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L'homme est-il une chose pensante ?

Publié le 25/01/2010

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            La capacité qu’a l’homme de penser lui semble unique. En ce sens, en se demandant ce qui fait que l’homme est homme, il conviendrait de dire qu’il s’agit de sa pensée en tant qu’elle le distingue du reste de la nature. Pourtant quel est le sens, la valeur et le fondement d’une telle assertion ? En effet, dire que l’homme est une chose pensante n’est-ce pas oublier son corps ou encore croire que l’homme pense tout le temps, ce qu’il ne fait pas. Mais dans ce cas, si la pensée est contingente dans la mesure où l’homme n’en n’use pas toujours cette essentialisation a-t-elle un sens ?

            Si la pensée est unique en l’homme et le distingue (1ère partie), il n’en reste pas moins qu’il est un corps avant tout et qu’il ne pense pas toujours (2nd partie), ce qui doit alors nous conduire à la définition de la double nature de la condition anthropologique (3ème partie).

• L'expérience métaphysique du Cogito peut être faite au moins une fois en sa vie. Par elle, nous découvrons que notre propre essence est la conscience ou la pensée, la seule évidence indubitable, la première de toutes les vérités. • La conscience d'être sujet pensant est une vérité première. La conscience permet de réunir les hommes en communicant par le langage, et elle est universelle. Source de toute science et de tout savoir, elle permet d'accéder à la vérité

« a) En effet, penser que l'homme est une chose pensante c'est croire que la pensée est toujours omniprésente etque nous nous en servons toujours.

Or il n'en est rien.

Nous passons le clair de notre temps à ne pas réfléchir.

En cesens, on peut dire que comme pour les animaux, cette conscience réfléchie qu'est la pensée est inessentielle voirecontingente.

Et c'est bien ce l'on peut percevoir à travers ce texte de Nietzsche dans le Gai savoir § 304 puisqu'il est possible de se passer de la conscience réflexive.

Elle n'est pas nécessaire à la conscience et à ses actespropres.

Nous pouvons sentir, c'est-à-dire percevoir sans qu'il soit nécessaire d'en prendre conscience, de le savoir.C'est non seulement possible, c'est observable.

On se passe de réfléchir ce que l'on fait le plus souvent.

C'est queréfléchir nos contenus de conscience n'est utile en rien à la vie.

Or, en l'occurrence, nous sommes d'abord des êtresvivants et donc à ce titre, il ne nous est presque jamais utiles de prendre conscience de ce que nous faisons etpensons.

Cette observation sert d'argument en faveur de l'affirmation selon laquelle nous pouvons très bien nouspasser de la conscience réflexive. b) Dès lors, comme le note comme le Hume dans son Enquête sur l'entendement humain , section 9 il faut revenir sur la distinction entre l'homme et l'animal : « Les animaux ne sont pas guidés dans ces inférences par leraisonnement; ni les enfants ; ni la plupart des hommes dans leurs actions et leurs conclusions ordinaires; ni lesphilosophes eux-mêmes qui, dans toutes les parties actives de la vie, sont en somme semblables au vulgaire et sontgouvernés par les mêmes maximes.

» En ce sens, l'homme n'est spécifiquement différent de l'animal du point de vuede l'usage de sa pensée, s'il y a une différence c'est essentiellement une différence de degré qu'il y a entre l'hommeet l'animal : « C'est l'accoutumance seule qui engage les animaux, à partir de tous les objets qui frappent leurs sens,à inférer les conséquences habituelles, et qui porte leur imagination, à partir de l'apparition des uns, à concevoir lesautres, de cette manière particulière que nous appelons la croyance .

» L'homme use donc bien plus de l'instinct et de son corps que de sa pensée : « Bien que l'instinct soit différent, c'est pourtant encore un instinct qui apprend àl'homme à éviter le feu, tout comme l'instinct apprend à l'oiseau, avec une telle exactitude, l'art de la couvaison,l'organisation et l'ordre des soins à apporter aux petits ». c) Dans ce cas, il conviendrait de dire que l'homme est un corps et qu'il peut penser et c'est en ce sens que l'onpeut comprendre avec toute l'ironie dont sait faire preuve Voltaire sa reprise de Locke dans ses Lettres philosophiques : « je suis corps et je pense ».

