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Spinoza, Traité théologico-politique: l'esclave est celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai, car en réalité être captif[1] de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire esclavage...

Publié le 27/06/2010

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spinoza

On pense que l'esclave est celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai, car en réalité être captif[1] de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire esclavage, et la liberté n'est qu'à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. Quant à la conduite déclenchée par un commandement, c'est-à-dire l'obéissance, bien qu'elle supprime en un sens la liberté, elle n'entraîne cependant pas immédiatement pour un agent[2] la qualité d'esclave. Il faut considérer avant tout, à cet égard, la signification particulière de l'action. Si la fin[3] de l'action n'est pas l'utilité de l'agent lui-même, mais de celui qui la commande, alors l'agent est un esclave, inutile à lui-même ; au contraire, dans un État et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit pas être dit un esclave inutile à lui-même, mais un sujet. […] De même, les enfants, bien qu'obligés d'obéir à tous les ordres de leurs parents, ne sont cependant pas des esclaves ; car les ordres des parents sont inspirés avant tout par l'intérêt des enfants. Il existe donc, selon nous, une grande différence entre un esclave, un fils, un sujet, et nous formulerons les définitions suivantes : l'esclave est obligé de se soumettre à des ordres fondés sur le seul intérêt de son maître ; le fils accomplit sur l'ordre de ses parents des actions qui sont dans son intérêt propre ; le sujet enfin accomplit sur l'ordre de la souveraine Puissance des actions visant à l'intérêt général et qui sont par conséquent aussi dans son intérêt particulier.

Spinoza, Traité théologico-politique

 

Questions : 1) Dégagez l'idée principale du texte et les étapes de son argumentation.

2) a) Expliquez « être captif de son plaisir est le pire esclavage «.

b) Expliquez « la liberté n'est qu'à celui qui, de son entier consentement, vit sous la seule conduite de la raison «.

c) Que signifie l'opposition entre un esclave et un sujet ?

3) L'obéissance est-elle nécessairement contraire à la liberté ?

 L'idée principale du texte est que la liberté ne s'oppose pas à l'obéissance car la vraie liberté est d'obéir à la raison.

Spinoza commence par montrer que liberté et obéissance ne s'opposent pas. Puis il distingue plusieurs cas d'obéissance : celui qui obéit est néanmoins libre, en un certain sens, si l'ordre qu'il reçoit vise son propre intérêt. Enfin, Spinoza utilise cette distinction pour analyser plusieurs cas concrets et montrer la différence entre un esclave, un fils et un sujet.

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« Correction 1) Dégagez l'idée principale du texte et les étapes de son argumentation. L'idée principale du texte est que la liberté ne s'oppose pas à l'obéissance car la vraie liberté est d'obéir à laraison. Spinoza commence par montrer que liberté et obéissance ne s'opposent pas.

Puis il distingue plusieurs casd'obéissance : celui qui obéit est néanmoins libre, en un certain sens, si l'ordre qu'il reçoit vise son propre intérêt.Enfin, Spinoza utilise cette distinction pour analyser plusieurs cas concrets et montrer la différence entre unesclave, un fils et un sujet. 2)a) Expliquez « être captif de son plaisir est le pire esclavage ». Cette affirmation est étonnante ! A première vue, celui qui agit « selon son bon plaisir » est parfaitement libre.

Entout cas, un tel homme se sent libre, car il suit ses penchants et désirs naturels sans subir de contrainte extérieure. Mais Spinoza y voit un esclavage, surtout si on est « incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile ».C'est-à-dire que notre plaisir ne nous indique pas toujours ce qui est « vraiment utile » pour nous : il suffit depenser aux drogues.

L'alcool est agréable, mais nuisible.

Celui qui est captif de son plaisir est comme un alcoolique :enchaîné à ses désirs, il est incapable de s'y opposer pour voir ce qui lui serait vraiment utile.

C'est le « pireesclavage », car si la chaîne est invisible elle n'en est pas moins tenace ; et puisque l'homme est enchaîné à lui-même, il risque de ne jamais pouvoir être libéré.

Cet esclavage ne vient pas de l'extérieur, il n'est pas accidentel.Voilà pourquoi c'est le pire esclavage.

L'homme captif de son plaisir pourra difficilement en être libéré ! b) Expliquez « la liberté n'est qu'à celui qui, de son entier consentement, vit sous la seule conduite de la raison ». Ceci se comprend facilement à partir de ce que nous avons dit à la question précédente.

La liberté n'est pas àcelui qui est soumis à ses désirs mais à celui qui sait se soumettre à la raison.

La seule manière d'échapper à latyrannie de nos désirs, en effet, est d'utiliser notre raison pour savoir ce qui est véritablement bon pour nous.

Parexemple, l'alcoolique doit essayer d'utiliser sa raison pour comprendre que ce qu'il aime est en train de le tuer.

Alorsseulement pourra-t-il, peut-être, se libérer de son addiction. c) Que signifie l'opposition entre un esclave et un sujet ? L'opposition entre un esclave et un sujet vise à symboliser l'opposition entre deux formes d'obéissance :l'obéissance au service du maître – c'est le cas de l'esclave – et l'obéissance au service de celui qui obéit – c'est lecas du sujet. L'idée sous-jacente est que le sujet est libre, bien qu'il obéisse, car la loi à laquelle il obéit est à son service.Ainsi le sujet symbolise cette obéissance à la raison (représentée par la loi, en supposant qu'elle soit juste) dontnous parlions plus haut et qui constitue la seule vraie liberté.

Loin d'être esclave, le sujet est encore plus libre s'ilobéit à la loi que s'il désobéit, de la même manière que l'homme est plus libre quand il obéit à sa raison que quand illui désobéit. Ceci peut se comprendre de plusieurs manières : obéir à la loi, c'est le moyen d'être libre collectivement : sacrifierune partie de sa liberté pour garantir la partie restante, aussi bien à soi-même qu'à autrui : la liberté de chacuns'arrête où commence celle d'autrui.

Plus précisément, l'idée de Spinoza est que la loi, étant au service de l'intérêtgénéral, est aussi au service de chacun.

Ainsi respecter la loi, c'est vivre intelligemment à plusieurs. 3) L'obéissance est-elle nécessairement contraire à la liberté ? Comme nous l'avons vu, la thèse de Spinoza est que l'obéissance n'est pas nécessairement contraire à la liberté.Mais ne peut-on pas critiquer l'argumentation de Spinoza ? L'idée de Spinoza est qu'on peut être libre tout en obéissant, pourvu que la loi suivie soit au service de notre. »

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