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L'homme ne désire-t-il que ce qui lui est utile ?

Publié le 10/03/2004

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- Nous aurons raison. [...] - ...qu'en est-il du désir qui va au-delà de cette limite [celle de la nécessité], le désir de mets plus élaborés que ceux que nous venons de décrire, un désir dont on peut se débarrasser pour la plupart d'entre nous si dès l'enfance on a appris à le réprimer? Ce désir n'est-il pas nuisible pour le corps comme il l'est pour l'âme, si on pense à la sagesse et à la modération? Ne l'appellerait-on pas à juste titre non nécessaire? - Nous aurions tout à fait raison de le faire.» Platon, République, VIII, 558d-559c · Du côté du sensible, nous sommes donc capables de désirer des choses qui, non seulement sont parfaitement inutiles, mais nous sont de plus nuisibles : ainsi les envies d'un seul type d'alimentation (les enfants donnent régulièrement des exemples de telles envies en refusant de manger ce qu'ils ne connaissent pas). Transition : Mais d'avoir trouvé des désirs non nécessaires ne signifie pas que nous avons la preuve d'un désir parfaitement irrationnel. Par exemple, un grand fumeur est tiraillé entre le désir de continuer à fumer, activité qui lui procure du plaisir, et l'envie d'arrêter pour ne pas mourir d'un cancer (disons qu'il ne fume que seul, afin d'exclure l'argument du tabagisme passif).

«Avec ce philtre dans les veines, tu verras bientôt Hélène dans chaque femme.«

 

            Ces paroles de Méphistophélès sont adressées à Faust, un savant qui, ayant passé sa vie à apprendre, est lassé du savoir et de la vie. Le philtre magique que lui donne Méphisto augmente son désir pour les femmes, mais l’utilité de ce désir est discutable. Ce désir existait déjà en Faust, mais Méphisto emploie le philtre pour le tenter. Cependant, si Faust est un savant universel, la femme est la seule chose qu’il lui reste à découvrir. L’homme ne désire-t-il que ce qui lui est utile ? La notion d’utile suppose un but, or le but du désir nous est voilé. Un premier questionnement serait de savoir s’il y a des buts inconscients du désir. Et si de tels buts existent, s’ils sont effectivement utiles. Le désir peut-il être rationnel ?

« transmettre ses gênes.

Ce qui se révèle nuisible à l'individu peut donc, par le biais d'un instinct, se révéler utile àl'espèce. «Dans ce travail de l'Esprit du monde, les Etats, les peuples et les individusapparaissent chacun avec leur principe particulier déterminé, qui s'explicite etdevient réel dans leur constitution et dans toute l'étendue de leurs situations.Tout en ayant conscience de cette réalité particulière et en étant absorbéspar ses intérêts, ils sont néanmoins les instruments et les organesinconscients de cette activité de l'Esprit.»Hegel, Principes de la philosophie du droit, 3e partie, § 343. · Chez Hegel, il existe ce qu'il nomme «ruse de la raison».

Il s'agit de moyensdétournés, tels que les passions, qui permettent à l'Esprit rationnel du mondede s'accomplir à travers des comportements individuellement irrationnels. Transition : Le problème est que les «ruses de la raison» de Hegel, ou la notion d'instinct, tablent sur des désirs essentiels, c'est-à-dire des désirs quenous ressentirions naturellement quelle que soit notre éducation.

Qu'en est-ilde désir qui s'émancipe d'une telle nécessité d'exister ? II – L'homme peut désirer ce qui est futile · Nous devons donc chercher des désirs qui nous sont parfaitement inutiles, donc qui soient directement ouindirectement irrationnels.· Le désir d'argent semble être un bon exemple, si l'on accepte l'adage voulant que «l'argent ne fait pas le bonheur».Mais qu'est-ce que l'argent ? Ce qui a un prix a forcément un équivalent, est forcément négociable.

L'argent, entant qu'il permet d'établir des équivalences, est un convertisseur universel.

Si l'on accepte de définir le bonheurcomme une somme empirique, selon l'expression de Kant (cela veut dire que le bonheur est un état dont il n'y a pasde modèle universel, mais qu'il est différent pour chacun), nous voyons que l'argent en soi ne fait pas le bonheur,mais qu'il est un bon moyen d'atteindre cette fin.

Cet adage populaire serait plutôt un dicton servant à condamnerl'avarice ou à se consoler de la pauvreté plutôt qu'un proverbe porteur de sagesse, le désir d'argent étant,indirectement, le moyen de satisfaire toutes sortes d'autres désirs. «Voudrais-tu, dis-je, que pour éviter trop de confusion dans notre discussion, nous commencions par définir lesdésirs nécessaires et ceux qui ne le sont pas? – Je veux bien, dit-il.

– Eh bien, ceux que nous ne serions pas enmesure de repousser, il conviendrait de les appeler nécessaire, et de même tous ceux qu'il nous est utile desatisfaire? Car c'est pour nous une nécessité naturelle que d'éprouver ces deux types de désirs, n'est-ce pas? –Oui, certainement.

– C'est donc à juste titre que nous les désignons de ce nom, «nécessaires»? – A juste titre, oui.– Eh bien, pour ceux dont on peut se débarrasser, si on s'y applique quand on est jeune, ceux-là dont l'expériencene produit aucun bien et entraîne même le contraire, à tous ceux-là donnons le nom de désirs non nécessaires, etnous aurons raison de le faire, n'est-ce pas? – Nous aurons raison.

[...] – ...qu'en est-il du désir qui va au-delà decette limite [celle de la nécessité], le désir de mets plus élaborés que ceux que nous venons de décrire, un désirdont on peut se débarrasser pour la plupart d'entre nous si dès l'enfance on a appris à le réprimer? Ce désir n'est-ilpas nuisible pour le corps comme il l'est pour l'âme, si on pense à la sagesse et à la modération? Ne l'appellerait-onpas à juste titre non nécessaire? – Nous aurions tout à fait raison de le faire.» Platon, République, VIII, 558d-559c · Du côté du sensible, nous sommes donc capables de désirer des choses qui, non seulement sont parfaitementinutiles, mais nous sont de plus nuisibles : ainsi les envies d'un seul type d'alimentation (les enfants donnentrégulièrement des exemples de telles envies en refusant de manger ce qu'ils ne connaissent pas). Transition : Mais d'avoir trouvé des désirs non nécessaires ne signifie pas que nous avons la preuve d'un désir parfaitement irrationnel.

Par exemple, un grand fumeur est tiraillé entre le désir de continuer à fumer, activité qui luiprocure du plaisir, et l'envie d'arrêter pour ne pas mourir d'un cancer (disons qu'il ne fume que seul, afin d'exclurel'argument du tabagisme passif).

Quel choix lui est le plus utile ? Arrêter pourrait prolonger sa vie, et augmenterpotentiellement la durée de ses plaisirs.

Mais continuer de fumer est également un plaisir, qui a l'avantage d'être sûr,quand l'allongement de sa durée de vie n'est que probable.

Peut-être qu'il n'y a pas de bon choix, et que chaquesolution sera jugée bonne a posteriori.

Car la solution qui l'emportera sera celle qui aura su satisfaire le plus granddésir.

Autrement dit, c'est le désir lui-même qui aura définit ce qui est le plus utile. III – C'est le désir qui définit l'utilité. · Il est possible que le désir, en tant qu'il détermine nos fins, détermine également ce que nous jugeons utile ou. »

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