L'Histoire est-elle une connaissance du passé ou une construction du passé ?
Publié le 24/06/2010
                            
                        
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                                «
                                                                                                                            historique est « 	équivoque et inépuisable	 ».
                                                            
                                                                                
                                                                    	Valéry	 dit que l'histoire « 	justifie ce que l'on veut	 ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans sa richesse	hétéroclite, il y a toujours de quoi justifier n'importe quelle position a priori de l'historien.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'historien se projette dansl'histoire avec ses valeurs et ses passions.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il ne saurait survoler l'histoire, la constituer du point de vue de Sirius, caril est homme lui-même, il vit dans l'histoire, il appartient à une époque, à un pays, à une classe sociale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il est lui-même prisonnier  du cours  de l'histoire.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'histoire science (l'  « 	Historie	 »  disent  les Allemands)  est un acte  de	l'historien et cet acte lui-même un événement historique, il appartient à la réalité historique (« 	Geschichte	 »).
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est	pourquoi  toute science  historique,  elle-même moment de l'histoire,  serait condamnée  à une  relativité,  à unesubjectivité irrémédiable : « 	La conscience de l'histoire est une conscience dans l'histoire.	 »	         Ceci exclut toute possibilité de tirer de l'histoire des « 	leçons	 ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Car l'historien ne tire pas sa philosophie ou sa	morale  de ses  connaissances  historiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    Tout au contraire  il constitue  sa vision  de l'histoire  à partir  deperspectives  philosophiques,  morales politiques  qui la précèdent  et se projettent  en elle.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il en  est  de l'histoirecomme de la mémoire individuelle ; c'est à partir des « 	visées 	», des projets présents –dirigés vers l'avenir- que les	individus et les peuples reconstituent leur passé.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'histoire subjective serait donc inévitable- et par là même, osaientdire les historiens allemands  au temps du nazisme, légitime.
                                                            
                                                                                
                                                                    « 	Chaque génération se forme  sa propre conception	historique selon ses nécessités nationales.	 »	         Cet antirationalisme, d'ailleurs, est lui-même un fait historique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il reflète l'époque troublée qui est la nôtre.
                                                            
                                                                                
                                                                    LeXIX ième pouvait se permettre un idéal d'objectivité parce que, malgré la révolution de 1848 et la guerre de 1870,ce fut  un siècle  relativement  stable.
                                                            
                                                                                
                                                                    Comme  l'écrit 	P.
                                                            
                                                                                
                                                                    H.
                                                            
                                                                                
                                                                    Simon	 :  « 	Entre   le  canon  de Waterloo  et celui  de	Charleroi, l'Europe a connu 99 ans de paix relative.	 » Au contraire, notre siècle est beaucoup trop historique pour se	permettre d'être objectivement historien.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le mot histoire aurait communément évoqué, il y a cent ans, dans un testassociatif, les  mots archives,   documents, bibliothèque, tandis  que pour nous il évoquerait : révolution,  torture,bombes atomiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    On comprend dès lors que 	Marrou	 puisse écrire : « 	L'histoire est la réponse… à une question	que pose au passé mystérieux la curiosité, l'inquiétude, certains diront l'angoisse existentielle.	 »	         Mais sans vouloir minimiser cette découverte contemporaine de la subjectivité historique, il nous reste àl'interpréter.
                                                            
                                                                                
                                                                    Loin d'en  tirer parti  pour rejeter  l'idéal d'objectivité  rationnelle formulé (en termes  peut-être  tropétroits) par 	Langlois	 et 	Seignobos	,  nous  la mettrions  volontiers  au service  de l'idéal  rationaliste.
                                                            
                                                                                
                                                                     La prise  de	conscience  des difficultés extrêmes  de l'objectivité  en histoire est pour  l'historien une  invitation à redoubler deprécautions,  une mise  en garde  contre  lui-même.
                                                            
                                                                        
                                                                     La prise  de conscience  de la subjectivité  peut alors  êtreconsidérée comme un moment dans la conquête de l'objectivité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si  	Langlois 	& Seignobos	 n'ont pas soupçonné	toutes les difficultés de la tâche, n'ont pas reconnu tous les pièges de l'irrationnel, nous ne dirons pas qu'ils furenttrop rationalistes  mais  qu'ils  ne le furent  pas assez.
                                                            
                                                                                
                                                                     Et si toute  perspective  historique (comme chacune  desgéométries  possibles) implique  inévitablement un système de postulats, en « 	explicitant  autant qu'il  le peut ses	postulats	 », l'historien accomplit un progrès vers la rigueur scientifique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Comme 	Marrou 	l'a brillamment montré, la	découverte de la subjectivité historique, bien loin de légitimer le truquage des matériaux de l'histoire, doit donner àl'historien le sentiment plus vif de sa responsabilité, et lui imposer l'honnêteté la plus stricte.
                                                            
                                                                                
                                                                     	La subjectivité de l'Histoire dévoilée par ses contradictions.	2.
                                                            
                                                                                
                                                                    	-          	Procédons à un raisonnement par l'absurde : si l'objectivité régnait dans cette science qu'est	l'Histoire, alors le rôle de l'historien consisterait à reprendre le travail de son prédécesseur là où cedernier l'avait laissé, et à retrouver les vérités manquantes, celle que son prédécesseur n'auraitpas retrouvées.	-          	En effet, si connaissance du passé il y a, alors les historiens décrivent la vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Comme la	vérité est nécessairement  une et intemporelle, tous  les historiens devraient  s'accorder sur cesfaits passés.	-          	Un simple regard sur les débats historiques contemporains nous permet de voir qu'il n'en est	rien : les historiens ne sont pas d'accord entre eux.	-          	Si l'on prend par exemple la Shoah, on remarquera que les historiens ne sont pas d'accord sur	ce qui a décidé  Hitler à mettre en  place la «  solution finale  » (l'extermination  systématique etorganisée de tous les Juifs).	-          	Pour les historiens intentionnalistes, Hitler avait l'intention d'exterminer tous les Juifs d'Europe	avant la déclaration de la guerre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pour les historiens fonctionnalistes, les nazis n'avaient pas nourricette intention avant  1941.
                                                            
                                                                                
                                                                    La « Solution  finale » aurait  ainsi été élaborée  tardivement et neserait que le résultat  du fonctionnement  du système  du IIIe  Reich  qui, pour  des raisonshistoriques, imposerait fatalement le meurtre de masse mais ne l'aurait pas planifié antérieurement.	-          	De telles divergences portant sur un sujet aussi étudié que la Shoah doivent nous amener à	constater qu'il n'y a pas de vérité établie dans le domaine de l'Histoire.	-           	Si  donc  il n'y  a pas  d'objectivité  historique, en quoi  consiste  la subjectivité propre  à	l'Histoire ?	  	L'Histoire consiste à construire une mythologie à partir d'une connaissance partiale et partielle dupassé.	3.
 	-          	« L'Histoire justifie ce que l'on veut.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout	et donne des exemples de tout » (Paul Valéry, 	Regards sur le monde actuel	, 1945).	-          	L'on pourrait ainsi considérer que l'Histoire est un moyen de justifier ce qui nous arrange, on y	chercherait ce qui corrobore nos hypothèses et on y projetterait nos convictions intimes..
                                                                                                                    »
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