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L'homme peut-il accéder au bonheur ?

Publié le 12/01/2011

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Le problème est donc le suivant : l'état de satisfaction complète des tendances de l'homme, état de plénitude, est-il hors d'atteinte de l'homme, ce sujet et cette personne donateurs de sens ? Plus précisément, le problème est de savoir si la souffrance est coextensive au vouloir-vivre et si elle est seule positive, le bonheur n'étant plus alors qu'une idée impossible à réaliser ou bien si le bonheur peut se dévoiler dans sa réelle positivité et devenir le but réalisable de notre effort.  Nous allons nous demander tout d'abord : le bonheur n'est-il pas qu'un idéal de notre imagination ? Ne dépend-il pas de conditions qui nous échappent totalement ou du moins en grande partie ? La condition humaine ne se révèle-t-elle pas liée à la souffrance ?  Mais le bonheur ne peut-il pas être atteint grâce à une conduite rationnelle et maitrisée de notre existence ?  Enfin, au-delà des philosophies de la souffrance ou du bonheur comme simple ataraxie, le bonheur ne peut-il se dessiner comme processus dynamique ?

« attrayant du lointain nous montre des paradis qui s'évanouissent, semblables à des illusions d'optique, une fois quenous nous y sommes laissés prendre.

Le bonheur réside donc toujours dans l'avenir, ou encore dans le passé, et leprésent paraît être un petit nuage sombre que le vent pousse au-dessus de la plaine ensoleillé : devant lui etderrière lui tout est clair ; seul il ne cesse de projeter une ombre.

(Le monde comme volonté et commereprésentation).Dès lors, si le bonheur n'est qu'un mirage, qu'un fantôme qui s'évanouit à l'horizon, si l'idée même de plénitude n'estqu'un leurre, alors tout bonheur est négatif, sans rien de positif.

La seule chose positive est la souffrance.

Ainsi, lebonheur, idéal et inaccessible, ne possède pas de positivité et la douleur de la vie est totale.

Plus la conscience estaiguë, plus la souffrance est grande et plus clairement apparaît l'absence de positivité du bonheur.

Oui, le bonheurest inaccessible à l'homme, tout particulièrement à ce dernier car c'est le « je pense » qui est douleur.

« Je pense »est égal à « je souffre » est égal à « je suis ».

Telle est l'équation la plus évidente de la vie.

Commencer à pensern'est-ce pas souffrir et pleurer ?Toutefois, comment l'homme pourrait-il vivre sans bonheur ? Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et aubonheur.

Si le malheur de la conscience est une donnée de notre expérience, ne nous faut-il pas construire lebonheur, en faire une conquête spirituelle ?Le bonheur est accessible à l'homme, en tant que maitrise spirituelle.

Si le bonheur est la visée de tout homme, ildoit se révéler accessible.

Or, puisque les faits semblent contraires à l'expérience même du bonheur, ne nous est-ilpas possible de produire nous même ce dernier ? Dès lors, le bonheur se révèlera comme accord rationnel obtenu parl'homme.

Le bonheur se situe alors beaucoup plus haut que tout à l'heure : ce n'est pas une jouissance immédiate etpassive, mais une vie conforme à la raison, une vie marquée par la sérénité et la tranquilité spirituelle.

En cedeuxième sens, le bonheur se révèle accessible : ce n'est pas une donnée, mais une création, ce n'est pas uneimmédiateté, mais une invention spirituelle et une conquête.

Le vrai bonheur consiste dans la paix de l'âme que rienne vient troubler, dans l'absence de trouble et l'indifférence de l'esprit.

Le bonheur signifie alors que nous faisonslibres, indifférents sereins, calmes.

Le bonheur du sage est donc à réaliser ici-bas, en ce monde.Dès lors, pourquoi le bonheur serait-il inaccessible à l'homme ? Au contraire, nous pouvons l'atteindre dèsmaintenant, comme nous le montre si bien Epicure : il faut nous délivrer de la terreur asservissante des dieux de lamort, qu'ils ne nous faut pas craindre.

En particulier, pour construire le bonheur rationnel, il faut guérir l'âme delangoisse de la mort.

Tel est l'admirable contenu de la Lettre a Ménécée, d'Epicure : « tous ces enseignements,médite-lesjour et nuit [...].

