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L'homme et l'outil ?

Publié le 14/03/2004

Extrait du document

Impuissance initiale de l'homme Pour assurer sa simple survie, l'homme n'a été doté par la nature que de moyens assez faibles. Dans le mythe du Protagoras de Platon, Socrate affirme que tout se passe comme si les dieux avaient initialement chargé deux frères - Prométhée et Épiméthée - d'attribuer à chaque espèce animale des «qualités appropriées». L'oublieux Épiméthée, voulant effectuer seul le partage, a pourvu les uns de la vitesse, les autres de la force, etc., mais... il a oublié l'homme. C'est pourquoi son frère, Prométhée, apercevant les hommes «nus, sans chaussures, ni couvertures, ni armes», voyant qu'«ils périssaient sous les coups des bêtes fauves, toujours plus fortes qu'eux», vole le feu à Hephaïstos et permet ainsi à l'humanité de compenser son retard initial. En commettant ce larcin sacrilège, Prométhée a mis les hommes en mesure d'atteindre à la «possession des arts utiles à la vie», c'est-à-dire à la maîtrise des techniques. L'homme, animal fabricateur d'outils Le singe qui pèle un fruit, l'oiseau qui bâtit un nid ou le castor qui construit un barrage transforment, assurément, la nature : mais ils n'utilisent guère que leurs organes au cours de ces activités. Dans la production humaine, en revanche, des instruments, des outils interviennent, qui ont été conçus pour transformer la nature d'une façon déterminée. «L'emploi et la création de moyens de travail, quoiqu'ils se trouvent en germe chez quelques espèces animales, caractérisent éminemment le travail humain» (Marx, Le Capital livre I - 1867).

« partage.

L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisibled'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.

Car la main devient griffe, serre, corne,ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil.

Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de toutsaisir et de tout tenir. Aristote. Ce que défend ce texte: Ce texte a donc pour objet de montrer que non seulement l'homme n'est pas le moins bien pourvu des animaux, maismême qu'il est celui qui a été pourvu d'un organe tout à fait spécial, qui peut remplir la fonction de tous les autresmoyens qui ont été donnés aux autres animaux : la main.En effet, « les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changerpour un autre ».

Ils ne peuvent pas même s'en séparer momentanément.

Le lion doit garder ses griffes et l'aigle sesserres.

Le renversement de perspective par rapport au mythe de Prométhée est donc radical : l'homme est enréalité le mieux pourvu car il possède la main qui représente, virtuellement, tous les autres outils naturels donnésaux êtres vivants.Avec cette main, il possède de « nombreux moyens de défense » et il lui est toujours loisible d'en changer, de sortequ'il possède l'arme qu'il veut, quand il veut.

Car la main peut devenir «griffe, serre, corne [...] ou toute autre armeou outil ».La main est donc un outil naturel qui « tient lieu des autres » et c'est là toute sa spécificité.

Pourquoi, alors, lanature a-t-elle donné à l'homme seul cet outil « de loin le plus utile » ?C'est que la nature ne fait rien en vain, selon Aristote, et si elle a doté l'homme de la main, c'est parce qu'il est seulcapable d'acquérir le plus grand nombre de techniques.Seule, en effet, l'activité humaine est véritablement inventive.

La technè est chez l'homme une disposition tournéevers la création, et « accompagnée de raison », ce qui l'oppose de ce fait, aux autres animaux.La nature a donc donné à l'homme des mains à la mesure de ce que peut lui permettre de faire son intelligence.L'outil, en effet, n'est pas seulement le prolongement naturel de la main, il est la traduction matérielle de sonintelligence.C'est pourquoi Aristote peut affirmer que « ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligentdes êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains ».

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce texte d'Aristote ne prend toute sa signification que si on se réfère au mythe de Prométhée dont Platon expose sapropre version dans son dialogue, Le Protagoras.Selon ce mythe, les dieux chargèrent Prométhée et son frère Épiméthée d'attribuer des qualités appropriées àchacun des animaux qu'ils venaient de façonner.Cependant, Épiméthée demanda à son frère de lui laisser faire seul le partage et attribua aux uns la force, auxautres la vitesse, aux uns des armes sous forme de cornes, griffes, serres...

aux autres des moyens de fuirrapidement, comme les ailes.

En outre, il voulut les aider à supporter les saisons et revêtit les uns de poils épais, lesautres de peaux serrées, en guise de couvertures naturelles.

Enfin, il donna à certains, comme chaussures, soit dessabots, soit des peaux calleuses.Mais il oublia l'espèce humaine et Prométhée, venu pour examiner le partage, vit l'homme sans chaussures, nicouverture, ni arme.

Aussi lui offrit-il, pour compenser cette nudité, le feu et la connaissance des techniques.

Grâceau feu et aux techniques, l'homme put compenser sa nudité originelle et se fabriquer, par la culture, les outils que lanature (à travers la fiction d'Épiméthée) avait oublié de lui accorder sous forme d'organes.

Ainsi, les techniqueshumaines sont-elles fondées sur cette conception selon laquelle l'homme est l'animal le moins bien doté de tous lesanimaux.Aristote réfute ici cette conception véhiculée par le mythe : « ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué» et qu'il est celui qui a reçu en partage le moins de choses par rapport aux autres animaux, « parce que, dit-on, ilest sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre », ceux-là « sont dans l'erreur ».. »

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