Devoir de Philosophie

leurs principes.

Publié le 21/10/2012

Extrait du document

leurs principes. Si nous posons donc un entendement divin susceptible d'achever cette genèse, cet entendement est une faculté de produire et non pas de connaître. Le moi qui connaît est fini et passif : il voit les choses sans les comprendre. Le moi infini est producteur et inconscient. Ces deux moi ne se rejoignent que dans les sciences mathématiques, où connaître et produire sont un seul et même acte. Ici nous sommes semblables à Dieu et les objets sont nos créations. Mais il en va tout autrement dans le monde de l'expérience où le moi fini ne sait plus reconnaître les actes cachés derrière les produits. Entre les vérités de raison et les vérités de fait, on n'aperçoit nul passage. L'homme tâtonnant de Hume et le Dieu aveugle de Leibniz, l'intelligence et la création se cherchent sans jamais se trouver. Dieu dissout les phénomènes en pures apparences. JULES VUILLEMIN FICHTE Johann (1762-1814) (Voir page 226.) GOETHE Johann-Wolfgang (1749-1832) Né à Francfort-sur-le-Main, mort à Weimar. Il faut, de Goethe, ou tout citer, ou ne rien dire : son universalisme ne va pas seulement de Wilhelm Meister au second Faust, du Divan aux Affinités électives, mais de ses préoccupations d'homme d'Etat à ses travaux de biologiste et de savant, à la Métamorphose des plantes, au Traité des couleurs, à l'Optique. Parler de lui, c'est déjà l'amoindrir; pa, ler de lui en tant que philosophe, c'est oublier qu'il est plus préoccupé d'une « sagesse « que d'une philosophie, car « la pensée, chez moi, ne se sépare pas des objets : les éléments des objets, les intuitions entrent dans la pensée et sont pénétrées par elle de la manière la plus intime, si bien que mon intuition est une pensée et ma pensée une intuition «. Mystique, il l'a été, romantique « Sturmer und Driinger «, il l'a été, mais il n'est plus que Goethe, c'est-à-dire un esprit qui se refuse à l'analyse, et cherche à atteindre l'unité du Tout. Non sans analogie avec la pensée de Herder, qu'il connaît bien, non sans quelque parenté avec Hegel, il a pour idée dominante celle de la continuité des formes, mais une continuité créatrice, puisque la nature est créatrice (Goethe est pour l' e'pigénèse, contre l'emboîtement des germes; il montre l'unité de la plante, dont tous les organes sont des feuilles transformées). L'observation, l'expérience ne sont pas les constatations de faits isolés, preuves de quelque loi, mais la démonstration sentie de la continuité de la nature. Transformation intuitive de la notion de « série «, chère au XVIIIe On connaît la légende de « l'injustice préférable au désordre «, légende que l'occasion ambiguë rend menteuse; légende accréditée par le fait que Goethe ne fut pas favorable aux idées révolutionnaires, bien que « l'action « soit pour lui la preuve de l'inanité de la métaphysique. Mais le « désordre «, certes, est séparation, dissociation, mort d'une structure d'ordre supérieur qui donne à l'esprit la sagesse, ainsi que la connaissance, l'univers ainsi que l'objet. SCHILLER Johann-ChristophFriedrich (1759-1805) Né à Marbach, mort à Weimar. On a tendance à voir en Schiller le brillant second de Goethe : Goethe est olympien, XIXe SIÈCLE Schiller, plus jeune, meurt vite. En fait, durant les dix années de le...

« pensée.

Mais la volonté nous fournit le moyen de la prendre à son propre piège : elle engendre l'intelligence, instrument mis par elle au service de la vie, puissance d'abstraction et de réflexion qui peut s 'affranchir de « l'attention à la vie », se libérer du vouloir, se vouer à la contemplation désintéressée.

Sur cette voie - et l'on reconnaît ici l'inspiration de la Critique du Jugement - l'art représente une Première étape; l'artiste est « l'œil unique du monde », et la réflexion l'essence du génie.

Mais l'art, la musique même, image de la volonté, ne procure qu'une paix éphémère.

