Devoir de Philosophie

L'expérience sensible est-elle le fondement de la démonstration ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

La démonstration est une opération logique qui consiste à produire une conclusion nécessaire par un moyen, celui de la déduction. Par la déduction, la démonstration est une opération qui exige des intermédiaires en vue de conclure nécessairement une proposition à partir de propositions antécédentes. Et sachant qu'on définit la nécessité comme ce qui ne peut pas être autrement et ceci est ce qui nous rend certain, par ces raisons, nous garantissons la validité de notre proposition. Les définitions et les sciences exactes telles que les mathématiques ont toujours été considérés comme les fondements les plus rationnels de la démonstration. Cependant, à partir des sciences expérimentales, la démonstration devient une application technique d'une loi supposée par induction, à savoir par la généralisation de phénomènes observés. Pouvons-nous alors fonder les démonstrations sur autre chose que les définitions et les axiomes ? La question est de savoir si l'expérience sensible peut fonder la démonstration.

« d'éléments sont supposés vrais sans qu'on le sache pour autant.

Le système mathématique ne peut ainsi constituerun fondement fiable de la démonstration puisqu'il est nécessaire de clarifier les opérations qui pourraient rendreconfuses et improbables ces démonstrations.En revanche, il y aurait des vérités premières, fondamentales que l'on nomme principes premiers ou prémisses c'est-à-dire des vérités non pas démonstratives mais immédiatement connues.

Si nous disons que le fondement de ladémonstration doit être certain sans être démontré, la question est de savoir ce qui peut nous garantir cettecertitude.

A la question posée, il existe deux solutions qui sont insuffisantes d'après Aristote.

Selon lui, la premièreréside dans la démonstration de la vérité des prémisses.

Lorsqu'on démontre une proposition, on pose du même coupd'autres propositions qu'il s'agira ensuite de démonter en posant d'autres propositions et ainsi de suite.

En bref,démontrer c'est régresser : « c'est la une marche régressive vers l'infini » (Seconds analytiques, I, 3, Aristote) etplus rien n'est certain car la démonstration n'en finit pas.

La solution la plus efficace qui se présente alors est cellequi consiste à marquer un arrêt dans la régression et à accepter comme vraies des propositions sans démonstration.L'inconfort de la première solution semble résolu par la deuxième.

Ces propositions inconnaissables semblent avoirdes avantages dogmatiques et nous sommes donc obligés d'accepter ces propositions comme fondamentales.

Ainsi,il existe peut-être des connaissances par propositions immédiates mais la démonstration reste une opération logiquedéductive qui ne peut donc pas s'auto fonder c'est-à-dire qu'elle ne se suffit pas à elle-même.

Cependant, àl'inverse de la déduction, la connaissance scientifique permet d'aboutir à des propositions qui ne sont pas obtenuespar la simple application d'un ensemble de règles logiques ou formelles.

La méthode expérimentale peut-elle doncfonder la démonstration ? En effet, dans les expériences scientifiques, il est possible de démontrer toutes les propositions puisqu'elles sontliées entre elles.

La connaissance scientifique articule des éléments théoriques et une forme d'expérience dans sonrapport à la réalité, à l'aide d'instruments techniques qui sont eux-mêmes le résultat des théories scientifiques.

Toutcomme le distingue Bachelard, cette forme d'expérience n'a rien à voir avec l'expérience première et immédiate de lavie courante, à dimension qualitative et affective.

Néanmoins, le point de départ de la connaissance scientifiquec'est l'expérience et celle-ci doit être rationnalisée c'est-à-dire qu'elle doit comporter des éléments quantitatifs.

Lascience est donc une généralisation de nos observations en vue de trouver la loi qui explique la production et lemécanisme régulier des phénomènes observés.

Ces phénomènes observés dans le cadre scientifique ont déjà uncontenu rationnel et quantitatif qui les vide de tout ce qui n'est pas utile à leur connaissance, d'autant plus qu'ilsdonnent lieu à un travail inductif.

L'induction est de ce fait une opération intellectuelle qui consiste à passer desfaits à la loi supposée, et plus généralement, des cas singuliers à une proposition générale.

Dans ce cas, ladémonstration consiste en l'application technique de la loi supposée, c'est-à-dire de l'hypothèse.

Lorsque nousenvisageons qu'une loi explique une série de phénomènes, nous disposons d'une hypothèse.

Et lorsque cette loivérifie un phénomène par applications techniques, par prédictions, nous pouvons dire qu'elle est vraie.

Ainsi, lascience donne lieu à des inventions techniques et efficaces mais elle repose sur des choses non prouvées, ce quipourrait nous pousser à douter.

La vérité scientifique est par conséquent une vérité falsifiable.D'autre part, du point de vue de l'expérimentation, l'expérience sensible peut être considérée comme un point dedépart possible à la démarche scientifique.

Dans la plupart des cas, elle fait intervenir l'intuition et c'estprincipalement le cas du mathématicien.

Il est un scientifique qui a quand même besoin de croyances afin d'assurerla certitude d'une chose.

L'intuition semble être un mode de connaissance immédiat et certain, ne faisant pas appelà la raison car elle n'est jamais la conclusion d'un raisonnement conscient.

Elle prend la forme d'un sentimentd'évidence quant à la vérité ou la fausseté d'une proposition qu'on ne peut pas toujours démontrer.

D'après lacitation de Pascal « le coeur a ses raisons que la raison ignore », lorsque le c½ur intervient, nous pouvons connaitredes vérités fondamentales sans passer par la démonstration puisque sentir, signifie avoir la certitude immédiated'une chose.

Or les certitudes sont les ennemis de la raison.

Par conséquent, il est important de savoir sil'expérience sensible peut fonder la démonstration car elle porte de nombreux préjugés que Bertrand Russel exposedans le chapitre I des Problèmes de philosophie.

Selon lui, la conception sensible est inconsistante, imprécise,incomplète et variable car nos jugements d'expérience sur des choses réelles ne sont pas fondés sur nosobservations directes.

Ils ne sont pas conformes avec les jugements que nous formulons à propos de la réalitéc'est-à-dire l'expression de ce qui nous est donné sensiblement.

Nos observations constituent seulement des indicesd'une certaine réalité qui n'est pas complètement illusoire.

L'incomplétude des données sensorielles n'est donc passuffisamment fiable pour dégager les connaissances dans la mesure où ce qui nous est donné dépend de notrerapport aux choses. Ainsi, nous pouvons voir que seule la raison constitue un fondement de la démonstration car elle consiste à établir lanécessité d'une conclusion à partir de prémisses vraies et prouvées.

Mais dans certains cas, ces prémisses ne sontpas des vérités absolues, elles sont notamment intuitives et indémontrables, et donc, les systèmes logiques quileurs sont propres ne constituent pas des fondements fiables de la démonstration.

Quant à l'expérience sensible, ellene peut fonder la démonstration dans la mesure où elle ne nous offre que du relatif.

Elle s'accompagne desubjectivité relevant du rapport qui nous lie avec la réalité.

Que faut-il alors faire pour échapper à la relativité de laconnaissance sensible ? Sujet désiré en échange : l'interprétation est elle un mode spécifique de connaissance ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles