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L'IMITATION

Publié le 16/03/2011

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   A) Formes de l'imitation    L'expression « instinct d'imitation « invite à chercher des exemples dans le monde animal. Mais on confond des faits différents sous cette rubrique commode.    1° Mimétisme : exemple des poissons plats qui, vivant sur des fonds variables, présentent une adaptation mobile de la couleur de leurs téguments à celle des fonds. Elle est due à la contraction ou à l'expansion de taches pigmentaires, et dépend de la perception visuelle de l'éclairement, car elle est supprimée par la destruction des yeux ou des voies optiques. Plus intéressant encore est le comportement de certains crabes qui couvrent leur corps d'objets de la couleur du fond sur lequel ils sont placés.

« 2° Il y a au contraire un rôle social important des formes supérieures, volontaires, de l'imitation.

Au plus haut, ceque Bergson nomme l'appel du héros.

Mais dans tous les effets sociaux où l'imitation joue un rôle, l'imitation estguidée par l'intelligence, ce n'est pas l'imitation qui est la cause véritable. 3° Évidemment, toutes les imitations humaines ne sont pas de l'ordre intelligent.

On peut en rapporter beaucoup à lafaiblesse du caractère, à l'incomplète possession de soi qui font de l'esprit une proie pour la fascination.

Mais cesimitations qui ruinent la cohésion de l'individu ne peuvent favoriser la cohésion interindividuelle. En résumé, si l'imitation est intelligente, l'intelligence y est le facteur principal (volonté d'imitation).

Si elle estmécanique, elle désagrège l'individu et ne peut fonder une société réelle (instinct d'imitation). Comme le dit Pradines, ce n'est que par figure et image qu'il peut nous être suggéré de comprendre quelque chose,ou que nous paraissons imiter ce que nous recomposons d'après des principes.

Nous travaillons alors d'après desprocédés dont la suggestion hypnotique de l'imitation passive ne nous offrent plus qu'une image tout à fait lointaineet même, à certains égards, inversée.

Ceux qui peuvent employer ces procédés sont presque soustraits à l'influencede la suggestion et au piège de l'imitation.

Ceux qui dominent ces dernières influences sont presque incapablesd'employer ces procédés. Tarde mélange ces plans de conduite. « Plus se diversifient ces suggestions qui souvent se contrarient et plus s'accentue l'importance du caractèreindividuel qui révèle son originalité par la nature de son choix entre tant de modèles divers offerts à la fois à sonimitation.

Quand, au lieu de se régler sur quelques-uns ou quelques-unes, on emprunte à 100, 1 000, 10 000personnes considérées chacune sous son aspect particulier, des éléments d'idées en action que l'on combineensuite, la nature même, et le choix de ces copies élémentaires ainsi que leur combinaison, expriment et accentuentnotre personnalité originale.

Et tel est peut-être le bénéfice le plus net du fonctionnement de l'imitation.

« (Tarde). Pradines commente : « Il est bien évident que le choix entre 1 000 ou 10 000 modèles, de simples éléments d'idées ou d'actions, qui ne secomposent en idées ou conduite effective que par une conduite toute personnelle, non seulement n'a rien à voiravec une imitation, mais constitue le type même de la création, est le signe de l'indépendance.

» En définitive, l'imitation : — ne peut prétendre expliquer ce qui se rattache à une préformation organique des fonctions sociales chezl'individu; — ne peut agir d'une manière tant soit peu permanente et efficace qu'entre des êtres déjà groupés (Rabaud); Cela dit, la valeur de coalescence de l'imitation peut être mise en doute.

11 n'est pas évident que nous tendrons àvivre avec ceux que nous tendons à imiter.

M.

Picard fait remarquer que même chez les animaux, l'imitateur peutêtre insociable; Scheler note que la contagion des émotions agit souvent d'une manière dispersante : tristes, nousfuyons les milieux gais; et gais, les milieux tristes, auxquels nous refusons notre participation : la contagion desémotions ne peut imposer que momentanément la communauté à des êtres qui la rejettent. M.

Guillaume montre que la propagation des émotions ne prend pas source dans une imitation : elle dérivesimplement de la communauté naturelle qui existe entre tendances et besoins d'individus d'une espèce.

M.

Guillaume(cf.

aussi Wallon) conteste que l'enfant sourie de la manière de la personne qui lui sourit; il sourit d'une manièrepropre, satisfaction qui ne suppose que des réactions purement organiques, (satiété) ou des caresses physiques.Mais ces satisfactions lui sont communément apportées par ces personnes qui lui sourient.

Par transfert l'enfantrépondra par un sourire à la présence de ces personnes : l'excitation au sourire a été transférée des caressesagréables aux visages souriants qui les annoncent et les font attendre. Ainsi l'imitation ne peut produire la société : — elle la suppose avant elle; — elle n'a rien de nécessairement agglomérant; — elle n'est souvent elle-même qu'un phénomène dérivé, les effets qu'on lui impute doivent être rapportés àd'autres causes.. »

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