Ainsi tu n'éprouveras de trouble ni en songe ni dans la veille, mais tu vivras comme undieu parmis les hommes.

Habitue-toi à vivre dans cette pensée que la mort n'est rien pour nous.

(Epicure, Lettre àMénécée, 124 et 135)Dès lors, le bonheur devient proche d'un exercice spirituel et il cesse d'être hors de portée de l'homme : il seconfond avec une méditation et une ascèse : les dieux ne sont pas à craindre, la mort n'est pas à redouter, le bienest facile à acquérir et le mal est facile à supporter.

Quel beau modèle de bonheur, pouvant être dans les mainsmêmes de l'homme, se confondant avec la sérénité et l'art de jouir des plaisirs de l'âme ! Oui, le bonheur retrouve sapleine positivité : il s'identifie à la maîtrise de la pensée, à la saisie du don merveilleurx qu'est l'existence, en tantqu'elle est pacifiée par la raison.

Irremplaçable et unique, l'existence est bonheur positif.De même, le bonheur stoïcien peut être atteint par l'homme : il consiste à rester libre et maître de ses opinions etde ses pensées, et ce quelles que soient les circonstances.

Le bonheur consiste à être libre, à manifester uneindifférence spirituelle, une apathie totale.Toutefois, ce bonheur rationnel, pétri d'indifférence, ne se laisse atteindre que difficilement.

Dès lors ne faut-il pas,tout en conservant cette idée du bonheur comme ataraxie, davantage creuser l'idée du bonheur ?Nous savons d'une part que la vie humaine est une coïncidence difficile avec soi-même, une négativité infinie etque, d'autre part, un bonheur peut se profiler comme accord de l'homme est des choses gräce à la raison.

Commentarriver à la notion la plus vraie du bonheur, de telle sorte qu'il soit un idéal réalisable ?Le vrai bonheur, ce n'est pas l'immédiateté du repos, le bonheur comme arrêt dont nous parle la thèse, c'est peut-être déjà davantage la maîtrise par la raison.

Mais c'est surtout le parachèvement de l'action, la marque d'uneactivité réussie, éclatante de joie, même si la conscience n'est jamais en repos.

Donc le bonheur, ce n'est pas lasimple jouissance, mais c'est la fermeté spirituelle et surtout le dynamisme coextensif à une vie inquiète.

« Notrebonheur ne consistera jamais [...] dans une pleine jouissance, où il n'y aurait plus rien à désirer et qui rendrait notreesprit stupide ; mais dans un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections.

» Leibniz,Principes de la nature et de la grâce fondés en raison.Comment en définitive, comprendre le problème du bonheur ? Nietzche nous apporte ici des indicatinos précieuses.Zarathoustra, l'annonciateur du surhomme, n'a que mépris pour le bonheur passif et mesquin, privé de toute vertuactive et de tout idéal de puissance.

Aussi faut-il se défier du bonheur prudent, mais aussi de l'idée d'une béatitudefuture apportée par Dieu.

Donc le seul bonheur légitime devrait retrouver des éléments actifs et dynamiques.

Lebonheur doit être la marque d'une activité réussie, le parachèvement de l'acte.« Nous avons inventé le bonheur », disent les derniers hommes, et ils clignent des yeux.

Ils ont abandonné lescontrées où il était dur de vivre : car on a besoin de chaleur.

On aime encore son voisin et l'on se frotte à lui : caron a besoin de chaleur.

[...]On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé.

« Nous avons inventéle bonheur disent les derniers hommes et ils clignent des yeux » Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.Tel est ce bonheur mesquin à dépasser, de telle sorte que l'on retrouve le dynamisme de l'action, le vrai bonheur,qui n'est pas celui du « dernier homme ».Le bonheur est plus dans l'activité que dans la récompense de celle-ci.

C'est l'action qui nous pousse à accomplirnos désirs qui est la véritable cause de notre bonheur et non le fait de les avoir réalisés.

Par exemple effectuer untravail que l'on désire accomplir, cela nous rend heureux, alors que de savoir qu'on l'a accompli n'est pas en soi unesource de bonheur.

Comme le dit Shopenhauer, « c'est l'ennui qui tue » Le monde comme volonté et commereprésentation.

Une vie sans but, sans projet, sans dynamique permettant de s'accomplir et de s'épanouir, ne. »

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