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l'existentialisme est un humanisme

Publié le 06/01/2013

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Quand, en 1945, Jean Paul Sartre prononce sa conférence au Club Maintenant, c'est qu'il doit répondre à des attaques diverses, venant de camps opposés entre eux. Cette conférence deviendra un an plus tard un petit livre, « l'Existentialisme est un humanisme« , qui est depuis le texte le plus lu de Sartre. Le fait qu'il soit originellement une conférence explique le fait que sa lecture semble aisée, et qu'il ne présente pas les mêmes difficultés syntaxiques que « L'Etre et le Néant« . Pour autant, en répondant à ses détracteurs, Sartre se voit obligé d'aborder les éléments essentiels de sa pensée, et d'exposer les principes fondamentaux de cette philosophie qui est nouvelle tout en s'inscrivant, en fait, dans une tradition ancienne. L'attaque est principalement double, et il est bon de la connaître pour lire ce texte, car cela permet tout d'abord de savoir à qui répond Sartre, mais aussi de disposer soi même d'angles de mise en perspective du texte, ce qui aide à construire un regard critique. La première attaque est une attaque marxiste, qui accuse Sartre de reconduire dans sa philosophie une pensée bourgeoise. L'autre attaque, qui est finalement plus profondément intéressante pour notre lecture, est la critique effectuée par le catholicisme qui ne peut rester sans réaction devant une philosophie qui évacue de cette manière les valeurs universelles et éternelles, ainsi que, bien sûr, Dieu. La tâche de Sartre sera non pas de revenir sur ses positions, mais d'en montrer la cohérence et de tracer les perspectives philosophiques que sa pensée permet. C'est donc simultanément un livre de circonstances puisque c'est une attaque idéologique qui en provoque l'écriture, mais c'est aussi, au delà de son ancrage historique, un texte qui aborde des questions qu'on peut dire éternelles, liées à la place que peut se reconnaître l'homme dans le monde. Plutôt que de déterminer le plan d'un texte qui présente de nombreux retours en arrière et de fréquentes illustrations par l'exemple, on va distinguer trois orientations de la pensée, qui sont autant de problèmes traités par Sartre, et qui s'emboitent pour former un embryon de système. Le point de départ : L'existence précède l'essence. Affirmation centrale de l'ouvrage, formule devenue célèbre sans qu'on la comprenne nécessairement, cette phrase « l'existence précède l'essence « n'a en fait de sens que si on la replace dans son contexte et son projet. Une fois comprise, elle permet d'éclairer la majeure partie de l'ouvrage lui même. Au départ de la réflexion de Sartre, il y a une affirmation simple : celle de l'inexistence de Dieu. Celle ci n'a pas besoin d'être démontrée (après tout, ce sont plutôt les tenants de son existence qui devraient être mis en mesure de fournir des preuves), d'autant plus que, dans une attitude qui ressemblerait à la position de Blaise Pascal, Sartre montre clairement que, quand bien même Dieu existerait, cela ne changerait rien : l'homme est seul et il n'a nulle part un point fixe et sûr à fixer pour se diriger dans son existence. La question de l'existence de Dieu ne se pose dè...
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« Mais là où les prédécesseurs de Sartre (la veine athéiste n’apparaît pas avec lui) ont pu se réjouir de l’inexistence de Dieu, y voir une libération, lui veut en tirer toutes les conséquences, y compris les plus graves.

Or l’Etre divin avait cet intérêt qu’il fournissait une sorte de mode d’emploi de l’existence, ou du moins des règles et des objectifs définitivement fixés, auxquels l’homme devait se conformer.

On peut y voir une obligation aliénante, mais la réalité est plus douce : ces règles sont aussi une forme de confort, puisqu’elles permettent de ne pas se poser la question de la direction à donner à son existence.

En disparaissant, Dieu fait aussi disparaître ces lignes directrices qui bordaient l’existence humaine, et l’homme se retrouve nu devant sa propre vie, qu’il va pourtant bien falloir continuer à vivre, en se déterminant soi- même, comme un grand. L’absence de Dieu, c’est donc avant tout la pleine responsabilité de l’homme devant ses propres choix.

Désormais, il n’y a plus de possibilité d’attribuer ses actes à un metteur en scène ou un auteur suprême.

Sartre prend sur ce point l’exemple le plus radical qui soit : Abraham, auquel Dieu demande de sacrifier son fils unique.

Qu’il le fasse ou pas, peu importe : il est en fait pleinement responsable de son acte car c’est lui qui, de bout en bout, construit ce projet, l’attribue à Dieu, et décide d’y obéir.

Tout humain qui entend une voix lui commander un meurtre ne l’attribue pas nécessairement à Dieu, et tout humain qui reçoit un ordre n’y obéit pas nécessairement, cet ordre fut-il divin.

Dès lors, Abraham est bel et bien responsable de son acte, il est seul, et l’existence de Dieu n’a finalement rien à voir avec le problème. Cette responsabilité est aussi une liberté, qui n’est plus du tout conçue comme une situation enthousiasmante dans laquelle on pourrait se laisser aller, une sorte de fête permanente de l’existence.

Au contraire, Sartre revient abondamment à travers répétitions et exemples sur le fait que cette liberté constitue pour nous une condamnation à laquelle nous ne saurions échapper, ce qui provoque sur nous angoisse et désespoir. Nous sommes donc seuls, dans un univers qui n’a pas de sens particulier, dans lequel personne ne nous a voulus.

Ce dernier point est en même temps attristant et fondamental : personne ne nous a voulus, personne ne nous attendait, le monde n’a pas besoin de nous, nous aurions tout aussi bien pu ne pas exister.

D’ailleurs, nous pourrions disparaître d’un instant à l’autre.

Cela a une conséquence : non voulus, nous n’avons pas, non plus, été conçus.

Dès lors, puisque nous ne sommes censés rien être de particulier, nous pouvons tout être, rien ne nous contraint.

Cela ne signifie pas qu’aucune contrainte ne pèse sur nous : nous vivons bien sûr dans un certain cadre, politique, temporel, géographique, familial, économique, sexuel, mais aucune de ces déterminations ne doit être considérée comme définitivement déterminante.

Ce sont des influences, des situations dont on doit faire quelque chose, et par lesquelles on ne doit pas se laisser faire. C’est là le coeur de l’existentialisme, qu’on retrouvera souvent chez Sartre (quand il écrit, par exemple, dans « Saint Genet, comédien et martyr » que « ce qui importe, ce n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons de ce qu’on a fait de nous ») ou chez d’autres auteurs du courant existentialiste, Simone de Beauvoir par exemple, quand elle écrit qu’ »on ne nait pas femme, on le devient ». Cette dernière formule montre d’ailleurs à quel point l’homme a du mal à accepter ce qui constitue sa condition de condamné à la liberté : cette charge d’être le plein auteur de sa propre vie, y compris dans les épisodes de renonciations, est trop pesante pour un homme qui cherche souvent à s’en débarrasser.

Ainsi, il est tentant pour une femme de trouver dans. »

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