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L'Homme peut-il détruire la nature ?

Publié le 22/11/2011

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C'est pourquoi l'idée d'une destruction de la nature est fausse! On ne pourrait en effet "détruire la nature" qu’en mettant en oeuvre la nature, ce qui est contradictoire et démontre la vanité de cette crainte, du moins telle qu'elle est formulée et présente dans l'esprit du grand public. Même une disparition complète des espèces vivantes causée par un hiver nucléaire ne serait pas une destruction de la nature! Car les processus biochimiques à l’origine de la vie ne seraient pas détruits, ils engendreraient de nouvelles espèces quand bien même y faudrait-il des millions d'années. Bref l'aventure de la vie continuerait sans nous et les espèces que nous aurions fait disparaître. Rappelons à ce sujet que la paléontologie nous apprend que quatre destructions massives des espèces se sont déjà produites sur la terre, bien avant l'apparition de l'homme.   

« Ce qui nous amène à une leçon tout à fait essentielle qui s'inscrit en faux contre le sens commun : tout ce qui esttechniquement possible est naturel; par voie de conséquence, aucune technique ne peut être dénoncée comme unetransgression de la nature, aucune n'est contre-nature, et pas plus les pratiques sociales inédites qu'ellesengendrent : les possibilités des techniques humaines sont des virtualités présentes dès l'origine dans la nature.

Onpeut donc dire que la puissance que la technique met à disposition de l’homme n’est que le dévoilement de lapuissance de la nature même. C'est pourquoi l'idée d'une destruction de la nature est fausse! On ne pourrait en effet "détruire la nature" qu’enmettant en oeuvre la nature, ce qui est contradictoire et démontre la vanité de cette crainte, du moins telle qu'elleest formulée et présente dans l'esprit du grand public.

Même une disparition complète des espèces vivantes causéepar un hiver nucléaire ne serait pas une destruction de la nature! Car les processus biochimiques à l’origine de la viene seraient pas détruits, ils engendreraient de nouvelles espèces quand bien même y faudrait-il des millionsd'années.

Bref l'aventure de la vie continuerait sans nous et les espèces que nous aurions fait disparaître.

Rappelonsà ce sujet que la paléontologie nous apprend que quatre destructions massives des espèces se sont déjà produitessur la terre, bien avant l'apparition de l'homme. Nous savons maintenant que l’idée d’une destruction de la nature par l’homme est fausse puisque la techniqueprolonge et exploite des dynamiques inscrites dans les phénomènes naturels eux-mêmes.

Dès lors il nous reste àcomprendre pourquoi cette croyance dans le caractère néfaste de la technique est si populaire.

Quelle en est doncl'origine? Mais nous ne pouvons pas non plus éluder les problèmes écologiques, juridiques et sociaux posés parl'emploi des techniques.

Quelle évaluation et quels remèdes raisonnables pouvons-nous envisager? Beaucoup pensent que la technique détruit la nature parce qu'il se font de la nature une conception de typereligieuse dont l'expression philosophique est la croyance finaliste (le finalisme).

On peut la résumer par la formulequi dit que "la nature fait bien les choses" ou "qu'elle ne fait rien en vain".

Dès qu’on forme cette croyance, on envient logiquement à penser ce que l’homme produit comme une perturbation d'un ordre naturel pré-existant, originelet donc sacralisé.

On pense la technique comme une dénaturation de la nature ou de l'homme.

Or dire que la naturefait bien les choses est bien évidemment faux puisqu’elle est la source de catastrophes, d’épidémies, demonstruosités...

La nature n’est en fait ni bonne ni mauvaise, elle ne fait ni bien ni mal les choses, puisqu’elle ne faitrien à proprement parler : la nature est un ensemble de processus sans intention, sans finalité comme le montre trèsbien la connaissance scientifique de l'évolution.

Ajoutons aussi la dimension anthropomorphique qui trouble laconception humaine de la nature : car ce qui est catastrophe pour une espèce (une inondation, une sécheresse)peut être un bienfait pour une autre (les poissons, les bactéries et les virus, les végétaux etc.). Ensuite de la croyance que la technique est mauvaise par essence.

A ce compte l’homme atteint d’un cancerdevrait laisser faire la nature et refuser tout soin! A l'analyse la méfiance à l’égard de la technique dévoile sa vraienature : c'est une crainte superstitieuse dont on trouve trace dans nombre de mythes.

Par exemple dans le mythede Prométhée et Epiméthée (Platon, Protagoras) où la technique a pour origine le vol de la puissance divine deproduire et d'utiliser le feu.

Le mythe explique l'acquisition des techniques par une transgression (un vol dans lademeure des dieux) qui est comme le péché originel de la technique : par l'emploi de ses techniques l'homme estcensé briser l’harmonie naturelle et manipuler une puissance qui n'est pas faite pour lui, qu'il n'est pas capable degouverner (le mythe de Frankenstein est déjà annoncé dans celui de Prométhée).

Tout au contraire lapaléoanthropologie nous apprend que l’espèce humaine est inséparable de ses techniques : de son outillages, de sesappareillages : l’anthropologie (étude de l’homme) est nécessairement une anthropotechnique (étude de la relationde l’homme à ses techniques) car dès que l'homme s'est mis à systématiser l'emploi des outils il s'est engagé dansune nouvelle voie propre, il s'est arraché à l'immédiateté de l'emprise de la nature. Et enfin d’une vision anthropomorphique de la nature, qui est la contrepartie de la conception finaliste : le senscommun pense la nature à partir de l’homme, en fonction de ce qui lui est utile.

C'est pourquoi le conceptd’environnement est parfaitement inadéquat pour penser la nature, car il est anthropomorphique : l’environ-nementn’existe pas dans l’absolu car il faut toujours un point central pour déterminer des “environs”.

Or l’homme n’a aucunelégitimité particulière à être ce centre, du moins pas plus que la fourmi ou la pieuvre : il y a autant d’environnementsqu’il y a d’êtres vivants dans leur milieu.

C'est par exemple une source d'eau brûlante et soufrée pour certainesbactéries, ou l'intestin d'un animal pour certains parasites.

Ainsi lorsque nous parlons de destruction de la naturenous ne parlons en réalité que de la destructions des conditions de la vie des hommes et de certaines espècesanimales.

Rien ne semble pouvoir détruire les bactéries par exemple, qui étaient là au début et seront encore là dansdes milliards d'années.

Et les cafards et les rats ont trouvé avec les villes humaines d'extraordinaires biotopes oùs'épanouir. Cela étant dit nous ne pouvons nier que le développement technique pose des problèmes (illimitation,environnement, problèmes juridiques et éthiques, impérialisme d'un mode de pensée, colonisation de l'existence etc).Mais les solutions ne sont pas dans un absurde retour à la nature, ni dans une invocation des valeurs naturelles.Seulement dans le débat et la décision politique! Au terme de notre réflexion nous savons que l’homme n’a pas le pouvoir de détruire la nature et qu’il ne sauraitl’obtenir.

D’une part parce que la nature ce n’est pas seulement l’environnement, d’autre part parce que le pouvoirque la technique confère à l’homme sur la nature repose sur la mise en oeuvre de la nature.

L’homme peut certesopérer des destructions dans la nature, ce qui est bien évidemment condamnable, mais il ne peut pas détruire la. »

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