L'HOMME ET LA MORALE chez SPINOZA
Publié le 22/12/2009
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L'homme n'est pour Spinoza qu'une petite partie de la nature. Il est un mode fini de la substance infinie : nous pouvons nous le représenter sous deux aspects, sous deux attributs de la substance : un corps, c'est-à-dire un tout petit fragment de l'étendue infinie, une âme, parcelle infime de la Pensée infinie. Comme tous les êtres de la nature, l'homme se propose de «persévérer dans son être«, c'est-à-dire d'augmenter sa puissance. Mais n'oublions pas que ce mode fini que je suis est enserré par tous les autres modes finis, prisonnier de cette chaîne de causes et d'effets « concatenatio omnium rerum «. Nous sommes des êtres finis et faibles dans la nature et nous sommes d'abord esclaves. La joie qui exprime l'accroissement de notre pouvoir est plus rare dans la vie que la tristesse qui reflète la diminution de notre puissance, écrasée par les forces aveugles de l'univers. « Nous sommes agités de bien des façons par les causes extérieures et pareils aux flots de la mer, agités par les vents contraires nous flottons inconscients de notre destin «. Quelle morale Spinoza va-t-il proposer à cet homme pitoyable ? Puisqu'il n'a pas le libre arbitre, ce pouvoir d'initiative radicale qui, dit-on,nous fait mériter ou pécher, à quoi bon lui inculquer des obligations, le soumettre à des interdits ? Aussi bien la morale de Spinoza n'est-elle pas une morale du devoir. Spinoza ne nous demande rien que nous ne voulions déjà naturellement. Nous voulons tous être puissants, nous voulons tous être heureux, mais dans notre premier état nous n'y parvenons pas. Spinoza ne prétend pas — dans son Éthique —nous donner autre chose que la clef de la puissance et de la joie.
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