l'existentialisme est un humanisme
Publié le 06/01/2013
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Mais là où les prédécesseurs de Sartre (la veine athéiste n’apparaît pas avec lui) ont pu se
réjouir de l’inexistence de Dieu, y voir une libération, lui veut en tirer toutes les conséquences,
y compris les plus graves.
Or l’Etre divin avait cet intérêt qu’il fournissait une sorte de mode
d’emploi de l’existence, ou du moins des règles et des objectifs définitivement fixés, auxquels
l’homme devait se conformer.
On peut y voir une obligation aliénante, mais la réalité est plus
douce : ces règles sont aussi une forme de confort, puisqu’elles permettent de ne pas se
poser la question de la direction à donner à son existence.
En disparaissant, Dieu fait aussi
disparaître ces lignes directrices qui bordaient l’existence humaine, et l’homme se retrouve nu
devant sa propre vie, qu’il va pourtant bien falloir continuer à vivre, en se déterminant soi-
même, comme un grand.
L’absence de Dieu, c’est donc avant tout la pleine responsabilité de l’homme devant ses
propres choix.
Désormais, il n’y a plus de possibilité d’attribuer ses actes à un metteur en
scène ou un auteur suprême.
Sartre prend sur ce point l’exemple le plus radical qui soit :
Abraham, auquel Dieu demande de sacrifier son fils unique.
Qu’il le fasse ou pas, peu importe
: il est en fait pleinement responsable de son acte car c’est lui qui, de bout en bout, construit
ce projet, l’attribue à Dieu, et décide d’y obéir.
Tout humain qui entend une voix lui commander
un meurtre ne l’attribue pas nécessairement à Dieu, et tout humain qui reçoit un ordre n’y
obéit pas nécessairement, cet ordre fut-il divin.
Dès lors, Abraham est bel et bien responsable
de son acte, il est seul, et l’existence de Dieu n’a finalement rien à voir avec le problème.
Cette responsabilité est aussi une liberté, qui n’est plus du tout conçue comme une situation
enthousiasmante dans laquelle on pourrait se laisser aller, une sorte de fête permanente de
l’existence.
Au contraire, Sartre revient abondamment à travers répétitions et exemples sur le
fait que cette liberté constitue pour nous une condamnation à laquelle nous ne saurions
échapper, ce qui provoque sur nous angoisse et désespoir.
Nous sommes donc seuls, dans un univers qui n’a pas de sens particulier, dans lequel
personne ne nous a voulus.
Ce dernier point est en même temps attristant et fondamental :
personne ne nous a voulus, personne ne nous attendait, le monde n’a pas besoin de nous,
nous aurions tout aussi bien pu ne pas exister.
D’ailleurs, nous pourrions disparaître d’un
instant à l’autre.
Cela a une conséquence : non voulus, nous n’avons pas, non plus, été
conçus.
Dès lors, puisque nous ne sommes censés rien être de particulier, nous pouvons tout
être, rien ne nous contraint.
Cela ne signifie pas qu’aucune contrainte ne pèse sur nous : nous
vivons bien sûr dans un certain cadre, politique, temporel, géographique, familial,
économique, sexuel, mais aucune de ces déterminations ne doit être considérée comme
définitivement déterminante.
Ce sont des influences, des situations dont on doit faire quelque
chose, et par lesquelles on ne doit pas se laisser faire.
C’est là le coeur de l’existentialisme, qu’on retrouvera souvent chez Sartre (quand il écrit, par
exemple, dans « Saint Genet, comédien et martyr » que « ce qui importe, ce n’est pas ce
qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons de ce qu’on a fait de nous ») ou chez d’autres
auteurs du courant existentialiste, Simone de Beauvoir par exemple, quand elle écrit qu’ »on
ne nait pas femme, on le devient ».
Cette dernière formule montre d’ailleurs à quel point l’homme a du mal à accepter ce qui
constitue sa condition de condamné à la liberté : cette charge d’être le plein auteur de sa
propre vie, y compris dans les épisodes de renonciations, est trop pesante pour un homme qui
cherche souvent à s’en débarrasser.
Ainsi, il est tentant pour une femme de trouver dans.
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