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l'historien peut-il se détacher du présent ?

Publié le 21/11/2005

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L'historien met donc certains faits en lumière, dans l'écriture qu'il propose, et cela il ne peut le faire que depuis sa situation présente.     II - L'histoire : entre passé et présent   L'historien, quand bien même il écrit le passé, se trouve dans le présent. Or, le souci principal, semble-t-il, est celui d'une approche biaisée du passé. Comment relater au présent ce qui a eu lieu dans le passé ? Comment rendre compte objectivement du passé, à partir du présent ? Nous avons vu qu'une telle perspective ne correspond pas au métier d'historien ; d'une part, les faits passés n'existent pas indépendamment de leur inscription dans un récit historique (d'où, notamment, la tentation d'une histoire propagande) : c'est le sens de l'expression « écrire l'histoire » ; d'autre part, le présent n'est plus compris comme la distance qui nous sépare du passé, mais comme le point d'ancrage du travail de l'historien.  En effet, l'historien doit se concevoir comme doté d'instruments (par exemple, la datation au carbone 14) propres à son temps. Ainsi, à partir des outils dont il dispose, ainsi que des documents à partir desquels il travaille, l'historien écrit l'histoire selon les perspectives qu'il cherche à dégager. Cela signifie au moins que l'historien lui-même est dans l'histoire, qu'il ne lui est donc pas possible de quitter le lieu où il se trouve et que d'une manière cela n'est pas souhaitable, puisque alors il ne donnerait pas sens aux événements, mais relaterait des faits isolés, insignifiants, ce qui du reste n'est pas possible. Pour comprendre cela, il nous faut donc résolument sortir d'une conception de l'histoire conçue comme pur compte-rendu objectif du passé, pour la saisir comme récit, écriture du passé, qui se tourne aussi vers le futur à travers le présent, c'est-à-dire qui a un sens (une signification) mais aussi un sens, c'est-à-dire une direction.

L’historien est celui qui écrit l’histoire (et non celui qui écrit sur l’histoire), c’est-à-dire celui qui raconte le passé, ce qui a (s’est) passé et n’est plus présent. Cependant, le site de l’historien – le lieu ou le temps où il écrit – est le présent ; toutefois, avant d’y voir un empêchement, il faut prendre garde à bien lire notre sujet : en effet, il ne nous est pas uniquement demandé « comment l’historien peut-il parvenir à écrire le passé ? «, autrement dit raconter ce qu’il n’a pas vécu lui-même, mais surtout « l’historien peut-il oublier qu’il écrit le passé dans le présent sans mettre en danger sa propre activité ? « La distinction que nous devons faire se situe donc dans les deux sens du « peut-on «, qui interrogent successivement un pouvoir (peut-on = est-on capable de) et un devoir (peut-on = doit-on). De ce point de vue-là, l’idée de détachement prend également un double sens quant à la nature de l’histoire : premièrement, comment le récit du passé se distingue du présent ? et, deuxièmement, quels sont les fins de l’histoire ou, en d’autres termes, écrivons-nous le passé uniquement pour l’écrire ?

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