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L'homme peut-il tout maîtriser ?

Publié le 26/03/2005

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Nous en tirons la problématique suivante : Est-il au pouvoir de l'homme de tout maîtriser ? [ou bien l'homme ne peut par essence n'avoir qu'une maîtrise limitée ?] Tout est-il maîtrisable par l'homme ? [ou bien y a-t-il des choses qui ne peuvent par essence pas être maîtrisées ?] Proposition de plan :   I - examen et limites de la thèse adverse : «  Sitôt que j'eus acquis quelques notions générales touchant la physique, et que commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusque où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusqu'à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes. Car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feraient qu'on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie. » Descartes, Discours de la méthode   La thèse de Descartes consiste à affirmer que la connaissance doit, au même titre que les savoir-faire (« les divers métiers de nos artisans »), devenir un moyen de maîtrise de la totalité du réel : nous pourrions par leur usage « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». La critique que nous pouvons émettre contre Descartes revient au point que nous avons souligné en introduction : il statue sur une possibilité totalement indémontrable. La thèse comporte un autre présupposé : que la connaissance épuise la maîtrise.

Relisons notre sujet et notons un point important : il est impossible, si nous voulons rester honnêtes, de répondre positivement à la question posée. Qui pourrait prétendre que l’homme peut tout maîtriser ? Nous ne pouvons pas le savoir. La seule question à laquelle nous pouvons tenter de réponde est plutôt : y a-t-il des choses qui échappent nécessairement à la maîtrise de l’homme ? Notre démarche consiste ici à limiter le champ de cette maîtrise ; autrement dit, notre intuition de départ cherche à répondre « non « à la question posée, puisque « oui « semble être une réponse indémontrable.

Toute relation de maîtrise suppose un maître (l’homme dans notre cas) et un maîtrisé (le réel, les connaissances, etc.) : nous devons donc rechercher les limites intrinsèques au maître et au maîtrisé. Nous en tirons la problématique suivante :

  1. Est-il au pouvoir de l’homme de tout maîtriser ? [ou bien l’homme ne peut par essence n’avoir qu’une maîtrise limitée ?]
  2. Tout est-il maîtrisable par l’homme ? [ou bien y a-t-il des choses qui ne peuvent par essence pas être maîtrisées ?]

« démontré), il faudrait encore que la technique suive, ce qui ne peut pas non plus être démontré.

Les sciencesmodernes nous invitent plutôt à croire le contraire : les expériences scientifiques nécessaires pour appuyer lathéorie de la relativité d'Einstein ne sont pas réalisables, autrement dit, la technique ne peut pas suivre. II – Heidegger et la finitude radicale de l'homme L'homme, ou le dasein , dans les termes de Heidegger est un pro-jeté : il est certes projet – c'est sa part de liberté – mais il est jeté dans le monde, plus précisément, ses projets ne se conçoivent que dans un ensemble depossibilités qu'il ne maîtrise pas.

Le monde lui advient sans qu'il puisseentièrement être le maître de ses projets.

Cette finitude de l'homme,cependant, n'est pas imputable au monde qui l'entoure (sinon, il pourrait ladépasser et se rendre comme Descartes l'espérait maître et possesseur de lanature), elle est au contraire ce qui constitue l'homme.

En d'autres termes,cette finitude est essentielle à l'homme.

Nous avons, dans cette perspectiveheideggérienne, mis au jour une limite intrinsèque à la maîtrise par l'homme :le maître est lui-même limité.

Il ne peut donc pas tout maîtriser. Référence éventuelle (texte extrêmement difficile) : Heidegger : Être et temps , §31 (trad.

Martineau) « § 31.

Le Da-sein comme comprendre. [...] Le projet concerne toujours la pleine ouverture de l'être-au-monde; le comprendre, en tant que pouvoir-être, a lui-même des possibilités qui sont pré-dessinées par l'orbe de ce qui estessentiellement ouvrable en lui.

Le comprendre peut se placer primairement dans l'ouverture du monde, c'est-à-dire que le Dasein peut de prime abord et le plus souvent se comprendre à partir de son monde.

A moins que le comprendre ne se jette primairement dans le en-vue-de-quoi, autrement dit que le Dasein n'existe en tant que lui- même.

Le comprendre est soit authentique - jaillissant du Soi-même propre comme tel - soit inauthentique.

Lepréfixe « in- » ne signifie pas que le Dasein se détache de son Soi-même et comprenne « seulement » le monde.

Le monde appartient à son être-Soi-même en tant qu'être-au-monde.

D'autre part, le comprendre authentique aussibien qu'inauthentique peuvent derechef être véridiques nu fallacieux.

Le comprendre, en tant que pouvoir-être, est radicalement transi de possibilité.

Mais se transporter dans l'une de ces possibilités fondamentales du comprendre nesignifie pas dépouiller l'autre.

Comme le comprendre concerne bien plutôt à chaque fois la pleine ouverture du Dasein comme être-au-monde, le fait de se transporter, pour le comprendre, est une modification existentiale du projet en son tout.

Dans le comprendre du monde, l'être-à est toujours co-compris, et le comprendre de l'existence comme telle est toujours un comprendre du monde. [...] L'ouverture du Là dans le comprendre est elle-même une guise du pouvoir-être du Dasein.

Dans l'être-projeté de son être vers le en-vue-de-quoi et, indissociablement, vers la significativité (monde), est incluse une ouverturede l'être en général.

Dans le projeter vers des possibilités, la compréhension de l'être est déjà anticipée.

L'être estcompris dans le projet, non pas conçu ontologiquement.

L'étant qui a le mode d'être du projet essentiel de l'être-au-monde a pour constituant de son être la compréhension d'être.

Ce qui avait auparavant 1 (1) été établi dogmatiquement reçoit maintenant sa mise en lumière à partir de la constitution de l'être où le Dasein comme comprendre est son Là.

Un éclaircissement satisfaisant, et conforme aux limites de toute la présente recherche, dusens existential de cette compréhension d'être ne pourra être atteint que sur la base de l'interprétation temporalede l'être. Affection et comprendre caractérisent, en tant qu'existentiaux, l'ouverture originaire de l'être-au-monde.

Selon la guise de l'être-intoné, le Dasein « voit » des possibilités à partir desquelles il est.

C'est dans l'ouvrir projetant de telles possibilités qu'il est à chaque fois déjà intoné.

Le projet du pouvoir-être le plus propre est remis au fait del'être-jeté dans le Là.

Une telle explication de la constitution existentiale de l'être du Là au sens du projet jeté necontribue-t-elle pas à rendre l'être du Dasein énigmatique ? Assurément.

Mais nous sommes tenus de laisser ressortir en sa plénitude le caractère énigmatique de cet être, ne serait-ce que pour pouvoir échouer comme il fautà le « résoudre », et réussir à poser à neuf la question de l'être de l'être-au-monde jeté-projetant.

» III – L'instrument de la maîtrise n'est pas lui-même maîtrisable L'ultime instrument, du moins, le plus puissant, de maîtrise du réel est la technique.

Elle est ce par quoi l'hommeserait le mieux à même de se rendre maître et possesseur de la nature.

Elle présente cependant un danger queHeidegger pointe à plusieurs reprises, et notamment dans un texte simple : sérénité (in Question III) : La pensée technique (à laquelle la pensée scientifique appartient), est une pensée qui calcule, qu'Heidegger opposeà une pensée qui médite.

Elle est un mode d'être inauthentique du dasein, en tant qu'elle n'est pas une pensée del'être (priorité absolue chez Heidegger).

Elle pense le réel comme un immense stock disponible, qui n'a qu'à être. »

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