En effet, il convient de dire qu'avant même de savoir si je pense, il faut bien que le corps existe pour que l'opération de la pensée soit possible.

Il y a alors un renversement dusubstantialisme de Descartes au profit d'un matérialisme.

Ce qu'assume Voltaire c'est que la pensée n'existe quegrâce au corps.

Sans chercher la localisation du corps, il convient de voir que l'homme est un composéhylémorphique pour reprendre la terminologie aristotélicienne.

En ce sens, il est faux de dire que l'homme estseulement une chose pensante parce qu'il faut bien autre chose que de penser constamment ce qui a d'ailleursouvert la question ou le débat fort animé entre Locke et Leibniz de savoir si l'âme pensait en dormant. Transition : Ainsi on peut dire que l'homme n'est pas une chose qui pense sans oublier son corps.

Bien plus, on pourrait presquedire qu'il n'est que corps tant la pensée est contingente.

Il n'est reste pas moins que sa nature est alors double. III – La dualité a) Or s'il y a dualité chez l'homme c'est bien parce qu'il est un « roseau pensant » selon Pascal dans les Pensées .

il est manifeste que cette double nature apparaît comme oxymorique et paradoxale.

En effet, on ne saurait voir pluséloigner l'instinct et la raison.

Pourtant, ces deux natures, ce qui insiste bien sur la dualité de l'homme, n'en formequ'un dans l'homme.

Ainsi il est cet être paradoxal.

Il n'est ni tout à fait un animal puisqu'il a la raison, ni tout à faitun être supérieur puisqu'il a l'instinct.

Ainsi il est attaché à la terre par l'instinct et s'élève vers le ciel avec la raisonsuivant la métaphore classique.

Cependant, au-delà la métaphore Pascal entend nous montrer dans ce cas quel'homme est un « roseau pensant », c'est-à-dire un être fragile et qui pourtant peut tellement par sa pensée.

Ilserait en ce sens ce colosse au pieds d'argile qui cependant ne casse pas.

Il est donc compris entre le néant etl'infini.

Le néant en tant que mortel et animal et l'infini de la puissance de sa raison qui le lie pour Pascal à Dieu. b) Et c'est en ce sens alors que l'on peut comprendre cette phrase de Pascal dans les Pensées : « L'homme n'est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ».

L'homme est cet être double qui possède à lafois un corps et une âme : il est donc un être pensant mais aussi un corps dont il convient de s'occuper.

De cepoint de vue, raison et instinct s'affrontent en l'homme.

Cette double naturalité ou double essence explique lerapport que fait Pascal entre l'homme et la bête, du côté du corps et de l'instinct ; et l'homme et l'ange du point devue de la raison, de l'âme et de la partie divine en l'homme.

Dès lors la critique de Pascal porte sur la volonté del'homme d'annihiler une partie de son être c'est-à-dire de méconnaître la spécificité de sa condition anthropologique,ce que fait Descartes.

Le combat est vain.

Bien pire, l'homme qui ne recherche que la puissance de l'esprit etconduit inexorablement vers le retour au corps et à l'instinct.

C'est pourquoi l'attitude adéquate pour l'homme est devivre selon sa nature, c'est-à-dire suivant cette dualité anthropologique intrinsèque ce qui définit alors l'hommecomme un animal capable de penser. Conclusion : Dès lors on peut dire que l'homme n'est pas qu'une chose pensante au risque sinon de nier sa conditiond'animal.

L'homme est donc ce roseau pensant, cet être hylémorphique.

La volonté de réduire l'homme à sa simplepensée peut venir de ce que Milan Kundera appellerait dans l' Insoutenable légèreté de l'être : cette volonté de masquer la « merde » que peut représenter le corps pour verser dans le « kitsch », c'est-à-dire cette illusoire. »

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