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L'héritage rationaliste en philosophie (Descartes, Locke) ?

Publié le 01/06/2009

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Le XVIIe siècle européen, et tout particulièrement français, semble le sommet de l'esprit classique baigné par la Révélation divine. L'ordre de Louis XIV repose sur la raison au sens aristotélicien et sur l'Église. Bossuet systématise les certitudes et les stabilise. Car l'esprit classique au XVlle siècle aime la stabilité après les grandes aventures de la Renaissance et de la Réforme. La critique ne saurait plus avoir prise ni sur la politique, ni sur la religion, ni sur la société ou l'art. Comme le dit Paul Hazard, on a peur de l'espace qui contient les surprises et on voudrait arrêter le temps. A Versailles, le visiteur a l'impression que les eaux elles-mêmes ne s'écoulent pas; on les .capte, on les force à nouveau, on les relance vers le ciel : comme si on voulait les faire servir éternellement. Cependant, souterraine d'abord, puis explosant dans l'embrasement intellectuel et politique du xvIIIe siècle, une raison bien différente de celle de Bossuet ou Racine mine les fondations de l'Esprit du Grand Siècle. Elle est l'origine de tous les bouleversements et des immenses progrès de la pensée jusqu'à nos jours : c'est la raison du colossal Descartes en premier lieu, puis la raison de ceux qui suivent, libérés par lui et qui reconnaissent leur dette : Spinoza et Locke notamment.

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« manière dont nos idées se forment et s'articulent, nous connaîtrons le créateur si nous commençons par biencomprendre la créature.

Locke exprime fort simplement son inspiration dans l'avant-propos de l'Essai surl'entendement humain : Il en est de nous à cet égard comme d'un pilote qui voyage sur mer.

Il lui est extrêmement avantageux de savoirquelle est la longueur du cordeau de la sonde, quoiqu'il ne puisse pas toujours reconnaître par le moyen de sa sondetoutes les différentes profondeurs de l'Océan : il suffit qu'il sache que le cordeau est assez long pour trouver le fonden certains endroits de la mer qu'il lui importe de connaître pour bien diriger sa course, et pour éviter le bas-fond quipourrait la faire échouer.

Notre affaire dans ce monde n'est pas de connaître toutes choses mais celles quiregardent la conduite de notre vie.

Si donc nous pouvons trouver les règles par lesquelles une créature raisonnabletelle que l'homme considéré dans l'état où il se trouve dans ce monde peut et doit conduire ses sentiments et lesactions qui en dépendent; si, dis je, nous pouvons en venir là nous ne devons pas nous inquiéter de ce qu'il y aplusieurs autres choses qui échappent à notre connaissance. Locke traite donc l'à priori comme s'il n'existait pas.

Autrement dit, toute la philosophie est à recommencer depuisles grecs jusqu'à lui, et pour cela un seul élément positif existe et lui paraît suffire : la sensation.

La sensation nousfournit par juxtaposition les idées de plus en plus complexes et abstraites qui résultent du travail de l'âme sur elle-même.

De proche en proche, Locke substitue une attitude empiriste à tout le dogmatisme qui le précède.

Deuxprincipes lui suffisent au départ pour rebâtir philosophie et morale : l'impression que les objets extérieurs font surnos sens et les opérations de l'âme qui sont la conséquence de ces impressions. Toute l'Europe s'empare de ces idées qui conduisent aux « lumières ».

Locke est d'autant plus le précurseur du xvulesiècle qu'il pressent et systématise le libéralisme politique. LE LIBÉRALISME POLITIQUELocke imagine l'état de nature de l'homme.

C'était une habitude depuis Hobbes (le Léviathan, 1651) de partir de cetétat de nature pour imaginer comment les hommes étaient parvenus à la vie sociale et à l'organisation politique.Hobbes avait montré des hommes voués aux atroces « lois de la jungle » et se soumettant volontairement à un chefabsolu, figuré par l'État-Léviathan, grâce à un contrat de société qui était en fait l'échange de la tranquillitépublique garantie par un souverain absolu contre la liberté jugée impossible.

Hobbes justifiait ainsi la monarchieabsolue.Locke part également d'un contrat originel de société, mais le conçoit tout différemment.

L'homme à l'état de naturen'était pas un « loup pour l'homme » comme le voulait Hobbes.

Il connaissait la liberté et l'égalité ainsi que lapropriété.

Cependant l'inconfort de l'état de nature venait de l'absence de justice organisée : chacun devant fairerespecter ses droits lui-même, la liberté, l'égalité et la propriété étaient mal assurées.C'est donc pour préserver ces dernières et non pour les abandonner que les hommes ont imaginé de se constituer enun peuple (conçu comme une assemblée d'individus libres) qui conclurait un contrat avec des gouvernants pourconstituer une société politique.

Le pouvoir de faire des lois serait confié par ce contrat à certains responsables, etle pouvoir d'exécuter ces lois à d'autres gouvernants : voici posés les principes d'une constitution originelle et ledogme de la séparation des pouvoirs que reprendra Montesquieu,Locke parachevait son schéma en prévoyant le droit d'insurrection pour le peuple dans le cas où les gouvernants nerespecteraient pas le contrat.Ces conceptions sont d'une audace inouïe pour l'époque : voici affirmé le principe de l'individualité des hommes ausein de la société politique.

Ce sont bien des individus rassemblés qui votent le contrat.

Toute une visionindividualiste de la politique, où le suffrage universel est implicitement contenu, va se dégager à partir de JohnLocke. Pendant longtemps encore le traditionalisme ne voudra considérer l'homme qu'en tant que partie d'ensembles qui ledépassent et sans lesquels il ne serait rien (par exemple : la famille, la commune, la corporation).

C'est laconception organique de l'homme et de la Cité, à laquelle se rattachent Joseph de Maistre ou Bonald à l'époque dela Révolution française.Mais Locke a permis à une conception mécanique de l'homme de triompher finalement : les individus valent par eux-mêmes et peuvent donc êtres isolés, comme des grains de sable, au lieu d'être conçus parties indissociables d'untout, comme les doigts d'une main.Jean-Jacques Rousseau reprendra ces idées et les conduira fort loin.

De même, les conséquences politiques desprincipes de Locke (contrat de gouvernement, séparation des pouvoirs, droit d'insurrection qui deviendra droit dupeuple à surveiller la marche des affaires) ne manqueront pas d'être systématisées par les successeurs de Locke :Montesquieu, Rousseau, l'abbé Sieyes.Le rationalisme a donc mené tout droit aux plus grandes révolutions, à commencer par la révolution politique de1789.

C'est l'un des principaux héritages de l'occident contemporain, avec son antidote en quelque sorte :l'idéalisme allemand.. »

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