Seule la philosophie, et une morale qui n'est plus celle de la Justice -fondée sur la pluralité des êtres - mais qui implique la négation de toute individualité, peuvent nous faire atteindre au point où, la volonté se détruisant elle-même, « il n y a plus que la connaissance », où la contemplation se prend elle-même pour objet.

( H.D.) BOSTRÙM Christopher (1797-1866) Philosophe suédois très influencé par Leibniz et Berkeley.

Idéaliste soucieux d'échapper au romantisme des postkan­ tiens : « Tous les idéalistes modernes, dit-il, Schelling et Hegel inclus, ne sont que des idéalistes relatifs.

» STEWARD Dugald (1753-1828) est né et mort à Edimbourg.

Les 3 volumes des Eléments de la philosophie de 1 'esprit humain parurent en 1792, en 1814 et en 1827.

BROWN Thomas (1778-1820) né à Kirkmabveck, prqfesseur à Edim­ bourg de 1810 à 1820, est l'auteur de Recherches sur la relation de cause à effet (1804) et de Lectures sur la philosophie de 1 'esprit humain (1822).

HAMILTON Sir William ( 1788- 1856) né à Glasgow, mort à Edimbourg, professa à Edimbourg à partir de 1835.

On lui doit des Dissertations sur la philosophie et la littérature, sur la réforme de 1 'éducation et de 1 'université ( 1852), des Leçons de logique et des Leçons de méta­ physique, publiées après sa mort.

MILL John-Stuart (18o6-1873) né à Londres, mort à Avignon, auteur de : Logique instinctive et déductive (1843); Utilitarianism (1863); Three Essays on Religion ( 1874), est un des premiers philosophes à ne pas consi­ sidérer la logique aristotélicienne comme absolue, définitive.

Il est nourri à la fois de Hume et de Bentham : de l'un, il reçoit l'idée d'un univers empiriste et impressionniste, de l'autre, l'exigence d'une rigueur logique et déductive.

Ainsi, sa logique sera une manière de traduction, en langage empi­ rique, de la logique traditionnelle des concepts et des propositions; les sciences morales seront de type essentiellement déductif, tout en cherchant un équilibre entre la raison et le sentiment : « une personne ayant une croyance est une force sociale égale à plusieurs autres qui n'ont que des intérêts ».

Ainsi son « utilitarisme » ne sera-t-il pas exempt d'un certain libéralisme, ni de sympathie pour le socialisme.

Le concept est un certain nombre de sensations ordonnées, la proposition un nombre défini d' expé­ riences qui peut, par commodité, passer pour universel.

L'expérience soit effective, soit continuée par l'imagination, est toujours présente.

Reste le problème de la causalité, déjà résolu par les « tables » de Bacon et la notion d'habitude de Hume; Mill le résout d'une troisième manière : par la liaison constante et inconditionnelle entre deux phénomènes.

n détermine la causalité techniquement, à l'aide des quatre célèbres méthodes {concordance; différence; variations concomitantes; mé­ thode des résidus, cette dernière étant celle qui a permis la découverte de Neptune par Leverrier).

Ce qui donne valeur à la causalité, c'est un phénomène d'induc­ tion analogue à celui qui nous fait atteindre une proposition dite univer­ selle : universalité purement « régio­ nale ».

NEWMAN John-Henry (1801-1890) D'abord curé anglican, puis prêtre catholique, il termina sa vie comme car­ dinal de l'Eglise romaine.

Pour beaucoup, il restera l'animateur du « Mouvement d'Oxford », l'auteur des célèbres tracts qui de 1833 à 1841 rappelèrent à l'Eglise anglicane que son grand recours était, non pas l'Etat, mais la tradition apostolique.

Cependant l'histoire de sa conversion n'apporte pas la leçon habi­ tuelle : il n'a pas brûlé ce qu'il avait adoré; en quoi il diffère des tempéra­ ments explosifs qui, changeant de culte, changent de per sonnaZ ité.

Newman n'est ni un savant ni un philo­ sophe : c'est un homme d'Eglise.

Et pourtant sa pensée a exercé, en France et en Allemagne notamment, une influence d'ordre philosophique.

C'est qu'elle impli­que une philosophie latente, bien qu'il ne soit lui-même ni un métaphysicien ni un faiseur de système.

Des 40 volumes de son œuvre, il faut détacher : An Essay on the Develop­ ment of Christian Doctrine ( 1845) et An Essay in aid of a Grammar of Assent ( 1870).

Le premier essai contient ce qu 'on a appelé une pédagogie de la révélation.

Si l'Infini entend se révéler à la conscience finie, si l'Eternel veut pénétrer dans le temps, il ne peut le faire d'un coup, mais seulement de façon progressive.

Il dépose d'abord un germe en un point de l'espace et de la durée (par exemple dans le peuple juif); puis ce germe grandit, se ramifie, s'épanouit; il assimile ce qu'il trouve alentour, il le change en lui-même, il ne cesse, tout au long de sa croissance, de varier ses aspects, de multiplier ses formes.

Il y a ainsi développement, c'est­ à-dire continuité novatrice.

C'est pourquoi il ne convient pas d'exiger du christia­ nisme une fixité improductive, il faut lui demander une sorte de fidélité créatrice.

On remarquera que ce sens du devenir historique n'engendre chez Newman aucun évolutionnisme mécanique, à la façon de Spencer.

Il ne tourne pas davan­ tage à l'évolutionnisme unilinéaire de type bergsonien.

L'inédit qui surgit à chaque phase n'est amené ni par une impulsion antécédente ni par un jaillis­ sement gratuit; il est commandé par la conscience actuelle de ce qu'il faut penser, croire et faire pour que le développement d'aujourd'hui soit conséquent à l'intuition première et permanente.

Tout progrès est le fait d'un discernement continu, d'un jugement contemporain de chaque étape.

La Grammaire de 1 'assentiment n'oublie pas ces présupposés.

C'est le discernement dont nous parlons qui fait la force de l' « illative sense >>, du sens de l'inférence.

Newman appelle ainsi le jugement implicite qui, sans passer par un processus formel rigoureux, permet cependant de relier correctement une conclusion à des prémisses.

Ainsi font les simples lorsqu'ils croient sans pouvoir rendre compte, à la façon des doctes, de leur croyance.

Mais le jury qui rapporte un verdict, le médecin qui porte un diagnostic, le détective qui conduit une enquête, ne font pas autre­ ment.

Bien plus, le penseur lui-même, dès qu'il s'agit d'un objet un peu complexe, prend parti au-delà de ce qu'il voit.

Preuve que la conviction s'instaure, non pas sur les raisons, mais sur l'acte qui les combine et en fait la synthèse.

Ceci est spécialement vrai de la foi : la conscience accumule les probabilités, elle relève les signes convergents, elle récapitule notions, sentiments, valeurs morales : lorsqu'elle se décide à croire, elle les dépasse : leur lien n'est pas en eux, mais en elle.

Cette théorie, chez Newman, garde une saveur empiriste, tout comme sa distinc­ tion de deux connaissances : l'une notionnelle, l'autre réelle.

Elle paraît suspecter le jugement intellectuel en dépréciant le raisonnement verbal, la mise en forme logique.

En fait, Newman ne refuse nullement l'intellectualité, mais la réduction de l'intellectuel au conceptuel.

La preuve en est qu'il ne fait point de l'assentiment une certitude morale, mais une certitude absolue : or ceci implique une satisfaction de l'intelligence plus encore qu'un apaisement du cœur.

En somme, tout en cheminant par le bas à la manière anglo-saxonne, tout en semblant quêter la connaissance du singu­ lier par les voies de l'expérience affective, il a pressenti que l'esprit pousse ses preuves, que l'intentionnel déborde l'ex­ pressif, que la liberté suscite ses appuis.

Par là, il a renouvelé la logique de l'induction, situé mais non détruit celle de la déduction, dégagé les catégories d'une équation à soi d'ordre dynamique, dont la cohérence formelle n'est qu'une transcription, d'ailleurs indispensable.

La conversion de Newman est à l'image de cette logique de l'existence : elle ne fut ni révolte ni exaltation, mais passage lucide et tranquille d'une forme étroite à une forme plus ample de spiritualité.

Non pas retournement de la sensibilité, mais développement de la réflexion.

HENRY DUMÉRY 395. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles