L'éternité est-elle désirable ?
Publié le 11/02/2016
Extrait du document
Conclusion
ans les moments où nous vivons le plus intensément, comment ne pas souhaiter durer éternellement? Comment concilier l'amour, l’action, les grands idéaux, la joie et l'espérance avec l'idée déprimante que nous sommes irrémédiablement destinés à retourner au néant? De nombreux philosophes, pas forcément croyants, de Platon à Spinoza, ont souligné que si le corps mourait, l'esprit, lui, avait une intuition de la vie éternelle. Même les plus sceptiques admettent que nous vivons de fait comme si nous devions toujours exister. Il semblerait donc
qu'il soit contraire non seulement au sentiment mais aussi à la raison de souhaiter sa propre fin et de ne pas vouloir «persévérer dans son être», selon l'expression de Spinoza. Les souvenirs, les rêves, les sentiments, pour lesquels le temps n'existe pas, nous prouvent que certains aspects de l’existence humaine échappent au temps. Peut-être sont-ils un avant-goût de ce que pourrait être l'éternité après ce que l'on appelle la mort, laquelle n'est peut-être qu'une nouvelle et inconnaissable transformation de la conscience.
«
Il ne faut pas désirer être éternel
La condition humaine se caractérise par la finitude et la
sagesse consiste à l'accepter.
Vouloir vivre éternellement est
une chimère qui risque de nous faire passer
à côté de notre
vie humaine.
Seuls les mégalomanes se croient immortels.
La vie n'a de sens
que finie
C
omme l'a souligné
Heidegger, 1' exis
tence humaine se carac
térise par la conscience
de la finitude irrémé
diable de notre destinée.
«!:éternité n'est guère plus
longue que la vie.» René Char,
Feuillets d'Hypnos
L'homme est un «être
pour la mort», et c'est
parce qu'il se sait péris
sable qu 'il pense, aime,
souffre, vit passion
nément et s'efforce de
donner un sens à une
vie qu 'il sait unique
et irremplaçable.
Un
homme qui se saurait
éternel ne serait plus un
homme .
Nous ne sommes
pas faits pour
l'éternité
1
maginons un instant
que nous soyons éter
nels, si cela est possible.
Nous serions une
conscience qui ne ces
serait jamais .
Où
«vivrions»- nous, si l'on
sait que l'espace, la
Terre sont voués un
jour à disparaître?
Comment passerions
nous le temps sans
aucune des activités
matérielles avec les
quelles nous trompons
l'ennui? Aurions-nous
une «vie sociale » ou
serions-nous seuls? La
vie éternelle se renou
vellerait -elle ou ne serait
elle que l'éternel retour
de ce que nous avons
déjà vécu ?
L'esprit
ne survit pas
I
l est illusoire de croire
que l'esprit survit au
corps.
Notre conscience
est
produite par nos cel
lules nerveuses; elle dis
paraîtra définitivement
avec elles.
D'ailleurs ,
sauf mort violente , la
mort n'est pas une
plongée brutale dans
le néant .
L'esprit
s'éteint peu à peu avec
le corps et la mort doit
donc s'apparenter à
un repos bienvenu.
Il est illusoire de croire que l'esprit peut survivre au corps.
La vie
humaine est vouée à la finitude, et la sagesse consiste
à l'
accepter sans effroi ..
»
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