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L'illusion n'est-elle qu'une erreur ?

Publié le 05/03/2004

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illusion

Selon Pascal l'hypocrisie constante des rapports sociaux nous maintient dans une illusion permanente en cela que nous ne savons jamais ce que pensent réellement les autres. Freud pousse plus loin l'analyse et soutient que l'illusion est positive, elle n'est pas un vain jeu de tromperie réciproque, par exemple l'illusion religieuse permet de reconduire de manière dérivée le désir enfantin de protection (voir L'avenir d'une illusion).            

L'erreur ne semble avoir aucune fonction sociale, et comme l'écrit Deleuze dans Différence et répétition elle est toujours liée à une norme du vrai et du faux, inscrite dans une relation binaire. Mais l'illusion, à l'inverse ne témoigne en faveur d'aucune norme, elle devient elle-même norme (la religion par exemple). L'erreur paraît avoir bien plus de parenté avec la faute (cf les problèmes juridiques et éthiques : une erreur médicale est-elle une faute professionnelle ? Ou à l'inverse, la maladie qu'on prenait avant pour une malédiction et qui est devenue une simple « erreur de recopiage « dans la chaîne Adn, voir Canguilhem « Un nouveau concept en pathologie : l'erreur «).  

III-La résistance de l'illusion.              

Au début de « la dialectique transcendantale «, dans la Critique de la raison pure Kant distingue entre deux sortes de paralogismes, « Le paralogisme logique consiste dans la fausseté formelle d'un raisonnement, quel qu'en puisse être par ailleurs le contenu. Un paralogisme transcendantal, en revanche, possède un fondement transcendantal qui incite à produire des conclusions formellement fausses «. Ce fondement c'est une illusion de la raison, celle-ci a l'impression de connaître à l'aide de raisonnement les Idées : l'âme, le monde et Dieu.

Illusion, du latin "Illudere". La racine "ludere" évoque un jeu, comme les jeux de miroirs. On évoque souvent les illusions d'optique comme modèle. L'illusion résulte d'un mécanisme que nous ne maîtrisons pas, et qui nous fait prendre le faux pour le vrai. Mais elle est aussi ce qui nous incite à adhérer à une idée, à un jugement, que celui-ci soit vrai ou faux. Par là, il ne faut pas la confondre avec l'erreur.

illusion

« Au début de « la dialectique transcendantale », dans la Critique de la raison pure Kant distingue entre deux sortes de paralogismes, « Le paralogisme logique consiste dans la faussetéformelle d'un raisonnement, quel qu'en puisse être par ailleurs le contenu.

Unparalogisme transcendantal, en revanche, possède un fondementtranscendantal qui incite à produire des conclusions formellement fausses ».Ce fondement c'est une illusion de la raison, celle-ci a l'impression deconnaître à l'aide de raisonnement les Idées : l'âme, le monde et Dieu.

OrKant montre que cette connaissance est illusoire, en cela qu'elle n'est fondéesur aucune intuition sensible, simplement c'est une illusion interne à la raison ;et si la critique peut mettre une telle carence en évidence, elle ne peut lavaincre entièrement, à l'inverse de l'erreur qui elle ne résiste pas à lacorrection (paralogisme logique).

L'illusion est en cela voisine de l'obnubilation,même dévoilée elle résiste encore à la correction, c'est dans sa nature mêmeque la raison est portée à l'illusion, abusée par son propre pouvoir qu'ellesurestime.

L'emploi logique de la raison implique qu'elle recherche toujours la raison dechaque raison, la condition du conditionné, et ce, en une régression à l'infini.Cependant cet emploi logique ne peut décider si le conditionné l'estrelativement ou absolument, en d'autres termes s'il existe un inconditionné.En revanche, l'usage transcendantal de la raison, voulant donner duconditionné une explication complète, postule que le conditionné ne peut avoir d'existence réelle que s'il procède d'un inconditionné qui fonde la réalité.

Cet usage refuse donc la régression àl'infini.

Mais cet inconditionné ne pouvant être trouvé dans le monde phénoménal de l'expérience, la raisontranscendantale le place dans un monde suprasensible, qui est celui de la métaphysique.

Ainsi naissent les idéestranscendantales d'âme, de monde et de Dieu, lesquelles entraînent paralogismes et antinomies.

Or, tandis que lavérité de la science réside dans la coïncidence entre le concept fourni par l'entendement et l'intuition fournie par lasensibilité, il ne peut y avoir, par définition, aucune intuition métaphysique correspondant aux idées métaphysiquespuisque la métaphysique prétend saisir des objets qui sont hors du monde de l'expérience.

L'usage transcendantalde la raison est donc illégitime, et la métaphysique une pure illusion.

En dernière analyse l'illusion se distinguerait de l'erreur par sa dimension affective qui fait que malgré unecorrection logique l'illusion subsiste, un exemple fort est fourni par Freud lorsqu'il dit que nous vivons comme si nousétions persuadés de notre immortalité.

Nous savons pertinemment que nous allons mourir, cela ne nous empêche pasde conduire notre vie comme si nous étions éternels.

[La religion ne peut se soustraire aux exigences de la raison] « [...] Les doctrines religieuses sont soustraites aux exigences de la raison ;elles sont au-dessus de la raison.

Il faut sentir intérieurement leur vérité ;point n'est nécessaire de la comprendre.

Seulement ce Credo n'estintéressant qu'à titre de confession individuelle ; en tant que décret, il ne liepersonne.

Puis-je être contraint de croire à toutes les absurdités ? Et si teln'est pas le cas, pourquoi justement à celle-ci ? Il n'est pas d'instance au-dessus de la raison.

Si la vérité des doctrines religieuses dépend d'unévénement intérieur qui témoigne de cette vérité, que faire de tous leshommes à qui ce rare événement n'arrive pas ? On peut réclamer de tous leshommes qu'ils se servent du don qu'ils possèdent, de la raison, mais on nepeut établir pour tous une obligation fondée sur un facteur qui n'existe quechez un très petit nombre d'entre eux.

En quoi cela peut-il importer auxautres que vous ayez, au cours d'une extase qui s'est emparée de tout votreêtre, acquis l'inébranlable conviction de la vérité réelle des doctrinesreligieuses ? » Freud Articulation des idées 1.

Freud expose la position de la religion : elle affirme que ses doctrines, sesdogmes, relevant du sentiment, sont au-dessus de la raison et ne peuventêtre examinées par celle-ci.2.

Freud rejette cette thèse en avançant plusieurs arguments.

II n'y a pas d'instance supérieure à la raison.

On ne saurait donc être contraint de croire (c'est-à-dire d'accepter sans examen de la raison) à rien.

Si la religion se fonde sur l'expérience individuelle du divin (l'extase), une telle expérience ne saurait avoir unevaleur démonstrative pour ceux qui ne l'ont pas connue. L'intérêt philosophique du texte est de poser la question du rapport entre la raison et la religion, de l'indépendancenécessaire de la raison à l'égard de la religion, et du droit de la raison à procéder à un examen critique et une. »

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