours de l'Histoire.

Mais une telle hypothèse peut conduire à légitimer toute forme d'Etat pourvu qu'il soitinstrument de cet accomplissement, même au détriment d'individus particuliers.

On se référera ici à un excellentexemple de ce débat : De la tyrannie de Léo Strauss, et particulièrement à la discussion de l'auteur avec A.

Kojève,philosophe disciple de Hegel. c) Les dangers de l'Etat omnipotentDans la pratique, de nombreuses conceptions modernes de l'Etat ont voulu subordonner totalement les initiativesindividuelles à la réalisation des desseins de l'Etat.

Les différentes doctrines fascistes, par exemple, nientl'importance de l'individu et souhaitent le voir se fondre dans la collectivité, au nom d'une ambition supérieure.

Sansvouloir établir un lien précis, ce qui serait erroné, entre les thèmes hégéliens et les formes extrêmes que furent, parexemple, les systèmes fascistes, il est certain, cependant, qu'une prééminence de l'Etat soumet l'individu à unedomination qui peut apparaître comme contraire à sa liberté.

Même dans les formes dites « libérales » ou «démocratiques », ce danger n'est pas absent, d'autant plus que, dans ce cas, ces caractéristiques ne sont peut-être qu'un leurre. 3 - L'Etat, ennemi absolu ? a) Le refus libertaireLes théories libertaires du xixe siècle récusent tout à la fois l'héritage libéral et l'idée d'un état instrument de laliberté.

Pour un homme comme Proudhon, l'Etat, quelle qu'en soit la nature, est un facteur d'oppression parce qu'ilenferme l'individu dans un ensemble de règles et de contraintes qui l'empêchent de s'affirmer.

Le discoursantiétatique s'affirme avec des variantes dans différentes formes d'anarchisme, chez Stirner ou Bakounine.

Ici, lerejet est total : l'Etat est au service des propriétaires dans la société capitaliste, il deviendrait l'origine de nouveauxprivilèges dans une société nouvelle, il faut donc le détruire sans retour.. »

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