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L'imagination est-elle le refuge de la liberté ?

Publié le 17/01/2022

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On pourra aussi penser que ce qui menace notre liberté, tout autant que la violence et le caprice des passions, ce sont les habitudes que nous avons contractées, l'incapacité où elles nous mettent de voir le réel autrement que selon des images toutes faites. Exercer notre imagination, ce sera alors sauvegarder l'aptitude à la découverte, et à l'invention. Enfin, il y a une espèce de la fiction qui mérite d'être considérée comme refuge d'une véritable liberté, c'est l'utopie. On sait que ce terme vient du titre donné par More à un ouvrage qui comporte deux parties. L'une où il dresse un bilan extrêmement sombre des maux dont il souffre la société de son temps et où il discute la question de savoir si le philosophe que révolte la misère publique et les injustices ne pourrait pas, sinon y remédier, du moins les diminuer en essayant d'infléchir le pouvoir du Prince par de sages conseils. Comme il conclut à l'impossibilité d'une telle stratégie ("En voulant guérir la folie des autres, je tomberais en démence avec eux"), il ne lui reste plus qu'à dire, en construisant l'image d'une société organisée selon la justice, ce qu'il s'avère impossible de faire. C'est l'objet de la seconde partie qui présente le royaume d'utopie. On pensera évidemment à la cité juste de Platon propose dans la "République" -que More connaissait- et qui a vu le jour dans des conditions similaires, après les échecs de Platon à modifier le comportement des tyrans de Syracuse. Trop souvent, on considère l'utopie comme une simple chimère. Or elle ne s'enracine pas dans un simple désir mais dans une aspiration à la justice et d'autre part elle comporte une cohérence systématique qui témoigne de la capacité constructive de l'imagination.


Pour Sartre, « l'imagination est une condition essentielle et transcendantale de la conscience. Il est aussi absurde de concevoir une conscience qui n'imaginerait pas que de concevoir une conscience qui ne pourrait effectuer le cogito «. Conscience réalisante et conscience imageante sont indissociables. L'imagination est la fonction irréalisante de la conscience. En effet, lorsque je perçois un objet réel, je le perçois comme élément d'un ensemble qui est la réalité totale. Même si je concentre mon attention sur lui, je le saisis comme présent et en continuité avec les autres objets réels, eux-mêmes présents, c'est-à-dire avec le monde. En revanche, quand j'imagine ce même objet, je l'isole des autres et le saisis comme absent. Certes, je sais que cet objet existe réellement, mais en tant que je l'imagine, je le vise là où il ne m'est pas donné. Dès lors je le saisis « comme un néant pour moi «. Ainsi donc imaginer est un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, à savoir simultanément isoler et anéantir un objet. Mais poser l'objet comme un néant par rapport au monde, c'est la même chose que poser le monde comme un néant par rapport à l'image. Car « poser une image c'est constituer un objet en marge du réel, c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier «. L'imagination permet donc de se détacher du monde, de le dépasser : sans elle, la conscience serait « engluée dans l'existant «. C'est pourquoi l'imagination est liberté.



  • I) L'imagination est le refugez de la liberté.
a) L'imagination est une libre combinaison d'idées.
b) L'imagination est source de satisfactions.
c) L'imagination fait de l'homme un tout.

  • II) L'imagination n'est pas le refuge de la liberté.
a) L'imagination ne remplace pas la liberté concrète.
b) Celui qui vit dans l'illusion n'est pas libre.
c) L'homme n'est pas seulement un esprit.


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« SUPPLEMENT: SARTRE : l'imagination, manifestation de la liberté Pour Sartre, « l'imagination est une condition essentielle et transcendantalede la conscience.

Il est aussi absurde de concevoir une conscience quin'imaginerait pas que de concevoir une conscience qui ne pourrait effectuer lecogito ».

Conscience réalisante et conscience imageante sont indissociables.L'imagination est la fonction irréalisante de la conscience.

En effet, lorsque jeperçois un objet réel, je le perçois comme élément d'un ensemble qui est laréalité totale.

Même si je concentre mon attention sur lui, je le saisis commeprésent et en continuité avec les autres objets réels, eux-mêmes présents,c'est-à-dire avec le monde.

En revanche, quand j'imagine ce même objet, jel'isole des autres et le saisis comme absent.

Certes, je sais que cet objetexiste réellement, mais en tant que je l'imagine, je le vise là où il ne m'est pasdonné.

Dès lors je le saisis « comme un néant pour moi ».

Ainsi donc imaginerest un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, à savoir simultanémentisoler et anéantir un objet.

Mais poser l'objet comme un néant par rapport aumonde, c'est la même chose que poser le monde comme un néant par rapportà l'image.

Car « poser une image c'est constituer un objet en marge du réel,c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier ».L'imagination permet donc de se détacher du monde, de le dépasser : sanselle, la conscience serait « engluée dans l'existant ».

C'est pourquoil'imagination est liberté. « Rien n'est plus libre que l'imagination humaine; bien qu'elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fourniespar les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées danstoutes les variétés de la fiction et de la rêverie.

» Hume, Enquête sur l'entendement humain, 1748. « Par l'imagination nous abandonnons le cours ordinaire des choses.

[...] Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancervers une vie nouvelle.

» Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « Grâce à l'imaginaire, l'imagination est essentiellementouverte, évasive.

Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouverture, l'expérience même de lanouveauté.

» Bachelard, L'Air et les Songes, 1943. « L'imagination [...], c'est la conscience tout entière en tant qu'elle réalise sa liberté.

» Sartre, L'Imaginaire, 1940. « L'imagination est la folle du logis.

» Malebranche, De la Recherche de la vérité, 1674-1675. « Imagination — C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autantplus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « Les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau et les imaginent plutôt qu'ils ne lesconnaissent.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « Il est vraisemblable que le principal crédit des miracles, des visions, des enchantements et de tels effetsextraordinaires, vienne de la puissance de l'imagination agissant principalement contre les âmes du vulgaire, plusmolles.

» Montaigne, Essais, 1580-1588. « Qu'on loge un philosophe dans une cage de menus filets de fer clairsemés, qui soit suspendue au haut des toursNotre-Dame de Paris, il verra par raison évidente qu'il est impossible qu'il en tombe, et pourtant, il ne se sauraitgarder [...] que la vue de cette hauteur extrême ne l'épouvante et ne le transisse.

» Montaigne, Essais, 1580- 1588. Imagination : « Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer [...], aétabli dans l'homme une seconde nature.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « L'imagination dispose de tout; elle fait la beauté, la justice, et le bonheur, qui est le tout du monde.

» Pascal,. »

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