Devoir de Philosophie

L'Homme vit-il sans cesse sous la menace et dans la crainte d'une mort imminente ?

Publié le 08/04/2009

Extrait du document

- La mort, phénomène banal est aussi commune que la natalité. Et pourtant, comme l’affirme Jankélévitch (La Mort) : « Jamais la répétition du phénomène empirique n’effacera le drame des consciences individuelles «. Pourquoi ? La mort appartient à la fois au domaine de l’expérience et, en un sens, le transcende comme un miracle. Elle est le miracle de la disparition absolue, quelque chose de démesurée et d’incommensurable. Comment comprendre ce paradoxe : ce qui est la loi même de la vie, et sa loi la plus certaine, est en même temps extra ordinem, irréductible à tous les autres phénomènes naturels. C’est ce que Jankélévitch nomme « l’empirico-métempirique « de la mort : le fait qu’elle s’inscrive dans le monde de l’expérience commune tout en restant profondément « surnaturelle « et incompréhensible. C’est qu’il faut distinguer la mort comme phénomène biologique et la mort comme évènement existentiel. On ne peut comprendre l’affliction et la crainte de la conscience devant cette idée qu’en prenant en compte la dimension existentielle de cette découverte.  - La mort effraie car elle est néantisante, elle ruine mes projets et est l’anéantissement de mes possibles.  - Mais elle est d’autant plus angoissante qu’elle surgit dès la possibilité des possibles. Dès que j’entre dans la vie et que j’ouvre devant moi le champ des possibles de ma liberté, je me trouve devant cette étrange possibilité de l’annihilation de ma vie. Les possibles anéantis dès leur existence, c’est en un sens l’absurdité absolue. De là, l’horreur que suscite la pensée de la mort intervenant en pleine jeunesse, comme si la mort devenait plus insupportable encore lorsqu’elle ne joue pas le jeu et ne laisse même pas à l’individu la possibilité des possibles, c’est-à-dire celle d’une certaine réalisation de soi.  

« III/ Comment ne pas tomber dans l'obsession ? - il existe une tendance immédiate au refoulement de la mort : elle se manifeste d'abor par la fuite.

Fuir la mort,c'est chercher à évacuer d'abord son symptôme, l'affliction, en s'étourdissant dans des activités multiples.

C'est ceque Pascal pense dans la notion de divertissement.

Se divertir, c'est agir en poursuivants de faux buts, qui sont enfait des prétextes pour nous cacher la vérité de notre condition : « Le dernier acte est sanglant, bien que belle soitla comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur la tête et en voilà fini pour jamais ».

Pascal in Pensées,210B.

pour ne pas prendre conscience de notre mort, nous nous dispersons en accumulant des expériences multipleset décousues.- On peut également mettre au jour une tendance à rationaliser l'évènement de la mort en réduisant son mystèrepour le reconduire à un problème théorique.

Il s'agit de dépersonnaliser la mort, de la réduire à une notion abstraite,rapportée au champ collectif.- La religion est également un moyen que l'homme a trouvé pour se rassurer.

S'inventer des Dieux maîtres de nouscomme de l'univers, qui décident de notre vie comme de notre mort.

Il en est de même de la croyance en un au-delà dans lequel notre vie se prolongerait, faisant ainsi de la mort non plus en fin mais bien un instant de passage.- Mais l'idée de la mort, écartée de la conscience, resurgit néanmoins avec une virulence accrue : c'est en quelquesorte le destin du refoulé que de réapparaître là où on ne l'attend pas.

l'oubli est impossible : nous faisonsl'expérience de notre finitude tout au long de notre vie, dans le vieillissement tout d'abord, puis aussi dansl'expérience de la mort des autres. CONCLUSION : La mort effraie donc en tant qu'ennemie invisible, ennemie incernable.

Elle est l'Inconnue par excellence : c'est cequi lui confère cette étrangeté irréductible.

On conçoit donc l'affliction de la conscience immédiate quand laconscience de la mort l'envahit.

Cette affliction, ce tourment, est à la fois tristesse, abattement, spleen et effroi,angoisse.

Nous avons vu que les tentatives d'apaisement de la conscience immédiate sont avant tout des effortsdésespérés pour se masquer la finitude de sa condition.

Les consolations trouvées sont alors des instruments dedissimulation : détournement de l'attention, réduction du mystère, refoulement de l'idée de la mort, semblent àpremière vue des conditions nécessaires de la vie.

Si la mort apparaît comme l'idée néantisante par excellence, laconscience cherche à y échapper ; l'essentiel de ses activités vise alors l'évitement de cette pensée et le refugedans l'inconscience.

Néanmoins, nous en sommes arrivés à la conclusion que ces tentatives se soldent par un échecnécessaire et plongent la conscience dans l'obsession, qui est le pendant de ce refoulement spontané. Citations -Jankélévitch (La Mort) : « Jamais la répétition du phénomène empirique n'effacera le drame des consciencesindividuelles ».- « Parce que le futur de la mort propre n'est pas présentifiable, il revêt facilement un caractère abstrait, parce quesa date est indéterminé et parce que la mort n'est jamais nécessaire à tel où tel moment, nous la renvoyonsvolontiers aux calendes.

L'homme réalise sa mort et la réalise dans l'angoisse lorsqu'il comprend que le dernier avenir,comme les avenirs mineurs de l'intervalle, est fait lui aussi après tout pour advenir ; lorsqu'il découvre que la fin desfins, comme les petites fins intermédiaires des séries intravitales, pourrait bien être un jour mon présent ».Jankélévitch in La Mort, p.19.- « Le dernier acte est sanglant, bien que belle soit la comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur latête et en voilà fini pour jamais ».

Pascal in Pensées, 210B.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles