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L'inconscient: mythe ou réalité ?

Publié le 06/02/2004

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Le philosophe Alain voit dans ce concept d'inconscient une erreur, une «méprise sur le moi», une «idolâtrie du corps». Il n'y a, selon lui, qu'un sujet, le moi conscient; le corps, véritable inconscient, est simple mécanisme. L'inconscient comme création du psychanalyste ?Une autre solution consisterait à dire que l'inconscient ne vient à l'être que par l'interprétation. En particulier, l'hypothèse freudienne selon laquelle le rêve traduit un texte inconscient réellement préexistant devrait être rejetée. Le sens que révèle l'interprétation ne lui pré-existerait pas mais s'engendrerait par elle. Les symptômes névrotiques, le rêve posséderaient donc bien un sens mais un tel sens serait celui auquel parviendrait le psychanalyste au terme d'un travail d'élucidation. Le caractère symbolique des symptômes et de l'expression du rêve ne serait pas le résultat d'un travail de chiffrage, de déguisement de l'inconscient, d'un travail par lequel serait travesti un sens originalmais tout simplement «l'expression d'une conscience qui n'est pas encore parvenue au langage parce qu'elle n'est pas parvenue à la conscience d'elle-même'». L'inconscient serait, dans ce cas, une sorte d'«infra-conscience», un effort vers le langage et l'expression symbolique, une expression archaïque, fragmentaire. Le plus important serait donc l'invention par le psychanalyste d'une cohérence plutôt que la croyance en un symbolisme strict.

« conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupede désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à laconscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pasconscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit,ce symptôme.L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) nem'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : lapsychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en estréduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience,dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience.Pour Freud, o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens :• De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ;• De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite lepatient.Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.

Le butde la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas, puisse recouvrer sa liberté.En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud.

Il y a en moi un autre , unensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

Je subis un conflit dont je n'ai pas conscience,qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.

En ce sens je suis un être passif et agi, qui n'a ni lecontrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.

Le but de la cure est de faire en sorte que je prenneconscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.

Au lieu de subir ce que je ne connais pas, jechoisirai en toute conscience.

Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il y aura le choix d'un sujetmaître de lui-même.Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.

« Dans le coursdes siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».

Avec Copernic, elle a montréà l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.

Avec Darwin, elle est en train de montrer que l'homme est unanimal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale.Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité était naïf eterroné.

C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée, devant l'Inquisition en 1633.

C'est pourquoiles thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.

Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent unefarouche résistance.

Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par larecherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sapropre maison.

»L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient qui lepousse à agir malgré lui.

Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rend passif, cedéchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse. « On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquementsur cette hypothèse.

Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, etque nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient.

Elle est nécessaire, parce que lesdonnées de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il seproduit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, nebénéficient pas du témoignage de la conscience.

Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et lesrêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez lemalade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sansque nous en connaissons l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée.

Tousces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu'il fautbien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actes psychiques ; mais ils s'ordonnentdans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés.

Or, noustrouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison pleinement justifiées, d'aller au-delà de l'expérienceimmédiate.

Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnéede succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nousaurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse.

» FREUD, « Métapsychologie ». Introduction. Concernant l'inconscient, et en réponse à des objections, Freud : 1) considère que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire.

Il en donne les raisons (actes manqués, rêves, symptômes psychiques). 2) Considère que l'hypothèse de l'inconscient est légitime parce qu'il est possible de fonder sur elle une pratiqueefficace.. »

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