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L'idée d'une représentation inconsciente est-elle concevable ?

Publié le 25/01/2004

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L'idée d'une représentation inconsciente est-elle concevable ?On voit que la notion d'inconscient ne se réduit pas à qualifier ce qui est sous-jacent aux représentations conscientes et qui exerce à la marge de la conscience une influence sur elle. Faire de l'inconscient une catégorie fondamentale de la réalité présente certes l'inconvénient de perdre en compréhension et en précision ce qu'on pense avoir gagné en extension. Mais peut-être faut-il retenir que l'inconscient est au moins une notion qui invite à remettre en cause fondamentalement certaines habitudes de pensée. Ainsi, on a tendance à considérer comme quelque chose qui n'existe pas ou plus les états psychologiques inconscients parce qu'ils ne sont pas actuellement présents à la conscience. C'est parce qu'il conçoit la conscience comme la marque caractéristique du présent et de l'être agissant que Bergson peut concevoir la représentation inconsciente comme une représentation refoulée par la conscience. Cela permettrait de donner à la notion de représentation inconsciente, « en dépit d'un préjugé répandu », une clarté et une assise théorique fortes. CITATIONS: « La recherche psychologique [...] se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas mare dans sa propre maison ». Freud, Introduction à la psychanalyse, 1917.

« l'âme qui y réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans lecorps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notremémoire, attachées à des objets plus occupants.

Car toute attention demande de la mémoire, et souvent quandnous ne sommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendre garde, à quelques-unes de nos propresperceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexion et même sans être remarquées ; mais si quelqu'unnous en avertit incontinent après et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nousnous en souvenons et nous nous apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).

Et pour juger encoremieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exempledu mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.

Pour entendre ce bruit comme l'onfait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoiquechacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain L'inconscient est-il l'inconnaissable ? Néanmoins l'idée que des représentations inconscientes participent à la formation des représentations conscientesouvre la possibilité que la conscience ne soit pas au fondement de la vie psychique.

L'idée que la vie psychique n'estqu'un phénomène second, venant après coup et s'étayant sur autre chose que la conscience de soi du sujetpensant, a été soutenue par Schopenhauer.

Pour l'auteur du Monde comme volonté et comme représentation,l'activité consciente (la représentation) est une réfraction et une objectivation d'un monde dont l'essence est lavolonté ou le vouloir-vivre.

Mais cette volonté n'est pas la volonté au sens traditionnel.

Elle n'est pas la faculté d'unsujet conscient de poser des buts et d'y tendre, mais plutôt une sorte de force présente « à son plus bas degré[...] comme une pression aveugle, comme une poussée obscure, engourdie, loin de toute possibilité immédiate d'êtreconnue ».

De la matière inorganique jusqu'aux êtres vivants et jusqu'à l'homme, toute la réalité est conçue commeles différents degrés d'objectivation de cette volonté qui échappe à toute possibilité d'être représentée telle qu'elleest.

Elle peut être dite, à ce titre, sinon inconsciente, au moins inconnaissable.

La conscience de son côté estreprésentation du monde, miroir de cette volonté — mais un miroir ne donnant à voir qu'illusion, sorte de Voile deMaïa, la divinité indienne qui jette un voile d'illusion sur le monde perçu.

Certes, on ne peut assimiler sans précautioncette notion de vouloir-vivre à un concept strict de l'inconscient car ce que Schopenhauer appelle volonté ne relèvepas essentiellement du psychisme.

Mais il est possible de parler ici d'inconscient en un sens large et somme toutefaible, synonyme de « non actuellement connu ». L'idée d'une représentation inconsciente est-elle concevable ? On voit que la notion d'inconscient ne se réduit pas à qualifier ce qui est sous-jacent aux représentationsconscientes et qui exerce à la marge de la conscience une influence sur elle.

Faire de l'inconscient une catégoriefondamentale de la réalité présente certes l'inconvénient de perdre en compréhension et en précision ce qu'onpense avoir gagné en extension.

Mais peut-être faut-il retenir que l'inconscient est au moins une notion qui invite àremettre en cause fondamentalement certaines habitudes de pensée.

Ainsi, on a tendance à considérer commequelque chose qui n'existe pas ou plus les états psychologiques inconscients parce qu'ils ne sont pas actuellementprésents à la conscience.

C'est parce qu'il conçoit la conscience comme la marque caractéristique du présent et del'être agissant que Bergson peut concevoir la représentation inconsciente comme une représentation refoulée par laconscience.

Cela permettrait de donner à la notion de représentation inconsciente, « en dépit d'un préjugé répandu», une clarté et une assise théorique fortes. « La recherche psychologique [...] se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas mare dans sa propremaison ».

Freud, Introduction à la psychanalyse, 1917. « L'homme comme tout être vivant pense sans cesse, mais ne le sait pas; la pensée qui devient consciente n'enest que la plus petite partie, disons : la partie la plus médiocre et la plus superficielle.

» Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. « L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire [...], parce que les données de la conscience sont extrêmementlacunaires.

» Freud, Métapsychologie, 1952 (posth.) « Il existe deux variétés d'inconscient : les faits psychiques latents, mais susceptibles de devenir conscients, etles faits psychiques refoulés qui, comme tels et livrés à eux-mêmes, sont incapables d'arriver à la conscience.

[...]Nous réservons le nom d'inconscients aux faits psychiques refoulés.

» Freud, Essais de psychanalyse, 1923.. »

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