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L'éternel retour comme libération de la volonté chez F. NIETZSCHE

Publié le 09/01/2020

Extrait du document

nietzsche

 

Le vouloir, tel est le nom du rédempteur, du messager de joie; c’est là ce que je vous ai enseigné, mes amis. Mais apprenez ceci encore : le vouloir lui-même est captif. [...] « C’est du passé, c’est un fait » - parole qui remplit de contrition et de douleur le vouloir en sa solitude. Impuissant contre tout ce qui est révolu, il regarde avec hostilité tout le passé.

Le vouloir ne peut rien sur ce qui est derrière lui. Ne pouvoir détruire le temps ni l’avidité dévorante du temps, telle est la détresse la plus solitaire du vouloir.

Vouloir est délivrance; qu’est-ce que le vouloir invente pour s’affranchir de sa détresse et se rire de sa prison ? Hélas ! tout prisonnier devient fol ! Follement aussi le vouloir captif se libère.

Que le temps ne puisse revenir en arrière, c’est là son grief. Le « fait accompli » est le roc qu’il ne peut déplacer. Alors il roule des blocs de dépit et de colère et se venge de tout ce qui ne ressent pas comme lui dépit et colère.

Que devient l'avenir lorsqu'il n'est plus que du passé ? La fuite du temps peut-elle engendrer autre chose que du dépit, du ressentiment, de la rancune ? Contre cela, Zarathoustra-Nietzsche enseigne que la volonté peut se libérer de son désir de vengeance en désirant le retour de ce qui fut, libéré de ses éléments négatifs.

nietzsche

« C'es t ainsi que le vouloir libéra teur se fait malfaiteur, et sur tout ce qui est apte à la souffra nce il se venge de ne pouvoir reve­ nir en arrière.

C'est là la vengeance même; le ressent iment du vouloir contre le temps et l'irrévocable passé.

( ...

] Je vous ai détournés de cette ritourne lle en vous enseignan t : Je vouloir est créateur.

Tout Cé qui fut n'e st que fragm ent, énigme et horrible hasard, jusqu'au jour où le vouloir créa teur déclare : « Ma is je le veux ainsi.

Et je Je voudrai ainsi» .[ ...

] Ce que doit vouloir le vouloir qui est vouloi r de puissance dépasse toute réconci liation [et veut) Je reto ur de tout ce qui fut.

F.

NIETZSCHE, Ainsi parlait Z.arathoustra, Il, De la rédemption, trad .

G.

Bianqu is, Aub ier, pp.

51-52.

Po\JR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE .

Nietzsche montre ici en un premier temps que la volonté créatrice, force du projet, du dés ir, ne peut que se heurter à la fuite du temps , à son irr éver sibilité , qui figent en passé ce qui fut au départ nouveauté et fraîcheur de l'événement .

C'es t ainsi que la plupa rt des hommeS' conço ivent aigreur et grief contre le tem ps lui-m ême, contre « tou t ce qui est révo lu », car le passé, dans la mes ure même où il ne peut reven ir, appa raît comme la marque de leur impu issance.

À quoi bon un devenir qui se fige et disparaît? Le vouloir se sent captif de la prison du temps, et il rêve de vengeance cont re le « roc du fait accomp li».

C'est ainsi que progressivement, la volonté qu i est au départ force de liberté se mue en une puissance malfaisant e de colère et de hargne co ntre toute joie et toute créatio n.

Y a-t-il un e manière de libér er à nouveau la volonté de son rapport négatif au temp s? Exis te-t- il une manière de réconci lier le vouloi r avec lui-mê me? Zarathous tra appor te une réponse affirmative à ces quest ions .

Cer tes, le temps passé ne reviendra plus, et Pu rtant, quelque chose, en lui, est suscept ible de faire retour , c'est là l'étrange et para­ doxale vérité du temps.

La volon té do it se demander : « voudrais- je le retour de ce que j'ai vécu, le voudrais-je une infinité .de fois? » Cette réa ffirm ation du pass é par. »

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